Passé le bras de fer qui a frôlé la dégénérescence, avocats et tutelle optent pour le dialogue. Le fossé qui sépare les avocats et le gouvernement est en passe de se rétrécir. C'est ce qu'ont laissé entendre MM.Belaïz et Sillini, respectivement ministre de la Justice, et président du Syndicat national des avocats, lors de la séance de travail qui a eu lieu, hier, au siège du ministère. Dans une ambiance sereine, les deux parties se sont assurées de «s'engager mutuellement à tout revoir dans la sérénité dans l'intérêt de notre justice». Les points de vue convergent. De part et d'autre, on admet que le glas a sonné sur une loi promulguée en 1991.Celle-ci n'a pas changé d'un iota malgré les grands virages qu'a effectués l'Algérie dans tous les domaines. Dans une réunion à huis clos, les avocats ont exhumé leurs revendications encore insatisfaites. Elles concernent trois volets : le statut, la situation matérielle et les mécanismes administratifs. Pour le statut, le syndicat est farouchement déterminé à le modifier de telle sorte qu'il soit compatible avec les évolutions tous azimuts qu'a connues le pays. «Il est absolument inconcevable que l'avocat soit toujours guidé par un statut datant de 1991», s'est rebiffé Sillini dans une déclaration à la presse. S'agissant de la situation matérielle, les robes noires ont illustré leur désarroi par le nombre de locaux dont ils disposent. Les 3 500 avocats qui exercent à Alger, n'ont que deux bureaux. Toujours sur le plan matériel, on se plaint de l'absence d'un budget conséquent destiné à la formation des avocats. Une «brèche» qui a, à en croire les dires de Sillini, conduit dans maints cas, à des impasses juridiques où «l'avocat ne maîtrise point son sujet». Pour ce qui est du chapitre administratif, on s'accorde à dire qu'il n'y a pas de quoi pavoiser. Plusieurs textes de lois, dont ceux relevant du code civil, sont contestés. Et là ce n'est pas uniquement les avocats qui s'en plaignent mais toute la famille de la justice. Cela intervient après une sourde oreille qui a mis toute la corporation en ébullition, le département de la justice a compris enfin l'urgence de revoir et le statut et les lois afférents au métier d'avocat. Les grandes réformes, décidées par le chef de l'Etat y ont amplement contribué. Même si, à présent, rien n'est fait concrètement, Belaïz a fait le serment «de faire tout ce qui est de mon pouvoir afin de revaloriser le métier d'avocat». Un changement de cap qui ne saurait passer inaperçu puisque les avocats ont sué sang et eau pour que leur cri de détresse franchisse les salons feutrés de l'institution judiciaire. Dans leur combat ardu, on retient particulièrement leur grandiose marche dans la capitale, puis le projet de loi controversé de l'actuel chef du gouvernement, Ouyahia. Ce dernier a été contraint de le retirer suite au retentissant tumulte qu'il a suscité au sein de la corporation des robes noires. La hache de guerre enterrée, les «ex»-parties en conflit se concentrent sur l'essentiel : crédibiliser un système judiciaire qui, en cas de non-performance, réduirait à néant tant de perspectives multidimensionnelles prometteuses. A préciser que la presse n'a pas été autorisée à prendre part aux débats, dont les conclusions qui en ont résulté n'ont pas été communiquées.