L'Union sacrée Les arguments plaidant pour la non-adhésion de l'Algérie à cette organisation ont foisonné. Il était à l'état embryonnaire il y a quelques mois. Il a mûri. Il a pris forme. Le front anti-OMC vient de naître. Ces artisans sont le Parti des travailleurs (PT), l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), et d'autre personnalités à l'image de l'expert international en économie, Abdelmalek Serraï. Hier, lors d'une journée parlementaire sur les accords commerciaux internationaux et régionaux, organisée par le PT en collaboration avec l'Ugta des arguments plaidant pour la non-adhésion de l'Algérie à l'OMC ont foisonné. Sidi Saïd, le secrétaire général de l'Ugta, a établi dans son intervention un lien entre le coût des importations algériennes et le nombre de postes d'emplois sauvegardés grâce à ces factures. Le SG de l'Ugta a avancé des statistiques, dont 50.37 milliards de dollars d'importations globales en 2013, qui ont permis selon lui «le financement et la sauvegarde de 4.5 millions de postes d'emplois aux Occidentaux». Concernant les biens de consommation, la facture s'élève, selon lui, à 9580 milliards de dollars durant la même période, qui a permis «la sauvegarde de 2 millions de postes d'emplois». A cet effet, Sidi Saïd a indiqué «on contribue à la création d'emplois à l'étranger alors qu'ici nos jeunes cherchent du travail». Pour Sidi Saïd le constat est sans équivoque: «On est en train de nous charcuter nous- mêmes, et quand le PT ou l'Ugta en parle, on nous prend pour des fous». Selon lui, en 2013, la facture des importations de l'Algérie réalisée dans le cadre de l'accord avec l'Union européenne (UE) s'élève à 29 milliards de dollars, soit «la sauvegarde de 3 millions de postes d'emplois pour l'UE». Sidi Saïd a martelé «ils passent de la colonisation armée à une colonisation plus intelligente, celle de l'économie». L'impact de l'adhésion à l'OMC serait selon lui un «tsunami pour l'économie nationale». De son côté, la secrétaire générale du PT, Mme Louisa Hanoune a d'emblée annoncé son «opposition absolue à l'intégration de l'Algérie à l'OMC, qui serait un suicide à la japonaise». Elle a souligné sa compréhension de la tactique du président de la République. «Ce que ne nous comprenons pas, c'est le ministre qui souhaite accélérer le processus d'adhésion» s'est-elle interrogée. Mme Hanoune a estimé qu'une «adhésion à l'OMC était synonyme d'entrée dans une spirale infernale». Etalant ses arguments, Mme Hanoune soulignera qu'intégrer l'Organisation mondiale du commerce est synonyme de «confiscation de la souveraineté de la décision sociale et économique et la destruction du contenu social de l'Etat».«L'adhésion à l'OMC est synonyme de la destruction de l'essence même du syndicalisme» a-t-elle martelé. Mme Hanoune a indiqué «on n' est pas obligé d'intégrer l'OMC et partager l'impact de la crise mondiale avec ceux qui en sont responsables». Dans ce sens, Mme Hanoune a appelle à «poursuivre la même politique de souveraineté». Pour sa part, M.Serraï a mis en garde que «l'Algérie perdra 5 milliards de dollars par année si elle venait à intégrer l'OMC» et ce, à travers «les taxes douanières et pétrolières». De son point de vue, M.Serraï juge que «l'Algérie ne possède pas de fortes entreprises pour affronter les firmes internationales». Il a appuyé sa thèse par les 98% d'entreprises qui, selon lui, ne peuvent relever le défi de la concurrence avec des firmes internationales. «On va être les employés des Européens» a-t-il précisé.