Le Conseil de sécurité de l'ONU a brandi vendredi soir la menace de «sanctions ciblées» contre les parties au conflit au Soudan du Sud qui s'obstinent à ne pas respecter les accords conclus. Dans une déclaration unanime, les 15 pays membres du Conseil «exhortent le président Salva Kiir, l'ancien vice-président Riek Machar, et toutes les parties à mettre en oeuvre de toute urgence l'accord de règlement» du 9 mai dernier. Ils «se déclarent prêts à examiner», en concertation avec l'Igad et l'Union africaine, «toutes les mesures, y compris les sanctions ciblées, qu'il faudrait prendre contre ceux dont les agissements menacent la paix, la stabilité et la sécurité au Soudan du Sud, notamment ceux qui font obstacle à l'application des accords en vigueur». Le Conseil presse aussi les deux dirigeants rivaux, Salva Kiir et Riek Machar, «d'honorer l'engagement qu'ils ont pris de créer, le 10 août 2014 au plus tard, un gouvernement provisoire d'unité nationale». La déclaration ne désigne pas les personnes ou entités qui seraient visées par de telles sanctions, ni la nature de ces sanctions (généralement un embargo sur les armes, un gel d'avoirs et une interdiction de voyager). Les Etats-Unis et l'Union européenne ont déjà infligé des sanctions aux chefs militaires de chaque camp et l'organisation est-africaine Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement) a menacé de faire de même. Le Conseil insiste aussi dans sa déclaration sur «la profonde inquiétude que lui inspire l'insécurité alimentaire catastrophique qui règne au Soudan du Sud et qui risque de se traduire bientôt par une véritable famine». Il demande aux pays membres de l'ONU «d'augmenter d'urgence les contributions financières destinées aux opérations humanitaires menées au Soudan du Sud». Il condamne aussi «toutes les attaques contre le personnel et les installations des organisations humanitaires». Cette semaine au moins six travailleurs humanitaires ont été tués dans l'Etat du Haut-Nil, conduisant mercredi à l'évacuation de quelque 200 employés étrangers de l'ONU et d'ONG. Cette déclaration intervient alors qu'une délégation du Conseil de sécurité doit se rendre la semaine prochaine au Soudan du Sud pour y rencontrer notamment MM.Kiir et Machar. L'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power a salué «un message d'unité et de fermeté» de la part du Conseil et a dénoncé «l'incapacité de MM.Kiir et Machar à appliquer l'accord de cessation des hostilités». Le conflit - qui oppose l'armée loyale au président Salva Kiir de la communauté Dinka, à une rébellion des Nuer menée par son ancien vice-président Riek Machar - a chassé de chez eux 1,5 million de Sud-soudanais, fait des milliers, voire des dizaines de milliers de morts, et exacerbé les antagonismes entre les nombreuses ethnies du pays. Des négociations officielles sous l'égide de l'organisation est-africaine Igad (Ethiopie, Kenya, Djibouti, Ouganda) ont repris lundi dernier en Ethiopie mais les chefs des forces belligérantes se sont à peine rencontrés. L'ONG Human Rights Watch vient de publier un rapport où elle recommande que les forces qui s'opposent au Soudan du Sud soient sanctionnées et soumises à un embargo sur les armes.