Les belligérants du Soudan du Sud ont décidé de boycotter un nouveau cycle de discussions de paix après avoir été accusés de privilégier une solution militaire, a annoncé hier l'autorité intergouvernementale pour le développement (Igad) qui assure la médiation. «Les deux parties, qui ne sont pas ici avec nous, nous ont dit qu'elles ne nous rejoindraient pas», a déclaré à la presse le médiateur en chef, Seyoum Mesfin. Ouverts en janvier à Addis-Abeba, en Ethiopie, pour mettre fin à la guerre civile qui déchire depuis décembre le plus jeune pays du monde, les pourparlers se tiennent dans le cadre de la médiation de l'Igad, une organisation est-africaine. Emaillées de retards et de blocages, les discussions réunissent les représentants du président du Soudan du Sud, Salva Kiir, et ceux du chef de la rébellion, Riek Machar. Le gouvernement sud-soudanais a indiqué qu'il entendait, par son boycott, protester après des déclarations faites la semaine dernière par le secrétaire exécutif de l'Igad, Mahboub Maalim, qui avait jugé que les belligérants étaient «stupides» en croyant une victoire militaire possible, plutôt qu'une paix négociée. De leur côté, les rebelles ont choisi la politique de la chaise vide, exprimant leur désaccord sur le choix des participants aux discussions. Ils ont réclamé un «processus transparent et inclusif». Censées mettre fin à la guerre civile qui a débuté mi-décembre dans cet Etat très pauvre créé en 2011, les discussions n'ont jusqu'à présent débouché sur aucun résultat tangible, avec deux accords de cessez-le-feu - en janvier et en mai - restés lettre morte. Le 10 juin, les deux camps se sont toutefois engagés à former un gouvernement de transition dans un délai de 60 jours. Le médiateur Seyoum Mesfin a appelé les deux parties à reprendre le dialogue au plus vite. «Chaque jour qui passe, des vies humaines sont perdues et les destructions continuent», a-t-il souligné. Le conflit, qui vient d'entrer dans son septième mois, a fait des milliers, voire des dizaines de milliers de morts (aucun bilan précis n'est disponible), forçant plus de 1,5 million de personnes à fuir leur foyer. L'ONU et les organisations humanitaires ont prévenu que le pays était au bord de la famine.