Les experts en économie, le secrétaire général de l'UGTA et des cadres du PT ont exprimé, hier, leurs points de vue sur les accords commerciaux internationaux de l'Algérie, lors d'une journée organisée par le groupe parlementaire du Parti des travailleurs à l'APN. Pour ces participants, sans une industrialisation, l'Algérie ne peut pas être en position de force devant ces organisations. Car, la structure actuelle des échanges commerciaux, loin d'être équilibrés, génère des pertes significatives au Trésor public. Un responsable du Centre national de l'information et des statistiques (Cnis) des douanes, a avancé que le Trésor a enregistré un manque à gagner important depuis l'application de ces accords du fait de la levée des tarifs douaniers. Citant l'accord d'association avec l'UE, il a rappelé que le manque à gagner enregistré de 2005 à fin 2013 s'élève à 7,124 milliards de dollars. Ce montant augmentera pour atteindre, selon les estimations des douanes, 18 milliards de dollars à la fin de 2020. « Ces pertes sont dues essentiellement à la croissance du volume des importations de l'Algérie de l'UE qui est passé de 11 à 28 milliards de dollars durant les 8 années de l'application de l'accord », a indiqué le responsable. Sur ce volume, seulement 14 milliards ont bénéficié de l'avantage tarifaire. Les échanges commerciaux dans le cadre de la Gzale n'ont pas également bénéficié à l'économie nationale. Depuis la ratification de l'accord en 2004 à fin 2013, le manque à gagner est passé de 244 millions à 263 millions de dollars. Pour ne pas comptabiliser encore des pertes et rectifier les erreurs surtout que l'Algérie s'apprête à adhérer à l'OMC, l'économiste Seraï a rappelé l'importance de constituer un tissu industriel solide pour pouvoir faire face à la concurrence. L'adhésion à l'OMC entraînera, selon lui, « une perte sèche de 4 à 5 milliards de dollars par an à l'Algérie ». L'expert en économie, Amine Chafir, a expliqué que la théorie du libre-échange n'a jamais été à l'origine du développement d'une nation mais plutôt la démarche protectionniste. Il a informé qu'entre 45 à 60% des échanges se font en intra-firmes. Il n'en fallait pas plus pour le secrétaire général de l'UGTA de se dire convaincu que l'OMC ne gère que ses propres intérêts. « C'est gravissime », a déclaré Sidi-Saïd. Sans cacher son opposition, Sidi-Saïd a souligné que cette question d'adhésion « est devenue l'obsession des uns et des autres mais pas la nôtre ». Il est persuadé que « les véritables patrons de l'OMC ont créé cette institution sur mesure pour se protéger et préserver leurs économies ». « Si nous abordons l'OMC politiquement parlant, nous sommes perdants sur toute la ligne. Sur le plan économique, nous n'existons pas », tranche-t-il. Ce qui l'amène à dire qu'il est impératif que « nous nous prenions en charge en développant notre économie ». Pour y parvenir, il a plaidé pour une solidarité collective nationale. Il a également fait observer la nécessité de tirer les leçons des accords déjà appliqués. Sans vouloir être « critique », Sidi-Saïd veut « alerter » sur les conséquences de ces échanges commerciaux qui constituent, selon lui, « un problème national ». Et d'ajouter que « le colonialisme armé est passé au colonialisme économique et intellectuel ». Il va sans dire également qu'« avant d'aller à l'OMC, il faudra faire d'abord le bilan de l'association avec l'UE ». Pour freiner l'explosion du volume des importations, Sidi-Saïd a estimé important d'établir des normes pour les produits algériens. En se référant à la Banque mondiale qui a fixé le « SMIC international » à 1.000 dollars, le SG de l'UGTA soutient que l'Algérie a contribué à travers ses importations, dont le volume a atteint 55,08 milliards de dollars, selon le bilan des douanes arrêté en mars 2014, « au maintien de 4,5 millions de postes d'emploi à l'étranger ».