Sur le plan international, au lendemain du déploiement dans le Golfe d'un porte-avions américain, l'Iran s'est dit hostile à «toute intervention militaire étrangère», estimant qu'elle compliquerait la situation. Les autorités irakiennes ont affirmé hier avoir «repris l'initiative» face aux jihadistes qui ont profité, selon l'ex-médiateur de l'ONU Lakhdar Brahimi, de l'inertie de la communauté internationale en Syrie pour gagner en puissance et s'emparer de territoires irakiens. Sur le plan international, au lendemain du déploiement dans le Golfe d'un porte-avions américain, l'Iran s'est dit hostile à «toute intervention militaire étrangère», estimant qu'elle compliquerait encore davantage la situation. En trois jours - mardi, mercredi et jeudi-, les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris la deuxième ville d'Irak, Mossoul, sa province Ninive (nord), Tikrit et d'autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est) et de Kirkouk (nord). Alors que les jihadistes, soutenus par des partisans du régime déchu de Saddam Hussein, ont avancé de façon fulgurante, les forces de sécurité ne montrant que peu de résistance, ces dernières semblent néanmoins relever la tête, reprenant ainsi samedi Ishaqi et Mouatassam, non loin de Baghdad, avec le soutien de tribus. Lors d'une conférence de presse hier, le lieutenant-général Qassem Atta, porte-parole du Premier ministre Nouri al-Maliki sur la sécurité, a affirmé que les forces avaient «repris l'initiative» face aux insurgés, évoquant le chiffre de 279 «terroristes» tués au cours des dernières 24 heures. Les forces de sécurité donnent régulièrement des bilans d'insurgés tués particulièrement élevés, impossibles à vérifier de manière indépendante. Les autorités ont par ailleurs annoncé samedi un plan de sécurité pour défendre Baghdad, qui a été frappé hier par un attentat ayant fait 9 morts. Répondant à l'appel du gouvernement et du grand ayatollah Ali Al-Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, des milliers de citoyens se sont portés volontaires pour prendre les armes contre les insurgés. Au nord de Baâqouba, l'un de ces centres de recrutement a été visé hier par des tirs d'obus de mortier, qui ont fait six morts dont trois soldats. Par ailleurs, à Khanaqine, 150 km au nord-est de Baghdad, au moins six combattants des Peshmergas (forces kurdes) ont été tués dans un raid aérien de l'armée irakienne contre un convoi. On ignore si l'attaque, qui a eu lieu dans la nuit, visait spécifiquement les troupes kurdes ou les a touchées par erreur, le secteur étant divisé entre zones sous contrôle des insurgés et sous contrôle kurde. L'EIIL, qui a lancé lundi soir son offensive en Irak, cherche à créer un Etat islamique dans une zone frontalière avec la Syrie, où il est connu pour ses exactions. Selon des photos diffusées sur Internet, mais qui n'ont pu être authentifiées, ces jihadistes auraient d'ailleurs exécuté des dizaines de membres des forces de sécurité irakiennes faits prisonniers dans la province de Salaheddine. Sur un cliché, on voit ainsi un insurgé pointer sa kalachnikov sur un fossé dans lequel se trouvent deux rangées d'hommes, tandis que du sang couvre le sol. La presse saoudienne s'en est d'ailleurs vivement prise hier à la politique confessionnelle de M.Maliki qui a «mis l'Irak au bord d'une guerre civile implacable». Les relations entre Riyadh et Baghdad, déjà tendues, ont été exacerbées par le conflit syrien. Face à l'escalade, les Etats-Unis ont déployé un porte-avions afin de permettre «plus de flexibilité si une opération militaire américaine devait être déclenchée pour protéger des vies américaines, des citoyens ou nos intérêts en Irak», selon le Pentagone. Washington est «engagé à soutenir l'Irak», a répété le chef de la diplomatie américaine John Kerry. L'Iran, qui s'est dit aussi prêt à aider Baghdad mais sans intervenir au sol, a affirmé pour sa part son hostilité à «toute intervention militaire étrangère».