Alors que l'Algérie est à son 12e round de négociation, des voix s'élèvent pour s'opposer à cette démarche. L'adhésion de l'Algérie à l'OMC risque d'être compromise. Vingt-sept ans après avoir entamé le processus, le sujet suscite une véritable polémique ces derniers jours. Alors que l'Algérie est à son 12e round de négociation, des voix s'élèvent pour s'opposer à cette démarche. La dernière sortie du patron de la Centrale syndicale remet sérieusement les choses au point de départ. Abdelmadjid Sidi Saïd a mis en garde contre l'adhésion à l'OMC. Le patron de l'Ugta a ouvert le feu sur le ministre du Commerce et celui de l'Industrie, suite à leurs déclarations sur l'adhésion à l'OMC. Sidi Saïd a même menacé de mener un «front» contre le processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Lui et le PT font de cette question leur cheval de bataille. Intervenant lors de l'université d'été tenue cette semaine par le parti de Louisa Hanoune, Sidi Saïd a exposé les répercussions sur l'économie nationale. «La mise en oeuvre de ce processus 'mettra en jeu l'avenir'' de plus de 7 millions de salariés algériens», a-t-il averti, une déclaration qui donne froid au dos. Les propos de Sidi Saïd ouvrent la parenthèse au débat. L'Algérie doit-elle adhérer ou pas à l'OMC? Les avis sont partagés. Certains responsables et experts estiment qu'il faut faire vite pour adhérer tandis que d'autres restent réticents et plaident pour la temporisation. «L'adhésion à l'OMC est un choix inévitable», estime un ancien responsable du secteur. Selon ce dernier, le président de la République a lui-même jugé que l'adhésion à l'OMC est une porte par laquelle tous les pays doivent passer. Notre interlocuteur explique que le report, à chaque fois, du processus complique davantage la procédure pour l'Algérie qui sera appelée à faire des concessions qui vont en contradiction avec ses intérêts. Pour les partisans de l'adhésion, l'Algérie aura à bénéficier de l'expérience dans le commerce international. D'autres experts estiment le contraire, car l'économie algérienne n'est pas dotée de structures solides pour pouvoir faire face à la concurrence et s'imposer sur le marché international. L'expert Mohammed Bahoul soutient cette thèse. Contacté par nos soins, cet économiste explique que notre économie n'a pas de structures organisées et le niveau de la démographie de nos entreprises est constitué de 80% de très petites entreprises qui activent dans le commerce. En plus, il a relevé les problèmes institutionnels qui empêchent la capacité d'exportation de l'Algérie à se mettre en place. Selon lui, l'adhésion de l'Algérie à l'OMC n'est pas une question d'échéance mais de souveraineté nationale. Un avis partagé par l'expert Abdelmalek Serraï. «Si nous adhérons à l'OMC, nous devrons automatiquement ouvrir le marché à l'international, nous allons, donc être envahis par des produits provenant de l'étranger. Nous ne sommes pas en faveur d'une adhésion rapide parce que nous sommes incapables de produire des produits de qualité qui peuvent s'exporter. À quoi ça sert d'aller à l'OMC puisque nous n'avons rien à exporter», a-t-il martelé dans un entretien accordé à TSA. Il y a lieu de souligner que depuis la déclaration faite par Amara Benyounès lors de la passation de consignes, le sujet de l'OMC occupe de plus en plus l'actualité nationale. Malgré le fait que le ministre du Commerce ait tenté de rectifier le coup en affirmant que c'est une décision politique et que l'adhésion ne se fera pas au détriment des intérêts économiques du pays, la polémique enfle. Le patron de l'Ugta et la secrétaire générale du PT ne vont pas lâcher prise.