Les circonstances de l'exécution de Paul Marshall rappellent curieusement les méthodes utilisées par les terroristes algériens. La vague de redditions enregistrée au cours des deux derniers mois a amené les groupes terroristes récalcitrants à redoubler de férocité pour donner l'impression qu'ils maîtrisent la situation. En effet, l'attentat sanglant perpétré contre une patrouille de l'ANP, la semaine dernière dans la région de Beni K'sila, wilaya de Béjaïa, faisant onze morts et une dizaine de blessés, dénote de la capacité de nuisance du Gspc. Procédant par effet de surprise, par le biais d'embuscades et d'opérations éclair, les groupes terroristes usent de méthodes propres à tous les groupes terroristes, notamment ceux de Tchétchénie et du Golfe persique. Des méthodes «importées» des camps d'entraînement de Peshawar (Pakistan) et du Panshir (Afghanistan) et que les terroristes algériens mettent en application. Par ailleurs, le dernier communiqué du Gspc, signé par son nouveau chef, Nabil Sahraoui, et dans lequel ce dernier menace de s'en prendre aux étrangers «leurs intérêts en Algérie et leurs installations et infrastructures» fait craindre le pire. Le renforcement, ces derniers jours, des mesures de sécurité à la périphérie des ambassades et des représentations diplomatiques occidentales en Algérie, renseigne sur le danger permanent de la nébuleuse terroriste. Les circonstances de l'exécution, avant-hier, de Paul Marshall Johnson, ressortissant américain résidant en Arabie Saoudite, rappellent curieusement les méthodes utilisées en Algérie par les groupes terroristes au cours de la dernière décennie, car, non seulement les sicaires des GIA et de l'AIS mutilaient leurs victimes, mais allaient jusqu'à les filmer. Des atrocités qui seront ensuite diffusées clandestinement pour venir à bout du moral de la population. Les images choquantes de l'assassinat, il y a quelques jours, en Irak d'un journaliste de la BBC et dont l'attentat a été filmé en direct, fait partie de la stratégie de la terreur adoptée par les groupes islamistes armés. L'objectif des groupes terroristes est clair : il s'agit de saper le moral des ressortissants étrangers dans les pays arabes de sorte à les amener à quitter ces pays. Ils leur reprochent en effet de soutenir les «taghout», à savoir, les régimes arabes en place. La même conception est propre à tous les groupes terroristes, divisés par l'espace mais unis par le même «projet». Profitant du départ des contingents de volontaires vers l'Irak, la Palestine et la Tchétchénie pour combattre aux côtés des musulmans «persécutés» par les «mécréants», des islamistes algériens, après des années d'entraînement en Afghanistan et en Tchétchénie reviennent avec, dans leurs bagages, la mort et la désolation. C'est le cas lors de la première guerre du Golfe, quand l'ex-président de la République Chadli Bendjedid avait ouvert les stades de football et les salles de sport aux islamistes afin qu'ils se préparent au djihad en Irak, et quelques mois plus tard au lancement des opérations armées contre le peuple algérien. Des carnages à grande échelle, revendiqués à partir de certaines capitales arabes et occidentales qui, aujourd'hui, récoltent l'effet boomerang de leur passivité face à la tragédie algérienne. Aussi, ce sont les mêmes «forces» qui, lors de la guerre d'Afghanistan, avaient financé et armé Ben Laden and co pour venir à bout du régime pro-russe, qui subissent, depuis, les attentats d'Addis-Abeba, d'Aden, de Karashi et du 11 septembre 2001, les assauts du terrorisme international, communément imputé à l'organisation Al Qaîda. Le phénomène s'est accentué lors de la deuxième guerre du Golfe, quand des islamistes algériens avaient infiltré les groupes de volontaires en partance vers l'Irak via la Syrie en février 2003 pour rejoindre les groupuscules sunnites. D'ailleurs, l'arrestation, puis l'extradition vers la France, de Said Arif, un Algérien présumé proche du chef d'Al-Qaîda, en l'occurrence Al Zarqaoui, dénote de ces mouvements «migratoires».