img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P140615-10.jpg" alt=""Amirouche a été victime d'une trahison"" / Plus qu'un ancien haut officier de l'armée, Hocine Benmaâlem se présente avec générosité et grandeur comme le digne héritier des gardiens de la mémoire révolutionnaire. Ils étaient nombreux à venir assister à la présentation officielle de ses mémoires dans un espace soigneusement préparé par les organisateurs des éditions Casbah. Historiens, hommes de culture, écrivains, anciens hauts officiers de l'armée, journalistes et des amis proches, étaient venus nombreux assister à la présentation «officielle» du livre Les mémoires du général-major Hocine Benmaâlem, un nouveau témoignage important dans la série des mémoires révélées par les acteurs de la guerre de Libération. Le général-major Hocine Benmaâlem a, d'emblée, affiché sa modestie, en précisant que c'est la première fois qu'il écrit un livre et qu'il n'est ni historien ni écrivain. ««Je voulais seulement apporter un témoignage pour l'Histoire» a indiqué M.Benmaâlem, précisant que deux raisons l'ont poussé à écrire ce livre: donner un témoignage à l'Histoire et corriger certains faits relatés dans des livres écrits par d'autres témoins de la guerre de Libération. Certains témoignages sont faussés et méritent d'être rétablis dans leur vérité. Pour écrire son livre, M.Benmaâlem a reconnu s'être référé à des ouvrages d'auteurs algériens, mais aussi à des livres rédigés par des auteurs français. Lors du débat qui a suivi la présentation du livre, M.Benmaâlem est revenu sur plusieurs épisodes de l'histoire, mais c'est l'affaire de la Bleuite, qui a retenu le plus l'attention des journalistes et des intervenants. En tant qu'ancien secrétaire du colonel Amirouche, il a démenti les assassinats qui lui sont attribués dans cette affaire, indiquant que la Bleuite avait été déjà initiée par le capitaine Légier durant la bataille d'Alger en 1957, avant «d'intoxiquer» ensuite la Wilaya III par quelques éléments algériens qui n'ont pas été arrêtés. S'agissant de la mort de Amirouche, l'auteur a confirmé que celui-ci a été «vendu» aux militaires français, mais personne ne sait par qui ou comment il a été trahi. «Mais jusqu'à ce jour, on n'a pas de preuve, mais je n'exclus pas une trahison». Le livre évoque avec des documents précis le Congrès de la Soummam, la mission du colonel Amirouche dans les Aurès en septembre et octobre 1956 afin de rétablir l'ordre et l'unité dans une région rongée par les divisions. Il évoque, notamment dans son livre, l'affaire Adjoul, parcourant les Aurès et la Kabylie avec Amirouche et ses hommes. L'auteur défend le chef de la Wilaya III dont il préserve la mémoire, celle d'un homme «grand ami des personnes instruites qu'il respectait; il encourageait les gens à s'éduquer.» L'histoire de la Révolution algérienne, sa formation militaire en Syrie, ses faits d'armes aux maquis, sa collaboration avec Amirouche, le livre de Benmaâlem parle de tout. Ce premier tome de ses mémoires raconte surtout le parcours d'un homme qui est incontestablement un acteur important d'un moment fort de l'histoire de l'Algérie. Un homme qui a décidé, à un moment de sa vie, de rejoindre ceux et celles qui ont choisi d'entamer une lutte, dont l'issue heureuse était une évidence pour eux tout comme le prix à payer. En juin 1957, il reçoit l'ordre d'aller faire des études au Moyen-Orient. Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'il quitte le maquis pour une formation à l'école des officiers de réserve d'Alep, puis à l'académie militaire de Homs et à l'académie militaire du Caire, d'où il sortit en avril 1959. L'auteur raconte l'apprentissage militaire et les rencon-tres avec ses camarades de promotion, tout en restant fin observateur de la construction des futurs organes de l'Etat et des enjeux de pouvoir qui ont jalonné la révolution. De 1959 à l'indépendance, il intègre l'ALN aux frontières Est où il occupa diverses fonctions, notamment dans la formation. De cette période-là, il raconte une vie faite de rencontres, de retrouvailles et parfois de conflits. Il analyse aussi les tiraillements entre les maquisards, les politiques, les officiers déserteurs de l'armée française et surtout la construction de ce qui allait devenir l'ANP. Il évoque aussi dans le détail la crise du Gpra, les différentes réunions du Cnra et le chaos aux frontières, dont il dit que Boumediene tira profit pour asseoir petit à petit son pouvoir. Les mémoires du général-major Benmaâlem s'inscrivent, aussi bien dans la grande histoire de l'Algérie - grandes dates, mouvements politiques, révoltes et insurrections - que dans la petite histoire, celle des hommes ordinaires et des petites localités. Pour bien montrer le lien indéfectible qui unit l'une à l'autre et l'apport de tous les hommes et les femmes dont le parcours personnel a contribué au vaste mouvement qui a libéré le pays. L'oeuvre restitue le contexte en mêlant un récit de vie, celle de l'auteur et une réflexion sur chacun des grands événements qui ont marqué la guerre de Libération nationale. «En m'engageant dans l'ALN, je m'étais préparé à tout; je n'ignorais pas que ce serait difficile: la vie au maquis était effectivement très dure, mais je n'ai à aucun moment et malgré mon jeune âge, 17 ans, regretté de m'être engagé dans cette voie», s'est-il expliqué dans sa présentation. A travers son ouvrage précieux et son récit poignant, le général-major Hocine Benmaâlem, apporte un témoignage indispensable aux historiens, prenant surtout le soin de rester loin des querelles et des règlements de compte des témoins de l'histoire de la guerre de Libération.