Le FLN tranche sur le nom de son candidat à la tête de l'APN et le MSP monnaye sa présence au sein de l'alliance. Les deux principales formations de l'alliance stratégique, le vieux parti et le MSP, se livrent une guerre de tranchées pour la présidence de l'APN. Le conflit est ouvert par déclarations interposées. Le FLN, en sa qualité de parti majoritaire, n'est pas prêt de céder un arpent de cet acquis. «Le FLN assurera la présidence de l'Assemblée populaire nationale» a affirmé M.Belkhadem au lendemain de la démission de Karim Younès, le 3 juin dernier. M.Soltani répond à la déclaration du coordonnateur du FLN, dans un entretien accordé à L'Expression, jeudi dernier : «(...) Chaque parti est censé défendre ses intérêts mais dans cette question, c'est l'intérêt du pays qui prime. La présidence de l'APN est un poste stratégique. C'est un poste politique et non partisan.» En effet, l'éventualité de passer outre le parti majoritaire pour désigner le troisième homme du pays a été évoquée au sein de l'alliance. «Au niveau de l'alliance, existe une discution autour de la succession à Karim Younès, nous n'écartons aucune hypothèse», déclare M.Soltani dans le même entretien, affirmant que son parti est en position confortable et prêt à répondre à «l'appel des parties qui décident en Algérie» si on le sollicite. Seule-ment, du côté du vieux parti, la décision est définitivement prise. Si Afif, membre influent du mouvement de redressement du FLN, confirme le nom du candidat au sein de son parti : «C'est Saïdani qui sera le candidat du FLN réunifié même si la question est évoquée au sein de l'alliance.» Mais la démarche du MSP est loin d'être une entreprise perdue. Il monnaie sa présence au sein de l'alliance. Un remaniement ministériel, un mouvement des walis, des chefs de daïra seront des postes auxquels le parti du défunt Nahnah ne sourcille pas. Bouguerra Soltani a clairement affiché ses intentions et n'a laissé aucun doute à se sujet. «Soyez patients et le travail au sein de l'alliance stratégique portera ses fruits au moment voulu», a-t-il conseillé à ses militants. C'est dans cette perspective qu'il tente un coup de force. Une menace tacite fait allusion à des divergences au sein de l'alliance stratégique. M.Soltani a révélé que «des parties internes et externes à l'alliance stratégique veulent déstabiliser la cohérence du groupe».Il s'en remet au président de la République et aux parties qui décident. «Nous ferons confiance au commandant de bord de cette alliance.» Le président du MSP trouve dans la vacance du poste de président de l'APN, une aubaine pour faire monter les enchères et la démission de Karim Younès n'est pas la mal-venue pour ce parti rodé à la pratique d'entrisme. Ou alors, a-t-il compris le véritable jeu du système algérien? Tous les observateurs s'accordent à dire que les forces politiques nationales «sont usées, épuisées au point de paraître en panne».