L'assemblée générale des Nations unies sera ouverte aujourd'hui à New York. 50 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus jusqu'au 16 novembre. C'est dans ce contexte diplomatique que s'inscrit la visite du président pakistanais Pervez Mucharraf aux Etats-Unis après une visite rapide en France mercredi et en Grande-Bretagne jeudi. Les risques qu'encourent les pays musulmans et plus particulièrement le Pakistan, si les raids venaient à se poursuivre durant le Ramadhan, ont ponctué les déclarations de Mucharraf. Ce dernier envisagerait, selon les observateurs, de convaincre les alliés de suspendre leur action militaire durant le mois sacré. Il avait d'ailleurs affirmé en France que la poursuite de l'intervention militaire en Afghanistan aurait, fort probablement, un «effet négatif» sur la communauté musulmane. Il avait, également, confirmé à la presse qu'il évoquerait avec Bush la possibilité d'un arrêt des frappes pendant le Ramadhan. Une idée qu'il a fini par abandonner après avoir discuté avec le Premier ministre britannique Tony Blair. Ce dernier avait déclaré, jeudi, que «chacun comprend que la campagne doit continuer en fin de compte jusqu'à ce que nos objectifs soient atteints». Mucharraf s'était finalement contenté d'appeler à une «campagne courte et ciblée». Avec une population de 140 millions d'habitants, le Pakistan redoute plus que tout autre pays musulman les débordements des islamistes radicaux dans son pays. Les manifestations anti-américaines n'ont pas cessé depuis le début des raids sur l'Afghanistan. Les dernières répressions du gouvernement pakistanais, qui se voulaient dissuasives, n'ont pas obtenu les résultats escomptés. Aussi, même si les Américains prétendent que les mesures prises pour sanctionner et museler les militants islamistes et antiaméricains placent le président Mucharraf «en position de force», il n'en reste pas moins que les manifestations de rue deviennent de plus en plus violentes. Pas moins de 500 activistes religieux ont été arrêtés, hier, avant le début des manifestations anti-américaines auxquelles ont appelé les partis islamistes pakistanais. Au moins, trois manifestants ont été tués lors d'affrontements avec la police pakistanaise. Il semble finalement que le voeu de Mucharraf, exprimé hier, de faire du Pakistan un pays «pacifique, stable et sûr» ne soit difficile à réaliser. Le président pakistanais en est d'ailleurs conscient. «Nous sommes dans une situation où les choix sont limités et les décisions difficiles à prendre», a-t-il déclaré après avoir précisé que «les intérêts étriqués politico-religieux de quelques-uns ne doivent pas nous empêcher de faire la démonstration de la maturité et de la responsabilité de notre pays». Un défi que Mucharraf ne pourra tenir que très difficilement.