Une réalité difficile à regarder Ces «gueux» des temps modernes tiennent des discours véhéments dans lesquels ils accablent leurs responsables les accusant d'avoir abandonné les nécessiteux. Une semaine après l'entame du mois sacré de Ramadhan, les sempiternelles queues observées par des dizaines de familles nécessiteuses, continuent à se former du matin au soir devant les bureaux en charge des aides sociales et associations caritatives de la wilaya d'Oran. Cela survient pendant que les responsables locaux ne cessent de vanter la consécration d'un important budget destiné à la prise en charge de l'ensemble des démunis de la wilaya en leur fournissant tous les aliments nécessaires. Dans le quartier le Plateau, très précisément devant les portes de l'association sociale Ez-Zouhour, plusieurs dizaines de familles venues de Bounif, Mers El Hadjadj, Mers El Kebir, El Ançor, Sidi Benyebka, Gdyel, El Braya, Oued Tlélat se rassemblent chaque matin dans l'espoir de bénéficier d'une quelconque aide. Ces «gueux» des temps modernes tiennent des discours véhéments dans lesquels ils accablent leurs responsables, les accusant d'avoir abandonné les nécessiteux. «Nous sommes de réels nécessiteux alors que nos responsables nous ont lâchés», a déploré une femme d'un certain âge. Elle a ajouté sans fioriture, de façon directe «nos massouline (nos responsables), leurs proches et leurs amis, se sont partagés les couffins qui nous étaient destinés». Une autre femme, d'un âge avancé, est venue de Hassi Ameur. Elle n'a pas pu retenir ses larmes en décrivant sa misère et celle de sa famille dont elle assure la prise en charge. Elle ne tarde pas à s'en prendre aux élus et cadres de sa municipalité en affirmant que «plusieurs familles de mes semblables ont été exclues de la liste des bénéficiaires sans aucune explication». Une autre femme de Sidi Chahmi n'a pas pu retenir ses mots en dénonçant l'attitude prise par les responsables en charge de la solidarité nationale dans sa commune. Elle dira que «j'ai été écartée de la liste des bénéficiaires pour la seule raison, mes fils sont majeurs». Le même constat est à relever dans le bureau communal des aides sociales situé dans le boulevard Benzerdjeb. En effet, des dizaines de familles pointent très tôt le matin, observent de longues queues en attente de la «clémence et l'indulgence» des agents communaux. Ces femmes apitoient les agents en vue de se faire délivrer les cartes rouges leur permettant l'acquisition du fameux panier de Ramadhan. D'autres nécessiteux se plaignent de la «pauvreté» du couffin. «Ce couffin est pratiquement vide, il est dépourvu de plusieurs produits nécessaires à la cuisine de Ramadhan», a déploré un demandeur. Malgré le vif brouhaha se dégageant des bureaux, les familles espèrent et continuent à souhaiter rentrer chez elles munies de la fameuse carte. Un employé municipal n'a pas trop tardé quant à confirmer une telle évidence. Il a affirmé que «la problématique soulevée constitue malheureusement la triste réalité dans la distribution du panier de Ramadhan». Et d'ajouter en reconnaissant que «la distribution du panier est gérée anarchiquement vu l'absence de la coordination dans l'opération de la prise en charge des démunis». Officiellement, les services d'aide sociale de la wilaya d'Oran, s'en lavent les mains et relèvent «la consécration de 92.779 aides destinées exclusivement aux démunis alors que le recensement établi fait état de 60.805 familles à prendre en charge».