La reddition de Bentouati Ali dit Amine, âgé de 33 ans, qui a succédé en 2007 à Harek Zoheïr à la tête de katibat El- Ansar, la plus importante phalange du GSPC, ne pourrait être que le résultat des graves dissensions qui déchirent le GSPC depuis plusieurs mois d'autant plus que cette reddition intervient après l'élimination en trois semaines de plus de 23 terroristes dont deux “émirs”. Qui aurait imaginé que ce terroriste qui a lui-même participé à l'exécution de l'attentat perpétré en septembre 2007 contre la caserne des garde-côtes de Dellys et de Naciria et qui aurait planifié ceux de Cap-Djinet et de Thénia allait se rendre aux forces de sécurité sans raisons apparentes. Cette reddition ne peut, en effet, trouver d'explication que dans le malaise profond qui ronge l'organisation dirigée par Abdelmalek Droukdel car katibat El-Ansar est différente des autres katibate puisque cette phalange implantée notamment dans les maquis de Ali Bounab, de Mizrana, de Dellys en passant par Sidi Daoud et Baghlia et les Issers et dont les activités débordent sur la wilaya de Tizi Ouzou représente à elle seule 40% de l'effectif du GSPC. C'est ce qui explique le malaise profond traversé par le groupe terroriste. Un malaise devenu plus visible les semaines qui ont suivi le carnage des Issers qui a fait pour rappel plus de 50 morts tous des civils. Un attentat de trop qui ne manquera pas de susciter des sentiments de désapprobation même au sein des terroristes, y compris des “émirs” dont certains ne manqueront pas, d'ailleurs, de le faire savoir à Droukdel en s'abstenant à mener d'autres attaques de style GIA. Parmi ces terroristes figurait justement Bentouati Ali, spécialiste dans l'organisation des attentats kamikazes qui tentera, selon nos informations, d'effacer l'attentat des Issers en organisant en septembre 2007 un autre attentat kamikaze à Takdemt à l'entrée de Dellys contre un cantonnement de l'ANP situé loin de zones résidentielles. Mais cette attaque confiée à l'un de ses fidèles, en l'occurrence Messrour Omar, dit Akrama originaire de la ville de Dellys, se terminera par un échec puisque quatre terroristes issus du même quartier que Bentouati et de Messrour seront tués lors de cette attaque manquée, y compris un caméraman du GSPC. Cet attentat tout comme les embuscades menées contre les forces de sécurité n'arriveront pas à faire oublier les images atroces des Issers qui rappellent les années des GIA et que l'ex- GSPC a tenté vainement de justifier par de fausses informations en faisant passer les 12 ouvriers algériens de SNC- Lavalin pour des Canadiens tout comme il s'est efforcé de faire passer les 50 universitaires des Issers pour des gendarmes. Une situation qui pousse de nombreux “émirs” à réviser leur relation avec Droukdel et certains d'entre eux comme Bentouati décident de ne plus suivre la stratégie et le mode opératoire adoptés par l'“émir” du GSPC. Ce qui explique d'ailleurs et en partie l'absence d'attentats kamikazes ces derniers mois et les précautions perceptibles prises par certains groupes terroristes lors de différentes attaques qu'ils ont menées ces derniers temps. Pris de panique et par peur que le cas de Bentouati fasse contagion au sein du groupe terroriste, Droukdel décide de faire des changements au sein des katibate les plus importantes du GSPC. C'est ainsi qu'il décida de remplacer l' “émir” de katibat El-Feth d'El-Oued par un autre “émir” originaire de Jijel. Autre élément qui démontre les graves dissensions au sein du GSPC, l'élimination en un temps record de nombreux terroristes dont la moitié sera abattue grâce à des filatures. Ainsi la mésentente a atteint un degré au point où les différents groupes sont arrivés à se dénoncer aux services de sécurité qui arrivent à éliminer plusieurs d'entre eux. Par ailleurs, Droukdel qui comptait tirer des dividendes de Gaza comme il l'a fait pour la guerre d'Irak en est sorti cette fois-ci bredouille puisqu'aucune nouvelle recrue n'a été enregistrée durant cette guerre. Ainsi, et pour mesurer les conséquences de cette reddition, il y a lieu de préciser que katibat El-Ansar qui regroupe plus de 20 sériate a été dirigée par tous les “émirs” de l'ex-GSPC à commencer par le fondateur Hassen Hattab qui était à la tête de cette katibat à l'époque du GIA. Mais avant lui, cette phalange a été dirigée par Mohamed Arezki dit Houmil de 1991 à 1993 puis par Abdelhamid Saâdaoui dit Abou Haytem de 1993 à 2000. Vint ensuite le sinistre Djamel Kharfouchi dit Lyès de 2000 à 2002, puis elle sera dirigée successivement par Abbas Bou Bakr alias Selmane de 2002 à 2004 par Harek Zoheïr dit Sofiane El-Fassila de 2004 à 2007 et enfin par Bentouati Ali de 2007 à 2009 qui était avant à la tête de la sériat de Dellys. Non seulement cette phalange est importante en effectifs mais elle s'occupe de la réception des armes et de leur acheminement dans plusieurs endroits du pays. Cette katibat abrite également la caisse du GSPC mais aussi les principaux ateliers de fabrication des bombes disséminées dans les monts boisés et difficiles d'accès de Sid Ali Bounab et Mizrana. M. T.