Il a dressé un sévère réquisitoire contre les responsables du pays sans les nommer. Le leader du mouvement El-Islah, Abdallah Djaballah, était, jeudi dernier, à Constantine. Sa présence dans la capitale de l'Est, apprend-on, entre dans le cadre d'un long périple à travers le pays durant lequel il anime des réunions cycliques avec les cadres locaux de son mouvement. Juste avant le début de la réunion «interne» et à huis clos, qui a rassemblé les cadres d'El Islah de plusieurs wilayas de l'Est algérien, Djaballah a animé un «semblant» de meeting. En vingt minutes, il a dressé un sévère réquisitoire contre les responsables du pays sans les nommer. Toutefois, en évoquant le premier mandat et le second, tout le monde avait compris que l'allusion était destinée au président de la République Abdelaziz Bouteflika. Comme à l'accoutumée, Djaballah a harangué la foule, en l'appelant à «résister aux tentatives menées par des cercles chrétiens d'amener les jeunes Algériens à embrasser le christianisme». Pour se faire plus convaincant, il a exhibé un CD qui, selon lui, a été gratuitement distribué, un tas de livres qui parlent du Christ. «Toute cette panoplie de propagande, a-t-il indiqué, circule aujourd'hui à Constantine, la capitale et haut lieu, de la défense de l'identité arabo-islamique de tous les Algériens.» Qu'attendez-vous des responsables, s'est-il interrogé. Ont-ils réglé les problèmes des enseignants du secondaire ? Ils ont institué une commission d'enquête au sujet du Cnapest. L'ont-ils agréé pour autant ? Qu'ont-ils fait pour les grévistes de la santé? Rien, a-t-il répondu. «Ces responsables ne sont pas à la hauteur de leurs missions.» Continuant sa critique, Djaballah a estimé que les pouvoirs publics font tout pour que la société dans son ensemble demeure aux prises d'un quotidien difficile et harassant. «Une société menacée par la débauche et la dépravation est une société sans force et sans caractère, a-t-il déclaré. Une société pareille est tellement dévitalisée par le vice qu'elle ne peut plus lutter pour sauvegarder ses intérêts vitaux», a-t-il souligné. Tout en dénonçant l'impunité dans laquelle évoluent les «partisans» du christianisme, il a estimé qu'en même temps, les mosquées sont soumises à un véritable harcèlement. «Les mosquées ne sont ouvertes que durant les prières. Le reste du temps, elles sont fermées aux professeurs et théologiens appelés à apprendre à cette «oumma» sa religion.» Il a aussi parlé de l'aisance financière du pays qui, selon lui, ne profite pas aux citoyens, comme il a abordé le fléau de la corruption qui, a-t-il dit, a pris une ampleur inquiétante. Le leader d'El Islah a également évoqué dans son «réquisitoire» les dangers de la mondialisation qui semblent, selon lui, se greffer dans la société et dans tous les domaines. «Les facteurs externes sont présents, en politique, en économie et dans la société avec tous ses qualificatifs conceptuels», a-t-il attesté. A la fin de son «speach», il a lancé un appel aux citoyens intègres pour qu'ils se mobilisent davantage à défendre les «thawabit» face à une invasion qui ne dit pas son nom, avant que l'un des cadres d'El-Islah n'invite l'assistance à évacuer la salle pour permettre aux militants du mouvement d'entamer les travaux de leur réunion régionale à huis clos. Une manière bien singulière pour gagner la sympathie de la population. C'est bien dommage.