Après la saignée du Ramadhan, c'est l'Aïd Le Ramadhan se poursuit, ses dépenses aussi... elles ont juste changé de goût et de couleur! Place aux préparatifs de l'Aïd! Après une première moitié de Ramadhan où les ménages n'avaient d'yeux que pour les ingrédients qui composent leur f'tour, les voilà qui se projettent vers les dépenses de l'Aïd el f'itr, avec, notamment les vêtements et les traditionnels gâteaux. Des milliers de personnes ont prit d'assaut, dès le début de ce second acte du mois sacré, les boutiques du prêt-à-porter! L'engouement est donc là, mais les prix freinent les ardeurs. Les citoyens, déjà saignés à blanc par les commerces de bouche, laisseront leurs dernières plumes chez ces boutiques de vêtements. Il faut compter un minimum de 5 000 DA pour habiller complètement un seul enfant! Pour tempérer un tant soit peu cette saignée, les parents prennent alors le taureau par les cornes en faisant leurs achats 15 jours avant l'Aïd. «Cela afin d'éviter de tomber dans la flambée des prix de l'habillement», témoigne Smaïl, un père de famille qui accompagné de sa femme, faisait du shopping avec leurs deux enfants au niveau du magasin Le Printemps de Mohammadia (Alger). «J'appréhende la traditionnelle flambée des prix durant le Ramadhan, alors j'ai préféré prendre mes précautions à l'avance et ce, avant que l'augmentation des prix ne touche les vêtements», explique-t-il. C'est le même constat amer que fait Hafid. «A voir l'ampleur des dégâts en faisant une comparaison entre les prix actuels et ceux qui seront affichés dans les prochains jours, il y a une différence qui peut atteindre les 600 DA sur un simple pantalon pour enfant», fait-il remarquer en confirmant la flambée des prix.... Pour Toufik, qui est adepte du «système D», ce n'est pas seulement pour éviter la flambée des prix qu'il fait ses courses à l'avance. «Mais c'est pour adapter mon budget», révèle-t-il. «Les vêtements ne sont pas des produits périssables, donc je peux faire mes achats à l'avance, cela me permet d'équilibrer mon budget et je passe le Ramadhan tranquille», poursuit-il en indiquant que cela lui évite également le parcours du combattant pendant les soirées du Ramadhan pour acheter des vêtements. «Ça m'évite le rush des derniers jours, je passe mes soirées tranquillement», avoue Toufik qui était en train de profiter de sa «sahra» en jouant aux cartes avec ses amis. Néanmoins, ce ne sont pas que les boutiques de prêt-à-porter qui sont prises d'assaut! Les vendeurs de fournitures pour la confection de gâteaux connaissent aussi un rush. Le panier de la bonne ménagère se compose désormais de farine, margarine, oeufs, levure, amandes...Les jus, fromages et autre bonne nourriture ne font plus recette. «On prépare les gâteaux de l'Aïd», soutient Malha, une femme au foyer. «Le temps passe très vite, si je ne commence pas à faire mes gâteaux de l'Aïd maintenant, je serai débordée à l'approche de l'Aïd. Donc je prends mes précautions», souligne-t-elle. Cependant, les femmes actives n'ont plus le temps de préparer les gâteaux de l'Aïd à la maison. Elles se donnent donc rendez-vous dans des magasins spécialisés dans la confection de gâteaux traditionnels sur commande. «On est tellement nombreuses à faire confectionner nos gâteaux par des professionnelles, qu'il faut s'y prendre à l'avance...», fait savoir Faïza qui explique que certains de ces «spécialistes» en gâteaux traditionnels demandent qu'on leur fournisse nous même les ingrédients. «Ça revient moins cher, et on est sûr de la qualité», soutient-elle. «J'arrive à peine à préparer le f'tour que je rate parfois, faute de temps. Préparer les gâteaux de l'Aïd, c'est encore pire. L'unique solution est de passer commande de trois ou quatre modèles de gâteaux juste pour marquer cette fête», avoue, pour sa part, Amina, employée dans un bureau d'études privé et maman de deux garçons. Amina nous a fait savoir qu'elle peine à demander une journée à son employeur pour aller acheter des vêtements de l'Aïd pour ses deux petits qui l'attendent chaque soir. Saliha, de son côté, avoue ne pas être un cordon bleu. «Je ne sais tout simplement pas faire de gâteaux», admet-elle timidement en demandant au spécialiste de lui préparer 50 pièces de makrout ellouz, baklawa et aârayèche. Une commande qui lui revient à environ 6000 DA, à raison de 40 DA pièce. Toutes ces femmes étaient alors obligées de réunir le ban et l'arrière-ban de leurs budgets pour payer ce qui peut être un luxe pour d'autres. Bref, le Ramadhan se poursuit, ses dépenses aussi... elles ont juste changé de goût et de couleur!