«La disposition portant départ à la retraite sans conditions d'âge après 32 ans de travail sera révisée». C'est du moins ce qu'a déclaré hier le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, M.Tayeb Louh. En effet, la Caisse nationale des retraites (CNR) a enregistré un manque à gagner de 75 milliards de dinars. Ce processus qui a porté de grave préjudices à la CNR, est le résultat direct du dispositif du départ à la retraite sans conditions d'âge, mis en place en 1998. Ce dispositif intervient, rappelons-le, à la suite de la politique de privatisation des entreprises publiquessuivies par le gouvernement Ouyahia, sous injonction du Fonds monétaire international. L'application de cette politique a ainsi conduit la compression d'un nombre assez important de travailleurs. D'ailleurs, les mesures relatives à la réduction de la vie active (retraite sans conditions d'âge, réduction de la durée des cotisations...) n'ont pas eu l'effet pour lesquelles elles ont été conçues. Elles ont contribué à cumuler des emplois et des revenus pour les uns sans pour autant libérer des emplois pour les chômeurs, augmentant ainsi les écarts liés à une distribution inégale des chances d'accéder à un emploi. Cette situation demeure préoccupante au regard de l'écart entre le rythme d'évolution des recettes et celui des dépenses et ce, malgré une situation financière caractérisée par un excédent de 0,03 milliard de dinars en 2003. Selon le rapport établi par le Cnes, la faiblesse des recettes est due à plusieurs facteurs. On cite, entre autres, le rythme d'accroissement du nombre des cotisants qui stagne, il est inférieur à celui du nombre des bénéficiaires. Celui-ci est passé de 415.000 en 1986 à 1.505.668 en 2003. D'autant que le taux de cotisation, malgré les multiples révisions, reste toujours au bas de l'échelle. A cet égard, M.Abdelmadjid Azzi, secrétaire général de la Fédération des travailleurs retraités, lors de son intervention au cours des travaux de la 24e session plénière du Cnes, a remis en cause les réformes engagées par l'Etat. «En décidant d'opter pour les retraites anticipées et proportionnelles, l'Etat n'a pas dégagé une enveloppe budgétaire pour faire face aux conséquences.» Des conséquences dont les retraités continuent de faire les frais. Jusqu'à quand cette situation?