Un domaine aussi stratégique que celui du médicament souffre encore de lois restrictives qui mettent à mal l'élan des opérateurs nationaux. La PCH (pharmacie centrale) seule détentrice d'un pouvoir hégémonique en matière de médicament, apparaît dans cette polémique comme une écorchée vive. Son aura essuie les retombées dans un contexte d'économie de marché qui plaide de plus en plus en faveur de la libre entreprise et du droit à l'existence de toute une génération d'intervenants qui exigent la reconnaissance de leurs droits. Ils dénoncent certaines pratiques dans les opérations liées à la commande publique de médicaments, en violation de 1a réglementation en vigueur. Ils en appellent à cet effet, à l'intervention du ministre de la Santé pour un éventuel arbitrage. Ainsi est-il cité qu'en violation de l'ordonnance n°03-03 du 19 juillet 2003 relative à la concurrence, du décret présidentiel n° 026250 du 24 juillet 2002 portant réglementation des marchés publics, modifié et complété, et du décret exécutif n°926285 du 6 juillet 1992 relatif à l'autorisation d'exploitation d'un établissement de production et/ou distribution de produits pharmaceutiques, la Direction de la pharmacie et des équipements oblige tous nos hôpitaux à s'approvisionner exclusivement auprès de la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Importateurs, simples opérateurs économiques et même, depuis le début de mai dernier, le ministère des Finances, personne ne semble apprécier la mainmise de la PCH sur le marché de l'approvisionnement en médicaments des hôpitaux. Ainsi, la PCH est depuis quelque temps au centre d'une vive polémique, «alors qu'après seulement deux années d'existence, nous sommes tenus par un engagement absurde à réinvestir sans aucun avantage fiscal particulier ni la moindre facilité administrative, une large partie de nos maigres bénéfices, la pharmacie centrale brasse, quant à elle, chaque année près de 600 millions d'USD sur lesquels elle prend toujours soin de prélever une confortable marge bénéficiaire», se plaint un importateur privé avant de préciser que «malgré les immenses profits sonnants et trébuchants qu'elle génère à chaque exercice, la PCH n'a jamais investi le moindre centime dans la production nationale de médicaments». Moins amer mais tout aussi bien informé de la situation, le ministre des Finances appelle, dans une lettre datée le 10 mai 2004, qu'en vertu de son statut d'Epic (Entreprise publique à caractère commercial), la Pharmacie centrale des hôpitaux est, à l'instar des autres intervenants économiques du secteur, soumise aux règles de la commercialité et que les 20% de marge bénéficiaire, qu'elle perçoit à chaque transaction, ne lui permettent en aucune manière de se prévaloir de la qualité de simple centrale d'achat. Avant de promettre, enfin, la mise en place d'un dispositif réglementaire approprié (dès 2005 selon toute éventualité), le ministère des Finances explique que la poursuite des réformes en faveur de l'économie de marché de la concurrence et leur approfondissement, exigent progressivement une plus grande transparence dans les procédures liées à la commande publique. Une explication qui laisse dubitatif, ironise un importateur privé qui estime que les petits opérateurs sont soumis à une concurrence déloyale et que les multiples obstacles qui se dressent sur leur chemin, n'ont d'autre but que de garantir à certains cercles occultes des situations de quasi-monopole. «Excepté l'Algérie, je ne connais aucun autre pays au monde pratiquant l'économie de marché qui oblige un importateur à obtenir un agrément pour activer dans le secteur de la vente d'équipements médicaux. En totale violation des règles commerciales les plus élémentaires, on nous oblige même à décliner, d'une manière ou d'une autre, l'identité des clients qui nous passent commande», ce qui est en soi un grave délit d'initié, note-t-on par ailleurs. On ne peut plus clair ! Pour désigner des procédés peu amènes avec lesquels l'on tente «de doubler les jeunes opérateurs». D'aucuns se joignent pour dire que l'économie de marché a ouvert d'innombrables brèches par lesquelles tente de s'engouffrer une faune de spéculateurs qui - comme le prouvent régulièrement les faits - ne sont pas au dessus de tout soupçon. Les importateurs qui se plaignent de cet état de fait ajoutent : «Nous ne demandons en fait, rien de plus, qu'une juste application des lois en vigueur ainsi qu'un même et unique traitement pour l'ensemble des opérateurs économiques qui activent dans le secteur de la santé.» «Nous sommes parfaitement conscients que la santé des Algériens exige une plus grande implication de la part de chacun de nous mais est-il encore utile de rappeler qu'à l'impossible nul n'est tenu!» concluent-ils en guise d'appel à une démarche cohérente.