Les rapports soumis à débat pendant deux jours ont été adoptés à l'unanimité. Les participants à cette session ont examiné et débattu les rapports relatifs, à la conjoncture économique et sociale du second semestre 2003, à la configuration du foncier ‘'contrainte au développement'' et au secteur informel ‘'illusions et réalités''. L'autre projet de rapport adopté porte sur les exigences de mutation du système d'information économique et social ‘'contribution au débat national» dont les débats ont eu lieu hier. Néanmoins, si l'optimiste a été de rigueur, il n'en demeure pas moins que plusieurs défaillances ont été relevées par les intervenants. Au sujet du premier point, les membres de l'institution présidée par Mohamed-Salah Mentouri ont souligné, dans leur majorité, la complaisance de l'Etat quant à la gestion de ce phénomène qui nuit à l'économie nationale. Afin d'étayer leurs dires, les intervenants ont cité les marchés de Tadjenanet où des milliards de dinars sont brassés sans que l'autorité publique y mette un frein. Revenant sur les déclarations du chef du gouvernement qui a affirmé, avant-hier, que «l'Etat mettra tout en oeuvre pour combattre ce fléau», un des membres du Cnes s'est interrogé sur la manière avec laquelle «le gouvernement compte mener à bien la lutte quand on sait que ce sont les barons qui tirent les ficelles». Dans la même foulée, un autre intervenant n'a pas hésité à accuser les pouvoirs publics de «complicités». Pour ce membre du Cnes, le meilleur exemple demeure le sport-roi, le football en l'occurrence, où des masses faramineuses d'argent circulent au vu et au su de tous, sans que l'Etat ne daigne lever le petit doigt, avant d'affirmer qu'un grand club algérois vient de connaître un redressement fiscal. En effet, certains joueurs reçoivent des primes de signature pouvant atteindre parfois le million de dinars sans payer d'impôts. Pour un autre membre, le marché informel n'est qu'une conséquence logique de la mal vie des citoyens. «Pour combattre ce phénomène, il faut, dans un premier temps, résoudre les maux sociaux tels que le logement, l'emploi et améliorer le quotidien du citoyen», a-t-il souligné. Pour de nombreux présents au Palais des nations, «l'informel ne peut être isolé des secteurs sociaux, politiques et économiques». D'ailleurs, ils ont été unanimes dans leur mise en garde pour ne pas considérer l'informel comme «une alternative» à une vraie stratégie de création d'emplois mais bien au contraire à mener une lutte sans merci contre ce fléau dévastateur. Dans son rapport final, le Cnes recommande «que les activités illégales, interdites ou non autorisées par la loi soient combattues et éradiquées et que leurs auteurs soient sanctionnés». Cet état de fait risque de provoquer la faillite de la Caisse nationale de retraites selon M.Tayeb Louh, ministre du Travail et de la sécurité sociale qui a indiqué que «de par la déperdition de l'emploi, la Caisse nationale de retraite risque de déclarer faillite». Le même son de cloche a été, par ailleurs, tenu par M. Djoudi, ministre-délégué à la Participation. «75% des richesses hors hydrocarbures, sont détenues par le privé d'où la difficulté de contrôle.» Par ailleurs, le manque d'informations fiables a été au menu du second dossier traité par les membres du Cnes. Ces mêmes experts ont reconnu les insuffisances dans la circulation de l'information qui reste une tare notamment, du secteur privé, «qui ne joue pas le jeu et se distingue par la rétorsion de l'information. Une attitude délibérée pour fuir le fisc», souligne un membre de l'institution consultative. Ce comportement négatif des agents économiques fait que «l'économie nationale navigue à vue», soutient un autre. «L'indisponibilité d'informations, préoccupations, au demeurant largement partagées par l'ensemble des acteurs de la vie économique et sociale, sont un frein à l'investissement», rappelle le Cnes dans son document.