Le collectif des journalistes et correspondants de presse de la wilaya de Tizi Ouzou ont décidé d'organiser un sit-in de protestation, ce mercredi à 10h, devant le tribunal de cette ville pour exiger la libération de Mohamed Benchicou, le directeur du quotidien Le Matin, et de Hafnaoui Ghoul, correspondant de Djelfa du quotidien arabophone El Djazaïr News. Ainsi, à travers cette action, le collectif des journalistes de Tizi Ouzou, scandalisé par l'emprisonnement de ses deux confrères voudrait exprimer «sa vive indignation» par rapport à cette dérive de la justice et exige «leur libération immédiate et inconditionnelle ainsi que l'annulation de toutes les condamnations pour délit de presse et la cessation du harcèlement judiciaire contre les journalistes et les éditeurs». Dans ce sens, un appel est lancé aux citoyens et à la société civile pour venir en masse, ce mercredi, afin de défendre l'acquis irréversible de l'Algérie post-octobre 1988 qu'est la liberté d'expression. Ainsi, dans une déclaration diffusée hier, ce même collectif considère que «deux mois après les élections présidentielles, Hafnaoui Ghoul est jeté en prison sous l'inculpation de diffamation. Il doit encore répondre de 17 autres chefs d'inculpation inventés par les gros bonnets locaux (...) deux semaines après, c'est Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin, qui est écroué au cours d'une parodie d'audience au tribunal d'El-Harrach où le rôle du juge et celui du ministère public se confondaient de manière flagrante.» Ainsi, pour les journalistes de Tizi Ouzou, la lourde peine à laquelle est condamné Benchicou répond «à l'empressement du pouvoir d'en finir avec un homme, une équipe et un journal très gênants. Il s'agit, personne n'en doute, d'une vengeance à caractère politique promise par le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, dont Le Matin a dévoilé le passé de tortionnaire». Ainsi, ce collectif estime que l'acharnement du pouvoir contre la presse indépendante souligne la volonté de ce même pouvoir «de museler toute la presse et tous les professionnels qui n'obéissent pas à ses injonctions.»