Ces tirs et ces frappes sont les premiers actes de guerre depuis la nuit du 13 au 14 août, quand les deux belligérants s'étaient livré à une brève démonstration de force. Les hostilités menaçaient de repartir hier dans la bande de Ghaza après la reprise des tirs de roquettes palestiniennes et des frappes israéliennes, au moment même où les deux belligérants négociaient la prolongation d'un cessez-le-feu. Mais le cessez-le-feu instauré le 11 août avait globalement été respecté depuis cette date. On ignore dans un premier temps si les tirs et les raids d'hier représentent un accès de fièvre temporaire ou s'ils annoncent une reprise dans toute leur intensité de combats qui ont tué plus de 2.000 Palestiniens et près de 70 Israéliens depuis le 8 juillet. Trois roquettes tirées de Ghaza ont visé le sud d'Israël dans l'après-midi et sont tombées dans des zones non-habitées près de Beersheva, à une quarantaine de kilomètres de Ghaza, a indiqué l'armée israélienne. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a aussitôt ordonné à l'armée de riposter et «de frapper les cibles terroristes à Ghaza», a dit un responsable. Aussitôt, l'armée a frappé dans les environs de Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Ghaza, selon les témoins et les forces de sécurité palestiniens. Aucune victime n'a été rapportée dans un premier temps de part et d'autre. Simultanément, Israël a fait rentrer ses délégués au Caire qui tentaient de s'entendre avec les Palestiniens par l'entremise des Egyptiens sur la transformation du cessez-le-feu en trêve durable. Lundi soir, les deux camps s'étaient accordés in extremis, à la demande des Egyptiens, pour prolonger de 24 heures jusqu'à hier minuit la trêve en cours. Leurs discussions avaient repris hier avant les tirs des roquettes. L'enclave côtière palestinienne, où des dizaines de milliers de maisons ont été écrasées sous les bombes et où des milliers de familles survivent désormais dans des conditions extrêmement précaires, retient son souffle à chaque nouvelle expiration d'une trêve. Les armes ont recommencé à parler alors que rien n'indiquait que les discussions du Caire puissent produire non plus une pause limitée, mais une trêve durable entre des parties aux exigences apparemment inconciliables. Les Palestiniens -représentés au Caire par une délégation comptant des responsables du Hamas, du Jihad islamique et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) - ont affirmé maintes fois qu'ils ne signeraient aucun accord qui ne prévoirait pas une levée du blocus israélien de Ghaza. Les Israéliens font eux de la démilitarisation de l'enclave une condition sine qua non. Une proposition soumise par l'Egypte préconise un accord sur les points les moins sensibles. La clé de cet accord reposerait sur un point: la gestion de la sécurité et des futures discussions serait confiée à l'Autorité palestinienne, derrière laquelle le Hamas - qui a pris le contrôle de Gaza en 2007 par la force - s'effacerait. Israël affirme régulièrement ne vouloir discuter qu'avec l'Autorité palestinienne. Son président, Mahmoud Abbas, doit rencontrer aujourd'hui à Doha l'émir du Qatar, grand allié du Hamas, et Khaled Mechaal, le chef en exil du Hamas. Des sujets aussi épineux que l'ouverture d'un port et d'un aéroport, à laquelle les Israéliens sont opposés, ou la restitution des corps de deux soldats israéliens morts en échange de la libération de détenus palestiniens, seraient, eux, remis à dans un mois. Une source palestinienne proche des négociations a affirmé que «les négociations avaient échoué lundi soir parce que les Israéliens avaient refusé d'inclure le port et l'aéroport dans l'accord». Israël «joue la montre», a accusé le porte-parole du Hamas Sami Abou Zouhri, affirmant que «le Hamas est prêt à faire face à toutes les possibilités», tandis que Daoud Chihab, porte-parole du Jihad islamique, a prévenu que «l'intransigeance israélienne force les Palestiniens et la résistance'' à faire valoir leur droit à se défendre».