Le président du MSP, Abderrazak Makri, n'ira pas aux consultations que mènera Ahmed Ouyahia au nom du pouvoir. Le président du MSP, qui a animé hier à Alger une conférence de presse, a expliqué non seulement les raisons de ce refus, mais a également mis en garde contre l'issue de l'aventure que mène le pouvoir. Le leader islamiste rappelle que son parti a déjà soumis des propositions à la commission de Abdelkader Bensalah. En vain. «Même la proposition qui fait consensus dans toute la classe politique, y compris chez les partis du pouvoir, à savoir la nécessité de désigner un gouvernement issu de la majorité parlementaire, n'a pas été retenue», rappelle Makri. Ce dernier indique également que les conditions d'une pratique politique ne sont «même pas réunies». «Même l'arène où nous devons jouer n'existe pas !» ironise encore le chef islamiste avant d'asséner : «Nous avons un système politique qui n'existe nulle part au monde.» Pis, Makri estime que cela est «une aberration constitutionnelle». «Le problème de l'Algérie n'est pas dans les textes. Si nous appliquons le peu qu'il y a, nous auront évité au pays bien des drames», ajoute le conférencier. Mais «en réalité, ajoute-t-il, l'application sur le terrain pose problème. Rien que pour créer une association, c'est le parcours du combattant. C'est plus difficile que pour la création d'un parti politique», précise le président du MSP. Toujours au sujet des consultations politiques, Abderrazak Makri estime que «le pouvoir veut dialoguer avec lui-même». «Le pouvoir veut tout faire : choisir l'ordre du jour, les invités et, enfin, l'issue de la discussion», regrette le président du MSP. «Pourtant le pouvoir a de la chance d'avoir en face de lui une opposition sage qui ne cherche qu'une solution pour sortir le pays de la crise», rappelle-t-il. Parmi les sujets qui préoccupent le chef du MSP, on note le gaz de schiste. «De quel droit le pouvoir se permet de décider seul de l'issue des générations futures ?» s'interroge Makri qui s'offusque du fait que le Français qui ne peuvent pas faire de l'exploration chez eux viennent «explorer chez nous, polluer notre environnement avec notre argent !» Plus grave, le recours à l'exploration du gaz de schiste est la preuve, selon le conférencier, que «le système est conscient que le pays est en danger». Plus que cela, l'exploitation du gaz de schiste est «un crime contre les générations futures», rappelle Makri. «Le système vit une grande crise. La preuve en est que 15 ans après, il propose le même projet que celui de 1999. La différence est que maintenant il n'a plus les moyens d'acheter les gens comme ce fut le cas pendant des années», martèle Makri. Et d'ajouter : «Ce n'est pas l'opposition qui est sous pression. C'est le pouvoir qui doit répondre, constamment, aux doléances des Algériens.» Interrogé sur l'invitation adressée par Ahmed Ouyahia à Aboudjerra Soltani à titre personnel, Abderrazak Makri a indiqué que «la question est tranchée par le bureau politique. Nous n'allons pas participer à ces consultations. Nous avons adressé cela, par écrit, à Bouguerra Soltani».