Cette attaque intervient quelques jours seulement après que les forces de sécurité eurent intercepté une cargaison d'armes à bord d'un camion dans la région de Biskra. L'embuscade qui a coûté la vie, avant-hier, à treize douaniers dans la région de Ghardaïa, dans le sud du pays, pose la question de la capacité de nuisance et de l'étendue de la présence des groupes terroristes encore en activité sur le territoire national. D'autant plus qu'il s'agit là de l'attaque la plus meurtrière depuis le 25 septembre, soit quelques jours avant le référendum sur la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, lorsque sept militaires et un civil avaient été tués dans une embuscade tendue à un convoi de l'armée dans la région de Jijel. La question est d'autant plus lancinante que les pouvoirs publics espéraient, à la faveur de la mise en œuvre de cette charte devant, selon eux, entraîner la reddition des derniers irréductibles du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) un recul de l'activité terroriste. Tout porte à croire que les groupes armés, en particulier ceux affiliés au GSPC, ne sont pas près de renoncer à leurs activités de manière significative. En effet, des redditions ont été signalées depuis la mise en œuvre de cette charte, mais elles ne semblent pas avoir grandement réduit la force de frappe des groupes terroristes, comme en témoigne ce massacre de treize douaniers. Qui plus est, le mode opératoire choisi et l'arsenal mobilisé pour commettre cette tuerie ressemblent à s'y méprendre à ceux employés par les terroristes lorsque l'Algérie était à feu et à sang durant les années 1990. Le convoi composé d'une dizaine de véhicules tout terrain a, en effet, été attaqué aux lance-roquettes, notamment, par un groupe armé qui a incendié une partie des véhicules et en a dérobé d'autres, ainsi que les armes de leurs victimes et leur matériel de communication. Cet attentat intervient quelques jours seulement après que les forces de sécurité eurent intercepté une cargaison d'armes à bord d'un camion dans la région de Biskra, à quelque 400 km au sud d'Alger. En effet, début avril, les gendarmes ont découvert, lors d'un contrôle de routine sur la route reliant Biskra à Batna, des kalachnikovs, une importante quantité de munitions, des roquettes neuves avec plusieurs charges explosives, et des produits chimiques destinés à la fabrication de bombes. Ces armes, destinées au GSPC, provenaient du sud des régions sahariennes limitrophes de l'Algérie, selon notre confrère El Watan. Les gendarmes ont interpellé, au cours de cette opération, cinq personnes dont les aveux ont permis de démanteler dans la nuit de jeudi à vendredi, dans le sud du pays, “un important réseau de trafic d'armes destinées aux maquis du GSPC”. De là, une question coule de source : le GSPC ne cherche-t-il pas, à travers l'attaque contre le convoi de la douane et les tentatives d'alimenter ses maquis en armes, à accroître sa présence dans le sud du pays ? Tout porte à le croire. Les spécialistes de la question sécuritaire estiment que cette organisation, affiliée à l'organisation terroriste Al-Qaïda d'Oussama Ben Laden, veut faire du Sud algérien une zone de prédilection pour ses activités terroristes. Ce qui aurait pour effet de desserrer l'étau sur les groupes terroristes implantés en Kabylie et dans la région de Boumerdès, et dont les rangs ont enregistré, ces dernières semaines, une véritable saignée à la suite des coups de boutoir des forces de sécurité et des redditions favorisées par la charte du 29 septembre. Le GSPC, qui rejette cette charte initiée par le président Abdelaziz Bouteflika, semble également intéressé par une présence accrue dans le Sud algérien en raison sans doute de la “facilité” des déplacements dans cette zone et de sa proximité avec les frontières des pays subsahariens, région où opèrent plusieurs groupes terroristes et des contrebandiers. Reste la question liée à l'identité des auteurs de l'attaque contre le convoi des douaniers. Si les observateurs de la scène sécuritaire attribuent sans aucune hésitation cet attentat au GSPC, ils restent réservés sur l'hypothèse selon laquelle l'opération a été menée par le groupe dirigé par l'ancien chef du GSPC pour le Sud algérien (zone 6), Mokhtar Belmokhtar, qui avait été condamné en juin dernier par contumace à 20 ans de prison par la justice pour “appartenance à un groupe armé semant la terreur”. Rafik Benkaci