Il va lancer une nouvelle initiative politique non pas à partir de la Suisse, mais bien en Algérie. Les membres du conseil national du Front des forces socialistes, réunis jeudi, en session ordinaire, ont nommé M.Mustapha Bouhadef comme nouveau secrétaire national du parti. Ce dernier revient à la tête du parti pour succéder à M.Djoudi Mammeri dont le mandat a pris fin depuis trois mois. Le parti justifie ce changement par le «respect de l'alternance et des règles démocratiques», en son sein. C'est en tout cas, la lecture que fait Karim Tabou pour expliquer le retour de Bouhadef à la tête de la formation d'Aït Ahmed. Le chargé de l'information insiste sur l'inexistence d'une quelconque «crise interne» . Cela dit Tabou reconnaît un certain désaccord autour de la personne de Djoudi Mammeri, mais tient à souligner que «l'unanimisme est dangereux pour la démocratie». Toutefois, il soutient que le bilan du secrétariat sortant a été jugé «globalement positif d'autant plus que son mandat est intervenu dans une période très difficile sur le plan politique». La composante du nouveau secrétariat national sera connue dans quelques semaines. Elle sera désignée à l'occasion d'un conseil national extraordinaire. Avant cette date, M.Bouhadef devra présenter son programme d'activité tel que stipulé par le règlement intérieur. Le parti procédera ensuite à un audit pour aboutir à la convention nationale du parti, dernier rendez-vous organique avant le 4e congrès. Au-delà de «l'aspect réglementaire» de cette démarche, il est clair que ce changement à la tête du parti obéit, de prime abord, à une stratégie de riposte de la part de M.Aït Ahmed. Le parti qui a connu, de l'avis de certains observateurs, une traversée du désert depuis quelques années, prolongée par la crise en Kabylie, compte passer à la vitesse supérieure. Le choix de M.Mustapha Bouhadef, connu pour son dynamisme politique et son franc-parler, renseigne sur les intentions du plus vieux parti de l'opposition. D'ores et déjà, l'on apprend qu'Aït Ahmed va lancer une nouvelle initiative politique non pas à partir de la Suisse, mais bien en Algérie. Le FFS compte associer des personnalités politiques nationales pour finaliser ce projet. Une démarche qui sera mise en oeuvre à l'occasion du retour de M.Ait Ahmed au pays, chose qui se fera probablement au courant du premier trimestre 2005, qui coïncide avec la tenue du 4e congrès du parti. Dans son message adressé à ses militants, ce dernier explicite cette intention en affirmant qu'il «est temps que toutes les forces autonomes dédiées à la justice sociale et à la démocratie se concertent et se retrouvent». Fidèle à ses positions, Aït Ahmed atteste qu'il «appartient au FFS de jouer un rôle moteur pour l'instauration de la 2e République». Le président du FFS n'a pas ménagé le régime algérien. Très critique envers les «décideurs», il met en garde et avertit : «La masse des Algériens ne sont pas dupes et ne se laissent pas mener par le bout du nez. C'est dans leur chair et leur âme qu'ils vivent les fausse échéances électorales.» L'initiative annoncée vient en réponse, selon une source proche du parti, à la volonté du pouvoir de «verrouiller le champ politique», à travers «l'alliance stratégique». Le FFS a l'intention de saisir aussi les instances internationales et engager une démarche diplomatique, en direction des partenaires de l'Algérie, au sujet des atteintes contre la liberté d'expression et les droits de l'homme en général. Par ailleurs, le conseil national du FFS a souligné «les paradoxes de l'économie algérienne». En dépit du caractère historique des recettes pétrolières, «les Algériens constatent une forme de dégradation sur le plan économique et social» souligne le communiqué du conseil national. L'occasion pour rebondir sur l'enveloppe allouée à la Kabylie dans le cadre du «projet de développement spécial Kabylie». «Les échos qui nous parviennent de la région, à travers notamment les élus locaux, prouvent que contrairement aux discours officiels, jamais la Kabylie n'a bénéficié d'un budget aussi faible.»