La scène politique régionale est toujours devant un vide sidéral. La région qui a vu, durant de nombreuses années, les forces politiques défiler pour expliquer chacun sa vision des choses a sombré dans une autre dimension avec le Printemps noir. Tout a commencé avec l'assassinat du lycéen Guermah Massinissa dans l'enceinte de la brigade de gendarmerie à Béni-Douala et la colère qui s'était emparée de la Kabylie. Durant près de trois années, le sang a coulé, économiquement la région s'en est sortie exsangue. La vie partisane caractérisée par un certain silence, les forces politiques ayant cédé la place, presque toute la place aux archs, a connu un petit frémissement un peu avant la campagne présidentielle. Les partis et mouvements faisaient mine de vouloir renouer avec l'activité politique. Le premier, le FFS a essayé de casser le cercle ensorcelé en appelant à la participation aux élections municipales en octobre 2002. Aussitôt, les archs, alors soutenus par le RCD, s'en étaient donnés à coeur joie. Il fallait que «ce parti évacue la scène régionale. Il faisait un peu trop d'ombre à tout le monde !» Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts de Kabylie. Lâchés par le RCD et le MAK, connaissant de gros problèmes nés de dysfonctionnements avec plusieurs coordination gelées et des délégués ayant claqué la porte, avec comme cerise sur le gâteau la fatigue et la démobilisation des populations, les archs réduits apparemment à une sorte d'appareil semblent arrivés devant un choix cornélien : s'adapter à la nouvelle donne, rétablir les liens avec la population, laisser la politique aux partis ou alors disparaître. Hélas ! Ce mouvement ayant suscité l'espoir de voir la région démontrer que l'on peut faire des revendications autrement, risque fort, à l'allure où vont les choses, de ne laisser comme empreinte que la violence et l'intolérance. Les partis politiques ne sont guère exempts de reproches. Certes, approchés, ces derniers diront comme excuse, compréhensible certes, mais insuffisante que «la conjoncture actuelle rend l'activité politique plus que difficile...». Contactées les formations politiques disent travailler malgré tout. Ainsi, alors que l'UDR prépare activement son premier congrès, le FFS s'est occupé de la restructuration de ses sections. En un laps de temps relativement court, il affirme avoir restructuré 40 sections. Le RCD a procédé à l'élection d'un nouveau bureau régional. Le FLN semble en léthargie, depuis le 8 avril les redresseurs se chamaillant pour le contrôle de la structure locale, le mouhafedh et député, partisan M.Ali Benflis semble aux abonnés absents, depuis le 8 avril. Le RND, lui, n'a jamais réellement occupé le terrain, il en est de même du MSP qui semble limiter sa présence à quelques groupuscules à Draâ Ben-Khedda et Tizi Ouzou, le MRN de Djaballah étant à peine connu en Kabylie, il reste que la scène politique kabyle est entrée en léthargie, même les citoyens, apparemment usés, ne semblent guère enclins à militer. Pour l'heure, les choses étant ce qu'elles sont, c'est un peu la lutte pour la survie économique qui bat son plein.