C'est demain que l'Algérie, à l'instar des autres pays du monde, fêtera le 1er Mai. Cette année, la Fête du travail intervient dans un contexte particulier, marqué par une dégradation du pouvoir d'achat des travailleurs. Et si pour les travailleurs actifs, la situation est de plus en plus problématique, les retraités sont pour leur part au bout du gouffre. En effet, le retraité algérien est loin de savourer un repos bien mérité au terme de longues années de dur labeur. Les retraités vivent plus sévèrement cette dégradation du pouvoir d'achat par le fait que la majorité d'entre eux ont à leur charge leurs enfants qui sont au chômage. Ce qui rend la situation assez pénible. La famille des retraités se retrouve, aujourd'hui, dans une situation des plus précaires. Avec un pouvoir d'achat laminé de plus en plus par une augmentation effrénée du coût de la vie, les retraités se considèrent comme la dernière roue du carrosse. Portant les pouvoirs publics se sont fixé comme objectif de relever "un peu" leur pouvoir d'achat. L'année passée, des mesures avaient été prises pour la revalorisation des pensions et allocations de retraites avec effet rétroactif à partir du 1er mai 2007, avec paiement des rappels avant la fin octobre 2007. Cependant, la Caisse nationale des retraites (CNR) accusant un déficit de près de 250 milliards de centimes, se retrouve dans une situation qui risque, à court terme, de provoquer son dysfonctionnement. Cette situation qu'on n'a pas hésité à qualifier de dangereuse pour le devenir de la Caisse nationale des retraites est illustrée par le retard accusé pour la revalorisation des pensions de retraite. Le déficit entre les recettes et les dépenses ne cesse de se creuser depuis 1998, suite aux départs précoces de la vie professionnelle de milliers de travailleurs des entreprises publiques qui ont rejoint les rangs des retraités après la promulgation de l'ordonnance du 31 mai 1997. En effet, en 1997, la tripartite avait conclu à la nécessité d'alléger un tant soit peu les travailleurs arrivés à un certain âge en leur permettant de postuler à la retraite au bout de 32 ans de service. Cette mesure devait permettre surtout la création de nouveaux postes d'emploi. Il faut dire que le système national de retraite a, depuis sa création, évolué en fonction de l'évolution qu'a connue l'Algérie aux plans économique et social. C'est dans ce cadre qu'il a été créé deux nouveaux régimes de retraite, en l'occurrence la retraite proportionnelle et la retraite sans condition d'âge. Or, la mise en place de ces deux nouveaux régimes de retraite n'a pas été suivie de mesures que les pouvoirs publics doivent mettre en place pour compenser le manque à gagner dans le financement de la retraite. Le système national de retraite a connu de sérieuses difficultés financières pour assurer le paiement régulier des pensions de retraite et n'avait cessé d'enregistrer, au fil des exercices, des déficits de plus en plus importants. D'ailleurs, avec son arrivée à la tête du département du travail et de la sécurité sociale, M. Tayeb Louh n'a pas caché sa volonté de revoir le dispositif mis en place en 1997, arguant que c'est la CNR qui en pâtit le plus et expliquant ses difficultés par les incidences de l'ordonnance en question. En somme, la réforme du régime des retraites en Algérie s'impose comme une nécessité compte tenu de la situation. La tâche semble ardue et risque de provoquer des tensions, mais elle est impérative, d'autant que, selon des statistiques rendues publiques récemment, le nombre de personnes qui auront, à moyen terme, atteint l'âge de la retraite (60 ans), sera multiplié par 3, soit 4 millions.