Je veux juste être salarié S'il y a une frange de jeunes qui ne trouve pas son compte dans les différents dispositifs mis en place par les pouvoirs publics ces dernières années, c'est incontestablement celle dont l'âge dépasse les 35 années. C'est comme l'histoire des demandeurs de logements sociaux, dont le critère lié au salaire, ne les classe nulle part. Ils n'ont ni le salaire de postuler pour un logement social, ni la possibilité d'accéder à un logement de type Aadl ou LSP. Alors, ils se retrouvent coincés dans une formule que les concepteurs n'ont pas étudié de près. Les jeunes de plus de 35 ans, les diplômés notammente se retrouvent dans presqu'une situation similaire, sauf que ces derniers cherchent plutôt un emploi et non un logement. Ces jeunes se sentent marginalisés par le dispositif CDI (contrat à durée indéterminée), CID (contrat d'insertion des diplômés), CIP (contrat d'insertion professionnelle) et le CFI (contrat de formation-insertion) proposés par l'Anem dans le cadre du Daip (dispositif d'aide à l'insertion professionnelle), réservés aux jeunes âgés entre 18 et 35 ans, lesquels se voient orientés vers d'autres mécanismes d'aide à l'emploi de jeunes, comme la Cnac, l'Ansej et l'Angem. Et lorsqu'on n'est pas forcément entrepreneur, ces dispositifs sont de fait rejetés. Rachid est un chômeur de longue date. Il est âgé de 40 ans. Il se voit privé d'un emploi stable sans trop de responsabilité. Les dispositifs, comme la Cnac, l'Ansej et l'Angem, ne l'intéressent pas, car, dit-il «je ne voudrais pas m'endetter! Je veux juste être salarié». Mais à chaque fois qu'il postule à un emploi, surtout chez le privé, on lui signifie la préférence pour les jeunes chômeurs dans le cadre du Daip, donc ceux qui ont 35 ans et moins. Désabusé, il conclut: «On dirait que les jeunes chômeurs de plus de 35 ans n'ont pas le droit à un emploi décent!» Comme lui, ils sont nombreux ces jeunes à souffrir d'une situation dont ils n'ont jamais voulu et rêvent de voir enfin les pouvoirs publics réviser ce dispositif et annuler la limitation d'âge. En effet, depuis la création de ce dispositif, bon nombre d'employeurs privés «s'arrachent» les jeunes du préemploi, car cela leur permet de rogner sur leurs masses salariales. Il faut cependant reconnaître que les différents dispositifs du soutien à l'emploi de jeunes mis en place par l'Etat, ont soulagé bon nombre d'entre eux, notamment les diplômés, mais ils demeurent précaires du moment que les jeunes recrutés ne sont pas tous assurés de décrocher un emploi stable. La rémunération, controversée du reste, oscille entre 6000 et 15.000 DA/mois. Certes, ces emplois sont précaires et la permanisation de ces jeunes dans leurs postes d'emploi reste tributaire de beaucoup de conditions, dont la ponctualité, la compétence et les besoins exprimés en emploi par les employeurs, mais la durée des contrats de travail n'encourage guère à l'optimisme, puisqu'elle oscille entre 6 mois et 3 ans renouvelables. Cette situation n'est pas sans créer un sentiment d'angoisse chez les jeunes employés, lesquels voient l'avenir incertain. C'est juste de quoi tenir quelque temps et aspirer à un emploi stable. Ce qui explique largement les revendications initiées par intermittence par cette catégorie de jeunes. Des revendications qui attendent toujours des mesures idoines pour une frange de la société qui demeure en fort besoin en ces temps d'incertitude. Alors à quand une juste politique de l'emploi? L'avenir proche nous le dira.