La célébration du Printemps berbère et des événements d'Avril 2001 sera marquée aujourd'hui, à Béjaïa, par de nombreuses manifestations à mettre particulièrement sur le compte du RCD, les archs et les autonomistes. Trois entités politiques, qui se réveillent le temps d'une célébration mais que tout le monde aurait voulu front unitaire. Mais force est de constater que la division des rangs a la peau dure dans la région. Que l'on en juge! A l'exception du mot d'ordre de grève, devenu ces dernières années une habitude, le reste des manifestations sont organisées en solo. Tout le monde tente d'attirer les foules vers soi sachant que l'événement tient à coeur à tout un chacun. La Coordination intercommunale des citoyens de Béjaïa (archs), qui sort de sa réserve après de longs mois de silence, a rendu publique une déclaration dans laquelle elle s'interroge sur le retard mis dans la concrétisation des aspirations citoyennes. «Comment expliquer que 30 ans après le Printemps amazigh et 9 ans après le Printemps noir, la langue amazighe n'est toujours pas consacrée comme langue officielle, le Haut Conseil à l'amazighité et l'Académie n'a toujours pas vu le jour et comment expliquer que les assassins des martyrs du Printemps noir ne soient toujours pas jugés et les blessés des événements abandonnés?», est-il écrit. La Cicb appelle la population «à participer massivement» aux actions prévues, notamment le recueillement sur la tombe de Guermah Massinissa à Béni Douala le 18 avril, le rassemblement et dépôt d'une gerbe de fleurs à la place des Martyrs du Printemps noir (ex-Edimco) à Béjaïa le 20 avril et enfin le même recueillement à la place Mammeri-Ahmed à Amizour, le 22 avril. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) convie les citoyens de la wilaya de Béjaïa à une marche de protestation qui s'ébranlera de l'esplanade de la Maison de la culture de Béjaïa vers le siège de la wilaya. Il en est de même pour le MAK. Cette organisation non reconnue par les pouvoirs publics, a placardé sur les murs des artères de la ville affiches et graffitis appelant à l'autonomie de la Kabylie et une marche de protestation qui démarrera du campus Targa Ouzemour de l'université de Béjaïa vers le siège de la wilaya. Marches, rassemblements et recueillements sont autant d'activités qui s'ajoutent à celles, plus folkloriques, initiées par le mouvement associatif à travers de nombreuses communes de la wilaya. Conférences et expositions rappelant les événements ayant secoué depuis trente années la région de Kabylie ont été au menu des manifestations des associations socioculturelles. Il reste à savoir si la population va adhérer aux manifestations à caractère politique, qui s'annoncent pour leurs organisateurs, comme un test de popularité. Dans une conjoncture marquée par d'autres enjeux et face aux développements survenus depuis l'histoire du dialogue, il semblerait que le coeur n'y est pas. Un sentiment de réprobation s'est même illustré à travers aussi bien les commentaires que les gestes. Les graffitis et affiches du MAK ont été, par exemple, effacés et déchirés. Autant de signes qui laissent penser que les citoyens ne seront pas nombreux au rendez-vous. Nous en saurons plus aujourd'hui.