La situation du mouvement citoyen en Kabylie ne suscite guère l'espoir. La célébration du 3e anniversaire de la naissance de la plate-forme d'El-Kseur, document référentiel des archs, aura été différente à plus d'un titre des deux premières. Si durant les deux premières années, les célébrations étaient riches en couleur et réunissaient beaucoup de monde, on avait même vu les contestataires revenir à de meilleurs sentiments. Ce n'est plus le cas désormais. Hier, le centre culturel Mouloud-Feraoun, lieu mythique où avait eu lieu l'élaboration de ce document de 15 points, était désespérément vide. Seules quelques coordinations de la Cicb, un délégué de Tizi Ouzou et deux de Bouira étaient au rendez-vous, non pas pour assister à une célébration d'un anniversaire dont la symbolique n'est plus à démontrer, mais pour être témoins d'un bras de fer entre le CSC d'El-Kseur et quelques autres coordinations de Béjaïa autour de la rédaction d'une déclaration de circonstance. La tension était déjà dans l'air puisque même le rendez-vous d'hier à El-Kseur n'a été retenu que durant la nuit de jeudi à vendredi à l'issue d'un conclave extraordinaire, décidé lui aussi à la hâte. Entre ceux qui veulent une déclaration et ceux qui s'y opposent, le bras de fer s'est terminé en queue de poisson. Ali Gherbi, porte-parole du CSC d'El-Kseur, refusait tout compromis autour du point d'achoppement arguant que cette rencontre n'est nullement une interwilayas pour être sanctionnée par une déclaration. En vérité, le CSC d'El-Kseur prenait là sa revanche, lui qui s'est vu refuser un conclave interwilayas la veille par ses pairs de la Cicb et de la Cadc. Côté partisans de la déclaration, on jugeait inconcevable un anniversaire sans déclaration politique d'autant plus que celui-ci (l'anniversaire) intervient dans une conjoncture marquée par les événements de T'kout (région des Aurès) et les pressions exercées sur les journalistes. Durant toute l'après-midi, les quelques délégués présents sur les lieux n'ont rien compris à ce qui se tramait. Même la salle où la rencontre devait avoir lieu, était fermée. Il n'y avait que le hall pour accueillir les présents dont certains ont fini par quitter les lieux sans préavis. A l'heure où nous mettons sous presse, les négociations entre les deux clans formés autour de la nécessité d'une déclaration se poursuivaient dans l'optique de mettre fin à la mésentente. Dans tous les cas de figure, la situation du mouvement citoyen en Kabylie ne suscite guère l'espoir; fragmenté en plusieurs ailes, la divergence gagne à présent les coordinations de base. Tout cela reste, bien évidemment, lié au règlement de la crise de Kabylie que certains veulent et que d'autres rejettent. Ouyahia aura réussi, avec son appel au dialogue, à bouleverser toute la structure des archs qui perd ses marques comme elle a perdu le soutien populaire.