Le chef de la zone 8 reste un élément indispensable dans la hiérarchie militaro-terroriste du Gspc. L'un des chefs du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), Mokhtar Belmokhtar, a été jugé par contumace, avant-hier, lundi, par la cour d'Illizi et condamné à la prison à vie. Poursuivi par la justice algérienne, depuis plus de dix ans, aux chefs de «constitution de groupes terroristes armés aux fins de semer la terreur et l'insécurité», création d'un «climat d'enlèvement», «vol qualifié» et «détention d'armes prohibées et leur utilisation sans autorisation», MBM risquait la peine capitale, sentence que les autorités algériennes n'ont plus exécutée depuis 1993. Agé de 36 ans, natif de Metlili, dans le M'zab, Belmokhtar est un élément actif du GIA. Djamel Zitouni le nomme émir de la zone 9 (Sud) en lieu et place de Hadj Mohamed Hallis dit Abou Talha El-Djanoubi, et Antar Zouabri le maintient en poste, à partir de la fin de l'année 1996. Pièce-maîtresse dans l'échiquier du GIA, il est sollicité par Hattab, dès 1997 et lorsque le Gspc est officiellement créé, il est nommé émir de la zone 9, tant par Hassan Hattab que par Abdelmadjid Dichou qui se succèdent à l'émirat du Gspc entre 1998 et 2001. Ce dernier qui signe les communiqués du Gspc-Sud sous le pseudonyme de «Abou El-Abbès Khaled», est en fait le «Roi de la cigarette». Connecté à la quasi-totalité des réseaux de contrebandiers et cigarettiers du Sahara et du Sahel, il fait tourner des fortunes colossales entre les mains du Gspc, avant de se lancer dans le commerce des armes qu'il achète dans la vaste bande du Sahel avant de les acheminer vers les maquis du Nord. A partir de 2002, il fait partie du madjliss echouri du Gspc et se présente avec Hacène Hattab, Nabil Sahraoui, Amari Saïfi, Okacha et Saâdaoui comme un des chefs les plus puissants de l'organisation. L'importance de Belmokhtar s'accroît notamment, avec l'acquisition d'un matériel performant, de moyens lourds et d'une véritable logistique de guerre : 4x4 tout-terrain, armes automatiques, hommes de main, appuis «convaincus ou achetés», argent, etc. Il se fait aussi une spécialité de voler les gros tonnages et les semi-remorques qui acheminent les produits alimentaires du Nord vers le Sahara et d'attaquer les bases-vie de la Sonatrach et des entreprises pétrolières étrangères installées au Sud. Certains responsables de la sécurité intérieure lui attribuent le rapt des 32 touristes européens, kidnappés au Sahara en mars 2003, avant que «le Para» ne prenne le relais, avec les résultats que l'on connaît. D'autres insistent sur le fait, «avéré», que c'est lui qui a conduit l'attaque perpétrée dans le Sud de Djelfa contre un convoi de dignitaires saoudiens, et qui a coûté la vie à l'homme d'affaires et poète Talal. Belmokhtar a été signataire du dernier communiqué qui annonçait l'installation de Abou Ibrahim Mustapha à la place d'Abou Hamza Hassen Hattab, en tant que responsable et chef de la zone 9 du Gspc et qui s'étend pratiquement de Djebel Boukhil, au sud de Djelfa, à l'extrême sud de l'Algérie. Il a été notamment, l'artisan de la «pénétration» militaire du Gspc au Mali, au Niger, en Mauritanie et au Tchad, où grâce à l'argent qu'il fait fructifier et à la faveur de la grande indigence locale, il s'est acheté des alliances solides et des appuis sans faille. Il y a quelques jours, il a été fait état de sa possible reddition, mais l'information, saugrenue, du reste, n'a jamais été confirmée.