Les prétendants, Yahia Djouadi et Abou Amar, attendent la réunion de «Ahl el-hal wal'akd», instance suprême de cette organisation terroriste. Même si dans son site Internet, qui donne l'air d'être bien informé des actions commises par ce groupe, le Gspc refuse encore d'admettre l'élimination par l'ANP de tout son état major, à commencer par son émir national Nabil Sahraoui et son prédécesseur à ce poste Hassan Hattab, il n'en demeure pas moins que l'information est désormais des plus confirmées. Ainsi, les milieux au fait de ce genre d'activité s'accordent-ils à spéculer sur une relève qui s'annonce des plus hypothétiques, attendu qu'elle devra se faire à la suite de la réunion de «Ahl el-hal wal'akd» (les gens de solution et de serment, qui se trouve être l'instance suprême de cette organisation terroriste) alors que cette éventualité relève d'une véritable gageure, compte tenu du pressing que ne cessent d'exercer les forces de sécurité sur les poches de maquis encore existants dans certaines régions du pays, l'élimination régulière des éléments encore en activité ainsi que les redditions qui se font de plus en plus nombreuses depuis quelques semaines, et qui sont allées crescendo à la faveur de la décapitation de la direction nationale de la plus importante organisation terroriste encore active dans le pays. Toujours est-il que la rumeur qui circule présentement mentionne deux noms susceptibles de prendre la direction du Gspc. Le premier n'est autre que Yahia Djouadi, membre actif et influent de la «Katibat El-Feth», laquelle écume certains maquis de l'est du pays ainsi que le Sud algérien. Il s'agit, notamment, des redoutables monts des Aurès où des attentats spectaculaires avaient déjà eu lieu, notamment sous la direction d'El-Para, ainsi que la région d'El-Oued. L'homme, que l'on dit proche de Hassan Hattab, Abderrezak El-Para et Mokhtar Belmokhtar, aurait mis toutes les chances de son côté pour qui sait que le plus gros des troupes du Gspc, né d'une scission d'avec le GIA en septembre 1998, se trouve bel et bien dans les régions que contrôle Djouadi. Face à lui, indique-t-on de mêmes sources, il y a le dénommé Abou Amar, émir de l''Ouest algérien. Il serait en cheville avec le peu qui reste du Gspd dont les maquis se trouvent à Aïn-Defla, Chlef et Relizane. En attendant que l'instance citée plus haut se réunisse dans un lieu qu'il est pour le moins impossible de connaître, le groupe donne l'air de ne pas avoir perdu beaucoup de son pouvoir de nuisance. C'est du moins ce qui ressort des sanglants attentats commis durant ces derniers jours et qui se sont soldés par de nombreux morts. Le Gspc, qui a établi une «politique de communication» pour le moins inquiétante, est allé plus loin en revendiquant sur son site Internet l'attentat (qui n'est peut-être qu'un incident technique en attendant les conclusions de l'enquête) qui avait secoué la centrale électrique d'El-Hamma, en plein centre d'Alger. Ce n'est donc pas sans raisons que le communiqué, dont nous avons obtenu copie, parle d'une «opération unique en son genre». Il va jusqu'à la qualifier de «première», ce qui laisse craindre des attentats de même ordre et d'envergure similaire au niveau d'autres infrastructures de la capitale. Notre journal, pour rappel, avait fait état, en exclusivité, de la présence d'éléments du Gspc au niveau d'Alger. Ces «Messieurs Tout-le-Monde», non fichés par la police, très difficiles à reconnaître et à localiser, avaient en outre adopté un cloisonnement rendant très difficile toute entreprise de démantèlement d'envergure de ces nouveaux groupes. Ces derniers, qui avaient pour mission de s'en prendre aux policiers et aux repentis, comme en témoignent les nombreux attentats de ce genre, commis dans la capitale depuis près d'une année, semblent avoir affiné leur organisation, jusqu'à fomenter des attentats à l'explosif au sein d'une structure stratégique, censée être bien surveillée. Il faut dire que ces terroristes, «Sariet El-Bourkane», si l'on en croit le communiqué, ont bénéficié d'une importante baisse de vigilance, due en premier chef, à la disparition quasi totale des grands attentats dans la capitale, depuis celui à la bombe commis en février 2002 à quelque dix mètres de la Grande-Poste d'Alger. Les auteurs du communiqué, afin de prouver qu'ils seraient bel et bien à l'origine de l'attentat d'El-Hamma, qui a occasionné quinze blessés ainsi que des dégâts notables, promettent de diffuser bientôt des photos relatives à leur acte. Quoi qu'il en soit, le risque terroriste demeure certain, comme s'accordent à le dire tous les experts, pour qui même une poignée de personnes, désespérées et coupées de tout, peut encore commettre des actes désespérés et provoquer de nombreux dégâts et pertes en vies humaines. Face à ce fléau, le meilleur des remèdes reste encore la vigilance en attendant de voir sur quoi va déboucher la série de redditions qui est loin d'avoir livré tous ses secrets, tant politiques que sécuritaires.