«On doit restituer nos 3000 ans d'histoire et redonner à la langue amazighe sa vraie place» «On ne peut plus confier le sort du pays à des gouvernants éphémères alors que l'Algérie est éternelle.» Un conseil pour l'éducation et l'économie de la connaissance, un conseil économique et social, un conseil national de la sécurité, un conseil national des ressources humaines et du développement durable et enfin une académie des sciences, des lettres et des arts. Tels ont été les cinq conseils proposés par le professeur émérite Chems Eddine Chitour qui a été reçu, il y a deux jours, par le directeur de cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, dans le cadre des consultations sur le projet de la révision de la Constitution. Cette rencontre entre un homme de sciences et un homme politique a duré plus d'une heure et demie. Le professeur émérite a mis l'accent non seulement sur la nécessité d'aller vers ces conseils mais de les graver sur le marbre de la Constitution. «Ce que j'ai proposé à M.Ouyahia ce sont de véritables ruches d'idées et des tours de contrôle qui vont donner le cap pour les dirigeants politiques. En d'autres termes, des boîtes à idées des thinks tank pour que nos dirigeants puissent avancer avec un tableau de bord fiable fait par des scientifiques sans chapelle idéologique et sans fil à la patte», a déclaré le professeur Chitour. «Les gouvernements sont éphémères mais l'Algérie est éternelle. De fait, nos gouvernants n'ont plus le droit de faire ce qu'ils veulent.» La question identitaire a été également largement évoquée. Le professeur Chitour a parlé de «socle identitaire» et a insisté sur la problématique du vivre-ensemble. «On doit restituer nos 3000 ans d'histoire et redonner à la langue amazighe sa vraie place et sa vraie dimension». De même qu'il a suggéré de donner plus de souplesse aux régions et permettre l'explosion des compétences et l'essor de ces régions loin du jacobinisme bloquant tout en gardant le rôle régalien de l'Etat. Le système éducatif n'a pas été du reste durant cette rencontre du profeseur polytechnicien avec M.Ouyahia. «Il faut miser sur l'intelligence, sur la réflexion et le savoir, comme il est nécessaire de savoir où va l'Ecole algérienne dans les 20 prochaines années et quels sont les défis qu'elle doit rencontrer», a-t-il souligné. Il a ajouté qu'il était nécessaire de mettre en place une académie des sciences, des lettres et des arts qui projettera l'Algérie dans le futur, comme tous les pays développés. Evoquant la transition énergétique, à l'heure d'un vif débat sur le gaz de schiste, il a affirmé que ce dernier avait toute sa place dans une vision nouvelle de l'énergie. Le Pr Chitour a appelé également à accorder une place importante à l'enfant en lui accordant toute l'attention nécessaire, car il représente l'avenir du pays, a-t-il relevé. Il a également plaidé en faveur de l'alternance au pouvoir avec deux mandats seulement à la tête de l'Etat et l'indépendance de la justice où le juge sera autonome et n'obéissant qu'à sa conscience.