La tension monte à El Hadjar Cette situation de brasier que les millions de dollars déversés par le Trésor public n'ont pas éteinte. C'est le lourd tribut que vient de subir Daoud Kechichi. Il a été suspendu de son poste. Pour lui, ses dénonciations du «bradage des biens de l'Etat et de la nation dans le complexe sidérurgique», ne sont pas étrangères à cette suspension «appuyée par la mafia des affaires». Un retrait de confiance signé par Tayeb Hmarnia, secrétaire général de l'Ugta, pour l'Union de wilaya de Annaba. Ce dernier a vu sa mandature expirer depuis plus d'une année. Dans ce sens, on apprend de source bien informée, que la suspension des activités syndicales de Daoud Kechichi émane de la Centrale syndicale. Cette décision ravive les flammes du brasier. Aussi, les travailleurs de cette entité économique préparent une action dont les retombées seraient désastreuses sur le complexe. Dans une communication téléphonique avec Daoud Kechichi, pour connaître les dessous de l'affaire dont les ficelles sont tirées par la mafia de la sidérurgie, l'homme a fait savoir qu'il s'agit tout simplement d'un règlement de comptes. «C'est tout à fait normal que la mafia qui sévit depuis des années au sein du complexe protège ses intérêts et la seule manière est de faire écarter Kechichi.» Depuis la nomination de Daoud Kechichi à la tête du bureau syndical d'ArcelorMittal, bien que des acquis socioprofessionnels aient été enregistrés à son actif, la dénonciation de pourrissement, de corruption et de bradage ont été retenus contre lui. «Je suis un syndicaliste qui a commencé à déranger les grosses têtes du complexe et l'action engagée par ces cadres n'est autre que de la poudre aux yeux» a précisé Daoud Kechichi, ajoutant qu'il détient de nombreux dossiers compromettants. Sur ce retour indélicat de la manivelle, le secrétaire général d'ArcelorMittal - El Hadjar a révélé que «c'est la fièvre des fonds de l'investissement global qui manipule l'appétit de la mafia industrielle dans le complexe», a-t-il dit. De graves révélations ont été apportées sur ces fameux fonds d'investissement d'un montant de un milliard de dollars. «L'Etat a débloqué un milliard de dollars pour la réhabilitation des unités de production dont la cokerie et le haut-fourneau, qui est actuellement dans un état plus que lamentable, mais les responsables de ces fonds, les ont utilisés à des fins autres auxquelles ils ont été octroyés», a déclaré Daoud Kechichi. «L'Etat a versé dans le compte du complexe 130 millions de dollars pour les salaires des employés, mais la mafia les a déboursés dans la location de bus et de voitures», a-il précisé. Précisant que 87 millions ont été engagés pour l'achat de bus et 4 milliards ont été destinés à la paie des locations de véhicules. «Rien que pour la location des voitures, ils ont payé 4 milliards à raison de 20 millions de dollars/mois», a-t-il encore révélé. Quant aux fonds de l'investissement, ils ont été versés dans le paiement des dettes et les créances, selon les propos de notre interlocuteur. C'est pourquoi, il était impératif de «le faire taire». «Au moment où j'ai crié gare, la mafia qui gangrène le complexe depuis des années, a décidé de me liquider», a ajouté le désormais ex-secrétaire général d'ArcelorMittal. Dans le sillage de ses confessions, l'interlocuteur a même évoqué les fois où il avait fait l'objet de liquidation physique après avoir refusé de rallier les rangs de la corruption. «Je sais que je suis une cible qui risque de tomber un jour ou l'autre, mais je resterai fidèle à mes principes au détriment de ma vie, si tel est le tribut à payer», dit-il. A-t-il déposé plainte contre X pour ces graves menaces? Il ne le précise pas. Au moment où la situation tend à l'explosion au sein du complexe, au vu de la réaction inattendue des employés, refusant la suspension de leur porte-parole, la mafia, elle, oeuvre à la désignation d'un autre secrétaire général. Qu'il soit ainsi ou pas, seule la volonté des travailleurs tranchera. Par ailleurs, pendant que le wait end see draine une vive tension au sein de l'usine sidérurgique, les responsables du groupe Sider favorisent la politique de l'absentéisme, ouvrant de ce fait, la voie aux forces invisibles qui puisent dans la sidérurgie pour gonfler leur compte et celui de leurs alliés.