Les épices sont très utilisées en cuisine pendant le mois sacré L'on vient de loin, d'Alger, Mostaganem, Chlef, Saïda, Sidi Belabbès, Béchar, Laghouat et même Annaba et Constantine. Une demande accrue sur les épices est enregistrée dans certaines régions du pays, notamment celles qui sont situées à la frontière avec le pays frère, le Maroc. Ainsi, Maghnia est devenue, à l'orée de ce mois sacré de Ramadhan une destination de choix pour toutes les familles de l'Ouest et du Sud-Ouest algérien, en quête de condiments de qualité supérieure. La proximité avec le Maroc, dont la production d'épices de qualité exceptionnelle est mondialement reconnue, accrédite cette ville algérienne d'une certaine autorité en la matière. Ainsi est Maghnia pour les épices, ce qu'est Boufarik pour la zlabia. Les populations effectuent un vrai pèlerinage vers cette commune, située à quelque 37 km du chef-lieu de la wilaya, Tlemcen. En fait, les épices portant label «Maghnia» apportent la garantie de produits de haute qualité car importées du Maroc, vrai pourvoyeur de saveurs exotiques et dont la cuisine doit sa réputation de raffinement à un savant mélange d'ingrédients. Les familles algériennes entendent donc profiter de leur déplacement pour faire le plein de mystérieux mélanges capables de relever le goût de leur cuisine. Les ménagères se rendent à cet eldorado dans le but de se constituer un véritable arsenal de sensualité pour la préparation de plats différents et délicieux, tout au long de cette période de jeûne. En fait, de par la proximité géographique avec certaines villes de l'autre côté de la frontière, comme Oujda par exemple, fait que le transfert de ces denrées, voire de tout un savoir-faire a pu s'effectuer convenablement. A telle enseigne que l'élève a pu dépasser le maître! De fait, et en sus des épices venues du Sud-Est asiatique, Maghnia regorge d'épices marocaines. Elle est passée au statut de producteur, aidée en cela par la similitude du climat et de la nature de la terre, ainsi que par la grande maîtrise de ses habitants de l'univers des épices. Les marchés aux mille épices de la ville de Maghnia témoignent de cette vérité. Ils regorgent d'étals haut en couleurs, riches en parfums. Les effluves exotiques, aussi enivrantes les unes que les autres, sont perceptibles à une distance de plusieurs mètres. Elles marquent magnifiquement l'avènement du Ramadhan et renseignent sur l'émulation à laquelle s'adonnent les marchands au cours de ce mois spécial. Ces mêmes marchands qui s'improvisent décorateurs de ces montagnes d'épices moulues aux mille aquarelles. Poivre noir, cumin, carvi, clous de girofle, gingembre, curcuma, nigelle, noix de muscade, graines de coriandre, cubèbe, piment rouge doux, racines de câprier, etc. titillent les sens. A la différence de celles des autres contrées, les épices de Maghnia sont odorantes comme cueillies ou ramassées la veille. La fameuse harira ou chorba de l'Ouest algérien est un plat incontournable qui fait le bonheur de l'estomac. Véritable star de la table, elle requiert justement une grande variété d'épices. L'on raconte que la harira fait partie intégrante du patrimoine, avec quatorze siècles d'existence. Le savoir-faire de Maghnia est donc établi. L'on est unanime à témoigner que les épices sont ici fraîches, authentiques et relèvent immanquablement le goût des plats. Autant de paramètres qui font que la demande est désormais accrue et oblige les commerçants maghnaouis à renouveler souvent leurs stocks. Ce dynamisme dans l'approvisionnement joue en faveur du consommateur qui aspire à des produits frais car sans cesse renouvelés. Pour réussir la magie de la cuisine, il n'est point nécessaire de se ruiner. Les prix des ces merveilles vont de 500 DA à 800 DA, voire 1000 DA, le kg. A titre d'exemple, le prix du fameux ras el hanout n'excède guère les 800 DA.