Tant que le marché du travail demeure dans l'inertie, la Caisse des retraites sera dépourvue de moyens de paiement. Depuis presque deux décennies, la Caisse nationale de retraites est confrontée à de nombreux problèmes pour honorer ses engagements envers sa clientèle. En effet, le principe de fonctionnement d'une caisse de retraite est intimement lié au monde du travail. L'équation est très simple, elle consiste en un rapport entre salariés et retraités, en ce sens, plus le marché d'emploi offre de postes, plus la caisse renfloue son compte. Malheureusement, chez nous, cette équation ne peut trouver toute latitude à cause de la fermeture de nombreuses unités de travail et surtout, du versement de sommes colossales aux ouvriers désirant anticiper leur départ. Selon les statistiques fournies par le ministère du Travail, la législation appliquée aujourd'hui n'a guère arrangé les choses. Pis, elle a accentué la crise. Les difficultés de passage à l'économie de marché continuent de peser sur le système de protection sociale. Vers les années 80, la caisse enregistrait plus de 4 millions d'affiliés. Ce qui sous-entend, une cotisation globale des plus conséquentes. Aujourd'hui, ce monde a été réduit à sa plus simple expression. On ne compte, à ce jour, qu'un million et demi de travailleurs, véritablement cotisants, à cette caisse. Cette perte traduit le désarroi que traverse la Cnas. Ce système reste «en effet marqué, au cours de l'année écoulée, par les difficultés à concilier le principe d'une prise en charge de plus en plus lourde d'une population de plus en plus nombreuse», avec les exigences liées à la gestion des principales caisses. Ces dernières sont confrontées au problème de la réalisation de leur équilibre financier depuis plusieurs années. Il faut ajouter à cela, l'incertitude, à terme, au regard des contraintes structurelles «d'ordre économique et démographique». Ainsi, le système par répartition n'a pu être maintenu que grâce à «l'uniformité du taux des cotisations sociales». Ce taux s'élève à 34,5% mais il est jugé suffisamment élevé et pour ce taux de cotisations, il est difficile d'envisager de nouvelles augmentations sans risque sur la création d'emploi. Dans ce cadre, la préservation du système de répartition sur lequel un consensus «semble s'être dégagé entre les partenaires sociaux», est confrontée à de multiples contraintes et plus particulièrement à la définition de la frontière entre le champ d'intervention du système de Sécurité sociale et celui de l'Etat. Ces différents paramètres d'approche entraînent une certaine dichotomie, en ce sens que le système de Sécurité sociale «qui couvrirait près de 80% de la population est confronté aux problèmes de révision de son champ d'intervention» et surtout à la définition des mécanismes d'action. Toute cette problématique est sous-tendue par des questions dont les plus importantes ont trait à la séparation entre les assurés sociaux (système de Sécurité sociale et les démunis relevant de l'Etat), la liste des médicaments remboursables et les taux applicables, la relation entre le système de Sécurité sociale, le système de santé publique et privée et enfin, l'évaluation du coût réel dans les établissements actuellement financés par le système de forfait. L'idéal dans cette optique est de trouver une solution médiane pour ne pas léser l'affilié à la caisse. Le ministère de tutelle a lancé récemment une réflexion pour la refonte du texte portant «départ anticipé à la retraite». La dette de la Caisse de retraite que l'Etat a contractée, tarde à être remboursée et ce, au détriment de ceux qui ont cotisé durant de longues années. La Caisse de retraites se retrouve devant «un tiroir» vide qu'il est temps de remplir. En définitive, tant que le marché du travail ne décolle pas, les mêmes problèmes subsisteront et mettront toujours la caisse en difficulté.