Le chef des services de contre-espionnage marocain a convoqué jeudi dernier l'ambassadeur de France au Maroc pour protester contre une lettre d'«insultes» destinée à un général marocain hospitalisé au Val-de-Grâce. Responsable du clash: un ex-capitaine des forces armées royales qui a passé deux années en prison pour avoir dénoncé la corruption au sein de l'armée marocaine dans une lettre adressée au souverain alaouite. Après avoir tenté, le 18 juin, sans succès de s'introduire dans la chambre du général, l'opposant marocain a abandonné aux portes de l'hôpital le bouquet de fleurs fanées et la missive qui lui étaient destinés. Dans son message il qualifie Mohammed VI de dictateur et accuse le général d'avoir «tué des milliers d'innocents et jeté des millions d'orphelins dans la rue». Cela a suffi pour mettre le Royaume dans tous ses états. Le chef des services de contre-espionnage marocain a convoqué, le 19 juin, l'ambassadeur de France au Maroc pour protester contre cette lettre d'«insultes» destinée à un de ses officiers de haut rang. «L'ambassadeur de France au Maroc, M.Charles Fries, a été reçu, jeudi à Rabat, par M.Mohamed Yassine Mansouri, directeur général de la direction générale d'études et de documentation Dged, pour lui faire part du vif mécontentement du Royaume à la suite de la lâche agression morale dont a été victime, la veille, le général de corps d'armée Abdelaziz Bennani, dans sa chambre de l'hôpital parisien du Val-de-Grâce, de la part du dénommé Mustapha Adib», indique une dépêche de l'agence officielle de presse marocaine Map. «Par ailleurs et ce même jour, le Maroc, en la personne de son ambassadeur à Paris, M.Chakib Benmoussa, a entrepris auprès du ministère français des Affaires étrangères une démarche de dénonciation du même acte. Un acte particulièrement grave par son caractère provocateur et injurieux envers une haute personnalité marocaine hospitalisée dans un hôpital militaire français», ajoute le même média. Le chef du gouvernement marocain remue le couteau dans la plaie. Ce cas «qui vise une figure des Forces armées royales, n'est pas isolé et survient à la suite d'actes de provocation ayant visé, à Paris, des hauts responsables sécuritaires et diplomatiques marocains», rappelle dans un communiqué Abdelilah Benkirane. Sept policiers français s'étaient rendus à la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Paris pour notifier au patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi, une convocation émanant d'un juge d'instruction accusé de complicité de torture (voir L'Expression du 25 février). Puis ce fût au tour du ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar, de passage par l'aéroport de Roissy en mars 2014, d'être l'objet d'une fouille humiliante. Rabat s'inquiète. «Cette succession d'actes graves, qui traduisent un réel acharnement, interpelle le gouvernement marocain sur les intentions et la volonté des autorités françaises», a déclaré le chef du gouvernement marocain. Paris rassure et annonce avoir «lancé une enquête et pris les mesures de protection nécessaires». «Il est totalement anormal qu'une haute personnalité marocaine, qui vient en France pour des traitements médicaux, se voie délivrer des lettres menaçantes», a déclaré hier, Romain Nadal, le porte-parole du Quai d'Orsay..