Succédant à Mokhtar Benmokhtar sur la zone 9, Yahia Djouadi, nommé par Droukdel au mois d'août, serait derrière l'attaque de jeudi dernier contre un poste de l'armée mauritanienne. Etant à l'origine de l'attaque qui a ciblé, en novembre dernier, un avion militaire à l'aéroport de Djanet (Illizi, dans le sud-est algérien), le successeur de Mokhtar Benmokhtar à la tête de la zone 9 (Sahara), Yahia Djouadi, alias Abou Amar, serait aussi «la tête pensante» de l'agression terroriste de jeudi dernier contre une caserne mauritanienne au nord du pays. Bien avant lui, il y avait un certain Abou Messaoud Abdelkader, alias Abou Daoud Mossaâb qu'on disait ex-émir de la zone 9, mais qui, en vérité, n'assurait que l'intérim de Mokhtar Benmokhtar, en attendant une nouvelle nomination. Abou Messaoud Abdelkader, à défaut d'une influence sur le groupe de la zone 9 a dû mettre fin à son court passage au Sahara et a fini par se rendre aux forces de sécurité. Yahia Djoudi vient ainsi ouvrir une autre page tragique qui démarre par l'attaque de Djanet pour arriver à celle de jeudi dernier contre l'armée mauritanienne. Et, s'il existe une corrélation entre cette offensive terroriste et l'assassinat, le 24 décembre dernier, des quatre touristes français à Aleg, à environ 250km à l'est de Nouakchott, Yahia Djouadi, le nouveau bras droit de Abdelmalek Droukdel, dit Abou Mossab Abdelouadoud, au Sahara, serait également partie prenante dans cette sale besogne. Pour le cas de l'attaque de Djanet, en guise de précision, des sources sécuritaires ont mis aussi sur la piste un certain Hamadou Abid, alias Abdelhamid Abou Zaïd, originaire d'El Oued et élément redoutable de l'équipe d'Amara Saïfi alias Abderezak El Para. Mais les premiers éléments de l'enquête des services de sécurité algériens attestaient de la crédibilité de la piste de Yahia Djouadi. Le Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), qui a revendiqué l'attentat, a précisé aussi que son commanditaire était le nouvel «émir» du Sahara, Yahia Djouadi. Connu sous le nom de Abou Amar, Yahia Djouadi a été installé en août dernier par Droukdel et active dans la zone frontalière entre la Mauritanie, le Mali et l'Algérie. D'où les fortes possibilités qu'il soit aussi derrière l'assassinat des touristes français, une piste qui n'a pas été encore confirmée par les enquêteurs. Son prédécesseur, Mokhtar Benmokhtar, ex-émir de la zone 9 du Gspc était, lui-aussi, le pilote de l'attaque de Lemgheity, le 4 juin 2005, qui a fait 18 morts parmi les soldats de l'armée mauritanienne. Ce qu'il n'hésitera pas à confirmer par la suite dans une interview publiée dans le n°7 de la revue du Gspc Al-Jamaâ. Appelé donc, il y a peine quatre mois déjà, à prendre les commandes de la zone 9, le redoutable Yahia Djouadi a dû, en quelque sorte, donner un gage de crédibilité auprès de son maître Abdelmalek Droukdel. L'attaque contre l'aéroport de Djanet, peut-être aussi l'agression contre la caserne militaire de l'armée mauritanienne et l'assassinat des touristes français, en attendant la confirmation de son implication, représenteraient, au yeux du chef de la katibat Tarik Ibn Ziad au Sahara, la «meilleure» caution de fidélité à offrir à son «émir national». Avant sa nomination en août à la tête de la zone 9, Yahia Djouadi a été «conseiller militaire» et proche collaborateur de Abdelmalek Droukdel. A en croire certaines de nos sources, très au fait de la situation sécuritaire, Yahia Abou Amar, sous les ordres de son chef Droukdel, avait déjà mené une embuscade contre des unités de l'ANP (Armée nationale populaire) dans la zone II (Kabylie). Pour ainsi dire, la carrière sanguinaire de Yahia Abou Amar a commencé dans le proche entourage de Abdelmalek Droukdel pour atteindre, par la suite, les pistes si risquées de la bande sahélo-saharienne. Son déplacement au Sahara est venu en réponse à la crise que connaissait le Gspc en matière d'armes et d'explosifs. En d'autres termes, Yahia Djouadi était chargé aussi par Droukdel de tisser des liens avec les trafiquants d'armes qui se positionnent dans les pays sahéliens. L'objectif était donc d'alimenter les maquis en armes et en explosifs pour répondre à la nouvelle stratégie du Gspc, désormais Al Qaîda aux pays du Maghreb islamique qui consistait à privilégier les attentats suicides et à la voiture piégée. Ainsi, il est donc probable que le nouvel «émir» de la zone 9 soit en contact direct avec les trafiquants d'armes au Sahel. L'attaque de novembre dernier contre l'aéroport de Djanet n'a fait que confirmer aux services de sécurité une connexion sûre et solide entre les membres du Gspc et les réseaux de trafic d'armes et de drogue. Cette alliance serait à l'origine également de l'agression terroriste de jeudi dernier, au nord de la Mauritanie, contre un cantonnement de l'armée. Aussi, tous les chemins semblent mener à Yahia Djouadi, alias Abou Amar, chef de la zone 9 (émir de la katibat Tariq Ibn Ziad).