Un guerre de l'ombre très surveillée par les Etats-Unis est en train de prendre forme au Sahel. Plusieurs rapports ultra-secrets des services secrets occidentaux font état d'une «connexion sérieuse» entre le Gspc algérien et un groupe d'officiers rebelles en Mauritanie, qui se fait appeler «les Cavaliers du changement». Les résultats, consignés dans des rapports militaires notamment, dérangent au plus haut degré Nouakchott, mais on aura vite compris que le Gspc ne fait que terminer un travail de longue haleine commencé en 1999. L'information si elle se confirme, conforterait la thèse d'une implantation exceptionnelle du Gspc qui étendra ses tentacules de Nouakchott au Tibesti, en passant par le Mali et le Niger. Implantation exceptionnelle dans le sens où le Gspc a réussi une pénétration remarquable dans toute la bande du Sahel en quelques années seulement, sa création datant de septembre 1998. En fait, et grâce à ses anciens militaires déserteurs de la trempe d'El Para, le Gspc a réussi surtout à s'aliéner une faune inquiétante d'officiers maliens, nigériens, tchadiens et mauritaniens désabusés et recyclés dans le commerce d'armes et la contrebande de tout ce qui ce vend et s'achète dans la misérable et vaste bande sahélienne et saharienne. Un guerre de l'ombre très surveillée par les Etats-Unis est en train de prendre forme au Sahel, groupes rebelles, officiers déserteurs, commerçants d'armes de guerre, mouvements d'opposition armée, groupes islamiste et touaregs en campagne sont les acteurs nuisibles de ce vaste univers qui inquiète Washington. Les 23 et 24 mars dernier, Algériens, Marocains, Tunisiens, Mauritaniens, Maliens, Tchadiens et Nigériens se sont retrouvés à la base américaine de Stuttgart, en Allemagne, où le commandement US a fait part de son inquiétude de voir le Sahel devenir une «rampe de lancement» pour les kamikazes d'Al-Qaîda. En réalité, le Sahel semble encore très loin des côtes nord de l'Afrique et du Maghreb, et ne peut dans l'immédiat servir de rampe de lancement pour des opérations qui vont cibler les pays de l'Europe occidentale. C'est certainement pour cette raison qu'Abdelaziz Moqren a quitté précipitamment le Sahel pour (ré)investir l'Arabie. Ce responsable d'Al-Qaîda était déjà venu dans la bande du Sahel avant de repartir. Le Sahel peut constituer un parfait camp d'entraînement à ciel ouvert, mais pas encore une rampe de lancement. En fait, les experts militaires américains craignent surtout que le Sahel devienne «un refuge, une zone de non-droit, un no man's land sécuritaire où l'agitation islamiste sera en terrain propice». Rappelons qu'Abdelaziz Moqren, présumé responsable pour Al-Qaîda de la zone sahélo-maghrébine est un Saoudien âgé de 33 ans, ancien d'Afghanistan et nouvellement promu dans la hiérarchie militaro-terroriste d'Al-Qaîda. C'est lui qui, aujourd'hui, mène la guérilla et dirige les attentats et les prises d'otages dans le royaume d'Al Saoud.