Où sont le FFS, le RCD, le FLN, le PST, le RND, le PT et le MPA? Sont-ils en vacances? Serait-ce le Ramadhan? Y a-t-il une classe politique à Béjaïa? Existe-t-il des militants de la démocratie, de la liberté et des droits de l'homme? Autant de questions qui trouvent leur légitimité dans le silence absolu qui a succédé aux actes de violence graves qui ont émaillé la manifestation des non-jeûneurs, samedi dernier, sur l'esplanade de la Maison de la culture Taos Amrouche de Béjaïa. Ces partis politiques et organisations qui nous ont habitués à des réactions face à des événements de moindre importance sont restés silencieux face à des dérapages annonciateurs de pire situation. Au sein de l'opinion, c'est la stupéfaction. On est loin d'exiger un soutien aux non-jeûneurs pour lesquels tout le monde s'accorde à dire qu'ils ont fait dans la provocation, mais l'acte d'agression dont ils ont été victimes et l'interdiction d'animation artistique sur ce lieu public, méritent un mot, une phrase, ne serait-ce que pour dire qu'on est là. Comment se fait-il qu'un parti politique puisse observer «un mutisme» total face à l'agression des militants défendant des positions politiques, quand bien même ils ont provoqué? Comment accepter qu'aucune formation politique n'ait réagi à la confiscation d'un espace de liberté, de tolérance et d'animation?L'esplanade de la Maison de la culture est devenue un espace de prière depuis trois jours. Exception faite du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, le Café littéraire, quelques artistes et citoyens anonymes qui ont réagi par des communiqués et des prises de position sur les réseaux sociaux, les organisations qui nous ont habitués à des manifestations de rue et des colloques et autres séminaires sur les droits de l'homme, se sont distingués par un silence des plus étranges. Si on sait que le MAK réagit parce que l'essentiel des victimes relève de ses rangs, le Café littéraire, lui, a estimé que «la condamnation de cette sauvagerie moyenâgeuse avec des mots est insuffisante pour ne pas dire presqu'inutile», car, avertit-il, «il s'agit là d'un début d'un long cycle de violence zigouillant sous un glaive intégriste toute personne voulant tout simplement vivre librement et sans aucune injonction religieuse dans son propre pays». Les rédacteurs plaident de «rétorquer dignement par une manifestation d'une grande ampleur pour dénoncer d'une voix forte cette humiliante agression publique sur des citoyennes et citoyens dignes». Quant aux partis politiques, il n'y eut aucune réaction. Où sont le FFS, le RCD, le FLN, le PST, le RND, le PT et le MPA? Sont-ils en vacances. Serait-ce le Ramadhan? Il n'est pas facile de trouver une explication à ce «ratage», pour reprendre l'expression de cette artiste qui se voit privée d'un espace sans lequel elle ne pourra pas gagner sa vie. «Que deviendront les centaines de travailleurs qui gagnent leur vie dans le sillage des manifestations culturelles du Ramadhan?», s'est interrogé un facebookeur. Toutes ces inconséquences ne semblent pas émouvoir nos politiques et défenseurs de liberté et des droits de l'homme. Avec tout cela, ces hommes et ces femmes qui s'invitent par intermittence dans la vie politique vont pleurnicher, car leurs manifestations ne mobilisent plus et les citoyens se désintéressent et ne votent plus.