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Le Ramadhan au pays de Muhtesem youzyi
LE RAMADHAN EN TURQUIE
Publié dans L'Expression le 12 - 07 - 2014

Le pays de Houyam possède la plus riche des cuisines dans le monde
Le mois de Ramadhan est une période spéciale en Turquie, pays de Harim el sultan, où chaque jour, des mythes aux rites, en passant par la spiritualité, l'animation et la cuisine, font vivre une atmosphère ramadhanesque des plus exceptionnelles.
Ramadhan a un goût spécial en Turquie. Le mois sacré ne perturbe guère la vie quotidienne, bien au contraire. Les cafés, restaurants, bars... restent ouverts pendant les journées du mois sacré. Il n'y a pas d'exception non plus dans le travail. Aussi, l'Islam reste très présent au pays laïc d'Atatürk où le jeûne y est largement suivi. Dans les grandes villes comme Istanbul, Ankara, Izmir, Bodrum ou Bursa, pour passer le temps, les habitants préfèrent flâner dans les souks. En effet, le temps passe vite surtout dans le Grand Bazar, le coeur marchand d'Istanbul qui incarne bien ce penchant séculaire pour le commerce. Ce souk légendaire est considéré comme le plus grand marché traditionnel couvert dans le monde. Il abrite plus de 4400 échoppes: bijoux, épices et condiments, tissus, tapis, cuir, céramique, prêt-à-porter... tout y est. En Turquie, commerce, art et folklore sont souvent mêlés. Car, il faut rappeler que le pays était pendant longtemps un passage incontournable vers la route de la soie. Il est aussi le trait d'union entre le monde oriental et occidental. D'ailleurs, c'est ce qui explique sa laïcité.
Au pays de la libre croyance
La cohabitation des religions au pays de «Bayazit» renseigne sur la tolérance et le respect de tout un chacun. En effet, bien qu'il soit massivement suivi en Turquie, le jeûne du mois de Ramadhan est, pour beaucoup de croyants non pratiquants, une obligation de respect et de s'y conformer.Quatre Turcs sur cinq font le jeûne parmi ceux qui sont en âge de le faire, à savoir après la puberté. Les autres sont principalement des jeunes, en particulier étudiants, et les adeptes des autres religions, comme les chrétiens et les juifs. Ceux-là restent discrets, ne fument pas et ne mangent pas en public, mais se cachent des regards, soit chez eux soit dans quelques bars. Les lieux les plus prisés sont les cafés et restaurants ayant une salle à l'étage ou en sous-sol. Nous avons remarqué que certains restaurants appliquent un film opaque sur leurs vitres pour plus de discrétion. Bien que manger dans la rue n'est pas un crime, mais par respect pour ceux qui jeûnent. Beaucoup de restaurants sont fermés dans la plupart des villes turques pendant le Ramadhan. Seuls les restaurants des villes touristiques restent ouverts à limage de Bodrum, Antalya, Ýstanbul, Ýzmir, Ankara etc...
Quelques minutes avant le coucher du soleil, les salles se remplissent et les croyants attendent fidèlement «el adhan», l'appel à la prière du soir annonçant la rupture du jeûne, accompagné de coups de canon pour annoncer l'heure de l'iftar. Un peu d'eau, une olive ou une datte, suffisent pour couper le jeûne avant de s'attaquer à de copieux repas.
Des traditions typiquement arabo-musulmanes qui reflètent l'attachement religieux au sein de la société turque. C'est là aussi, une appartenance à un monde multidimensionnel. Une spécificité à l'origine de la richesse de la cuisine turque.
La riche table traditionnelle du Ramadhan
Le Ramadhan est le mois spécial des traditions religieuses et culinaires. En Turquie l'usage veut que rompre l'«oruç» (le jeûne) par une olive ou une datte et du lait, c'est perpétuer la tradition du prophète Mohammed (Qsssl), comme rapporté par les auteurs de la Tradition... Une tradition en usage dans l'ensemble des pays musulmans, l'Algérie, la Tunisie, la Jordanie et l'Arabie Saoudite, entre autres. Des pays, avec lesquels la Turquie s'associe dans l'art culinaire. Le pays de Houyam possède la plus riche des cuisines dans le monde.
La table de l'iftar est des plus raffinées. Certains aliments ne sont fabriqués et consommés que pendant le mois sacré, comme le pain rond et plat «pidé». 80 millions de Turcs perpètuent une tradition ancestrale, en consommant cette sorte de pain pendant le Ramadhan. Ils font la queue dans les boulangeries pour acheter l'incontournable «pidé», pour la rupture du jeûne. Quant aux plats consommés durant le mois sacré, bien que la table du Ramadhan présente un éventail de couleurs et de goûts, il n'y a pas un plat préparé spécialement pour le Ramadhan. Cependant, les tables sont beaucoup plus riches que d'habitude. Le menu va d'une grande variété de soupes et de «mezzés» (hors d'oeuvre), suivis de plats à base de riz, de viande, poulet ou poisson et de plats froids à l'huile d'olive avant de terminer par le dessert. En effet, en Turquie, pour l'iftar, une assiette de hors d'oeuvre contenant du fromage blanc, «su or sigara boreði» (pâtes faites à la maison, cuites au four avec du fromage ou farcies de viande hachée), «sucuk» ou «pastirma» (sorte de saucisses) avec des olives noires est servie en premier. Une grande variété de «çorba» (chorba), telle que la soupe de lentilles et les soupes de légumineuses, est servie après. Des légumes froids à l'huile d'olive ainsi que du hachis de poulet et noix froid «Cerkez tavugu», sont également très appréciés. Le plat principal est généralement composé de grillades accompagnées de riz ou de blé concassé en pilaf (bourgoul). Les salades les plus connues sont la salade de choux «lahana» ou de sérail, composée de tomates, oignons, concombre, citron et menthe, de l'aubergine en purée ou des haricots blancs sont également servies. Sans oublier bien entendu, l'incontournable «barak», principal met sur la table turque. Les sucreries turques sont renommées. Comme dessert on peut mentionner la «baklawa», «telkadayif», «gullaç» (sorte de pudding de riz). Le kebab de bursa servi avec du yaourt, est le plus présent des plats sur la table du Ramadhan. C'est dire que l'art culinaire turc est autant riche et varié que celui de l'Orient, l'Occident, mais surtout du Maghreb. Sur ce point, on trouve divers plats algériens, communs avec la Turquie, comme le barak, qui n'est autre que le bourek, entre autres plats communs entre les deux pays. Sauf que les habitudes de consommation sont différentes. En Turquie, on boit du thé noir, n°1 national sur la liste des boissons, puis du lait battu (l'ben). Pendant le mois sacré, les Turcs consomment rarement le café, sinon c'est un café finement moulu provenant du Yémen. Contrairement à nous, Algériens, un bon café noir fait du bien juste après le f'tour. Ainsi, la cuisine turque, rappelons-le, comporte un mélange judicieux de cuisine ottomane et méditerranéenne. Cette diversité culinaire est une vertu tout comme l'hospitalité cultivée durant le mois sacré dans le respect des traditions et les rites religieux.
Ramadhan, mois de piété
Faisant partie intégrante de la communauté arabo-musulmane, les populations turques placent à sa juste valeur la culture religieuse, notamment durant le mois sacré de Ramadhan et accomplissent comme il se doit les rites religieux. Après l'iftar, les Turcs vaquent à la prière de nuit «yatsi namazi» (el icha) suivie par les «tervih» (taraouihs). Chaque soir, les fidèles vont prier dans les diverses mosquées. A Istanbul, une centaine de mosquées, aussi monumentales que modestes, embellissent la ville. La Mosquée bleue est la plus célèbre de même que celle d'Eyup (Ayoub) et de Soliman le Magnifique. Avec ses six minarets, ses coupoles et demi-coupoles, savamment disposées, la Mosquée bleue donne une impression d'élévation à la fois esthétique et spirituelle. Dans les prêches et la lecture du Coran, les imams vulgarisent et expliquent le texte coranique. La même atmosphère religieuse est vécue tant à Aderna, Bodrum que dans toutes les autres villes de la Turquie. Après la spiritualité et l'adoration de Dieu, l'évocation de son prophète (Qsssl), place à l'animation.
Après les moments consacrés à la spiritualité, l'animation reprend et se poursuit jusqu'à des heures indues de la nuit. La vie nocturne à Istanbul comme toutes les autres villes turques, est très intense et offre un spectacle d'une rare beauté dans un cadre enchanteur. Istanbul est aujourd'hui l'une des villes les plus attractives au monde pour sa vie nocturne car elle s'est plus occidentalisée. Mais cela n'empêche que les gens soient nostalgiques et souhaitent retrouver des moments d'antan. En attendant de retrouver le bon vieux temps, les Turcs d'Istanbul profitent des soirées ramadhanesques en pleines vacances. Coïncidant avec la haute saison, l'été en l'occurrence, Istanbul est la destination première de milliers de touristes cherchant à découvrir l'histoire de Soliman dont l'empire a atteint les quatre coins de la planète. Non loin de la Mosquée bleue et du sérail Top Kapi qui symbolise la puissance de l'Empire ottoman, la place de l'Hippodrome. Cette dernière est transformée en site avec des commerçants de l'époque, des costumes traditionnels, tous les caftans d'antan ressortent et même les façades des immeubles changent pour la circonstance. De l'animation et des spectacles y sont offerts chaque soir gratuitement pendant tout le Ramadhan. Le Palais des congrès change à son tour de décor et devient donc un centre d'attractions et une salle de spectacles qui font ressortir le côté social du Ramadhan. Au quartier «Eyup», des scènes se montent et se démontent avec des représentations du théâtre de l'ombre (marionnettes) que l'Empire ottoman a pu exporter jusqu'en Algérie. Les cafés ne désemplissent pas à leur tour sur les deux rives du Bosphore. L'ambiance est plutôt décontractée à Taqsim, un quartier commercial très animé le soir. Le narguilé suscite un engouement croissant.
Des cafés spécialisés dans la pipe orientale ouvrent de plus en plus. Ce décor de fourmilière est similaire à toutes les grandes villes de Turquie. On citera pour cela, Bodrum. La péninsule aux baies pittoresques et îles ' idylliques est aussi cool et rafraichissante qu'Istanbul. Appelée aussi le Saint-Tropez de la côte est de la mer Egée, Bodrum, dont l'emblème est le château Saint-Pierre qui s'élève dans le ciel, présente des soirées ramadhanesques délirantes.
Anciennement la cinquième des sept merveilles du monde, Bodrum ou le tombeau de Mausole vit les soirées ramadhanesques très animées. Il y a beaucoup de couleurs et d'activités dans la nuit pendant le Ramadhan. Bonbons traditionnels et plats spéciaux servis dans les cafés et restaurants. Le «gula», un dessert délicat fait à base d'eau de rose et de noix, les couronnes spéciales de pain du Ramadhan, préparé avec des graines de nigelle. Ainsi, d'Est en Ouest, les Turcs s'adonnent à une ambiance spéciale Ramadhan, laissant libre cours à leurs désirs et caprices.
Les petits plaisirs du mois sacré
Bien que laïque, la Turquie reste un Etat musulman dans son mode de vie. Malgré les écarts faits à l'orthodoxie arabe, la religion rythme les journées et la vie de la société turque. En dehors des cinq rendez-vous quotidiens de la prière, celle du vendredi ou des événements comme le Ramadhan et le pèlerinage à La Mecque, les Turcs savent aussi se réserver de petits plaisirs qui rompent avec cette discipline. Le thé ou le narguilé sont ainsi des moments privilégiés de détente et qui sont aussi les petits plaisirs du mois sacré. Le hammam constitue pour sa part un plaisir, mais également une nécessité. Le bain turc devient, pour beaucoup, bain public et lieu de rencontre et de socialisation, notamment durant les soirées ramadhanesques. Ce n'est que tard dans la nuit que les villes de Turquie connaissent le calme plat. Avant l'aurore, c'est le «sahur» (shor). Des bénévoles parcourent les rues et réveillent les gens à coups de tambour.
Un réveil au rythme du tambour
C'est en tentant, tant bien que mal de préserver l'existence du joueur de tambour de Ramadhan que les Turcs continuent de perpétuer cet acte de bénévolat. Les tambours du Ramadhan «Ramazan davulcusu» réveillent les fidèles pour le shour, avant l'appel à la prière du fedjr. Parcourant les rues avec un immense tambour, ils battent des rythmes variés et peuvent parfois aussi chanter un «mani», couplet de rimes. Ces tambours tentent de maintenir cette vieille tradition du temps où les réveils n'existaient pas encore. Le premier soir du Ramadhan, le joueur chante un «mâni», court poème de quatre vers saluant le début du 11e mois qui est le plus saint des mois du calendrier musulman. Aussi, la nuit sacrée, c'est celle de la Révélation du Livre au Prophète (Qsssl). «Kadir Gecesi», (leilat El Kader). Le joueur de tambour tambourine et chante des couplets glorifiant cette nuit sacrée du 27e jour du Ramadhan durant laquelle l'ambiance est tout autre. Les mosquées sont étincelantes de lumière. Des lanternes sont suspendues d'un minaret à l'autre. Mieux encore, des reliques et objets personnels du Prophète (Qsssl), préservées au musée de Top Kapi, sont exposés dans les différentes mosquées pour que les fidèles puissent venir se recueillir, les toucher et les embrasser.
L'on apprend que sur les 32 municipalités que compte Istanbul, neuf ont interdit les tambours pour cause d'agression sonore. L'époque de la télévision, du téléphone portable et des horloges électriques a remplacé les tambours. Ainsi, personne ne risque d'oublier de se lever à temps pour le shour. Mais dans d'autres villes, aussi importantes que la capitale, le tambour est non seulement un élément essentiel de l'Histoire, mais surtout l'une des plus importantes traditions qui soient. Le Ramadhan sans le son des tambours est inconcevable.


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