L'état de l'environnement à l'échelle planétaire devient plus que jamais inquiétant, notamment en ce début du troisième millénaire, où l'industrie chimique bat tous les records. Malgré la sonnette d'alarme tirée, depuis bien longtemps, les choses ne font qu'empirer. Les villes sont de plus en plus polluées, le développement de l'industrie, notamment chimique, rend les choses encore plus compliquées et on passe... Ainsi le tableau brosse-t-on, qui n'est malheureusement pas de bon augure, en cette journée mondiale de l'environnement. Toutefois, la pollution la plus apparente et la plus spectaculaire est celle des hydrocarbures. C'est elle qui fait peur et qui a permis une prise de conscience des dangers qu'elle représente. Les accidents du Torrey canyon, de l'Amoco Cadiz et de l'Exxon Valdez ont marqué les mémoires. Ces tonnes de pétrole brut se répandant à la surface de l'océan, toutes ces ressources marines réduites à néant du jour au lendemain, ces plages gluantes, ces oiseaux asphyxiés, «constituaient un spectacle d'autant plus affligeant que rien ne semblait pouvoir arrêter les effets néfastes des flux déverses». En Algérie, cette occasion nous rappèle l'explosion qui a eu lieu au complexe du GNL de Skikda, au mois de janvier dernier. Les dégâts, aussi minimes soient-ils, nous interpellent tout de même pour considérer avec plus de sérieux les dangers qui guettent l'environnement et ce, en dotant les usines de nouveaux dispositifs susceptibles de réduire, un tant soit peu, les risques. Le président la République a, dans un message adressé à la nation à cette occasion, insisté sur la nécessité de préserver le patrimoine écologique : «le gouvernement, les collectivités locales, le secteur privé, la communauté scientifique... ont le devoir de mobiliser la société, et de faire progresser le niveau de conscience environnementale, seule a même d'influer sur les comportements futurs». Selon les dernières études effectuées, 600 millions M3 d'eau usée vont directement dans les oueds. Sans compter les décharges publiques et l'effet néfaste qu'elles exercent non seulement sur la santé de la population, mais aussi sur la faune et la flore. D'ailleurs les effets se sont accentués notamment durant les trois dernières décennies. «L'Algérie vit, dira Bouteflika dans son message, une crise écologique sévère qui s'est progressivement aggravée durant les trois dernières décennies. «L'absence d'une politique d'aménagement durable du territoire et la croissance démographique, la littoralisation du développement économique ont provoqué une urbanisation accélérée avec son cortège d'effets néfastes : dégradation du cadre de vie, prolifération de l'air et de l'eau.» D'autant que «l'absence d'une politique agricole inadaptée et déconnectée de la politique rurale, l'absence de droits de propriété et d'usage clairs, l'incohérence de la politique foncière, n'ont pas favorisé la conservation des ressources naturelles: l'érosion s'est aggravée, la désertification s'est étendue...». Devant cette situation, les autorités sont appelées à donner un peu plus d'égard et d'importance à l'environnement. Il est vrai que la Sonatrach a entamé une série de procédures pour minimiser le degré de la dangerosité des déchets des hydrocarbures et qu'un commissariat national au littoral est en cours d'installer, mais le problème se pose au niveau des responsabilités, un facteur qui pourra tant contribuer à l'amélioration de la qualité l'environnement.