Des milliers de personnes ont marché hier à Paris, malgré l'interdiction, la veille, de la manifestation par la préfecture de police, pour dénoncer l'agression menée depuis jeudi par l'armée israélienne contre la population civile de la bande de Ghaza. Paris De notre bureau A Paris, bravant l'interdiction, les manifestants se sont rassemblés en début d'après-midi devant le métro Barbès-Rochechouart aux cris de «Israël assassin, Hollande complice», «Palestine urgence !», «Contre le mur et l'occupation», «pour le respect du droit international», encerclés par un imposant service de sécurité qui se voulait dissuasif. Des slogans repris par les manifestants dans d'autres villes de l'Hexagone. Des forces de police ont bloqué le boulevard de Magenta mais les manifestants, répondant notamment à l'appel du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), ont pris la direction du boulevard Barbès en direction du périphérique. La manifestation a donné lieu à quelques échauffourées avec la police. Outre celle de Paris, deux autres manifestations ont été interdites à Sarcelles et Nice. Pour justifier l'interdiction de ces manifestations les autorités françaises ont invoqué vendredi des «risques pour l'ordre public». Les organisateurs avaient déposé un référé liberté (recours en urgence) devant la justice administrative, dans l'espoir de pouvoir maintenir la manifestation de Paris.«Nous appelons tout de même, avec les forces politiques, syndicales et associatives attachées au respect des droits démocratiques et révoltées par les crimes commis à Ghaza, à nous rassembler pour protester publiquement», a prévenu le NPA. Lors d'une conférence de presse, ils ont dénoncé une décision «qui s'oppose à une liberté fondamentale». «Je suis scandalisé, c'est une décision politique extrêmement grave de la part d'un gouvernement qui a une attitude raciste et qui devra en payer le prix politique», a réagi Youssef Boussoumah du parti des Indigènes de la République. Six députés socialistes, ainsi que EE-LV, ont protesté contre cette interdiction. «Le seul camp que la France doit choisir est celui de la paix. Aujourd'hui, nous refusons la décision trop hâtive du ministère de l'Intérieur et appelons le gouvernement français à lever rapidement cette interdiction de manifester», ont écrit dans un communiqué les députés PS Alexis Bachelay, Yann Galut, Razzy Hammadi, Mathieu Hanotin, Pascal Cherki et Philippe Doucet. «Si aucun acte antisémite et raciste ne doit être toléré dans notre République, celle-ci doit se donner les moyens de les sanctionner fermement. Mais en aucun cas, elle ne doit remettre en cause une liberté fondamentale, au travers d'une mesure d'exception que nous considérons disproportionnée», déclarent-ils. Sur ce point, ces députés demandent «que la lumière soit faite sur les incidents survenus le 13 juillet dernier en marge de la première manifestation», devant deux synagogues parisiennes. «Alors que l'on peut manifester à Tel-Aviv, à Berlin ou à New York pour dénoncer l'opération militaire israélienne en Palestine, les pouvoirs publics doivent permettre que ce rassemblement puisse avoir lieu dans le calme et le respect des opinions de chacun», souligne EE-LV . «Un traitement judiciaire partial» La Ligue des droits de l'homme (LDH) a elle aussi déploré l'interdiction du rassemblement parisien, qui constitue, selon elle, «une entrave manifeste à une liberté constitutionnelle et un déni de la réalité». «Il ne sert à rien de tenter d'étouffer le sentiment de révolte que provoque l'intervention militaire israélienne contre la population de Ghaza, sauf à vouloir un peu plus accréditer que le gouvernement a fait le choix partisan d'un camp», a-t-elle estimé. «S'en prendre à des lieux de culte et aux croyants est inadmissible et doit être sanctionné», déclare la LDH, tout en estimant que les heurts ayant suivi, dimanche dernier à proximité d'une synagogue, une manifestation propalestinienne ont «fait l'objet d'un traitement judiciaire partial, en ne rendant pas compte du rôle (dans ces incidents) de la Ligue de défense juive», groupe d'activistes radicaux. «La LDH a déjà eu l'occasion de s'étonner du traitement de faveur dont bénéficie cette organisation», ajoute-t-elle dans son communiqué. «La paix civile comme le libre débat démocratique ne peuvent être préservés que si les pouvoirs publics ont une attitude claire et impartiale», conclut la Ligue des droits de l'homme. Pour sa part, l'association France Palestine Solidarité considère, dans un communiqué, qu'«il est temps que cessent ces opérations de terreur contre le peuple palestinien. Nous ne sommes pas devant un conflit symétrique, mais devant des attaques systématiques d'une puissance occupante contre la population qu'elle contrôle et colonise. Population qui n'a, de surcroît, aucun moyen de s'abriter de ces attaques». «Les Palestiniens ont droit à une protection internationale», ajoute l'association et aussi «nous appelons les medias français à prendre leurs distances des informations officielles israéliennes, et à s'intéresser à l'enchaînement des événements, à la nature réelle des attaques israéliennes contre le territoire palestinien à Ghaza et en Cisjordanie, et au sort de la population civile palestinienne qui subit sans défense et sans abri les attaques israéliennes».