img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P140826-06.jpg" alt=""Ce n'est plus du football!"" / L'Expression: Une première réaction, après la mort tragique du joueur camerounais Albert Ebossé? Mahieddine Meftah: Sincèrement, ce qui vient de se produire au stade du 1er Novembre de Tizi Ouzou, où j'ai connu et vécu assez souvent des moments très forts avec la JS Kabylie, m'a vraiment fait très mal. A votre époque, avant d'opter pour l'USM Alger, vous imaginiez-vous qu'un tel drame pouvait se produire un jour? A notre époque, il est vrai que les supporters de la JSK étaient très exigeants avec nous, d'autant plus que nous jouions souvent les premiers rôles, que ce soit en championnat, ou dans les compétitions africaines. Mais depuis quelques saisons, l'atmosphère générale, s'est beaucoup dégradée dans nos stades. Mais de là à penser un jour qu'un joueur étranger, et de surcroît qui portait les prestigieuses couleurs de la JS Kabylie, soit pris pour cible par un individu de la sorte, et qui plus est, serait semble-t-il vraisemblablement un supporter kabyle, c'est franchement la pire des choses qui pouvait se produire. Et pourtant, cela est bien la triste et terrible réalité qui vient de se produire, samedi dernier. Comment expliquez-vous ce drame aujourd'hui? Tout simplement, parce que certains soi-disant supporters, n'acceptent jamais la défaite, et viennent souvent au stade avec l'idée de tout se permettre. Ce type d'individus n'existait pas avant, car la JS Kabylie ne permettait à personne de ternir son image. Aujourd'hui, même les supporters de beaucoup d'équipes du championnat, ont malheureusement changé de comportement. Rares sont les supporters qui acceptent avec sportivité et fair-play la défaite de leur équipe, notamment quand elle perd chez elle. Pourtant, perdre une rencontre de football fait partie du jeu. Voilà où le bât blesse sérieusement aujourd'hui, au niveau de beaucoup de nos stades. D'ailleurs, pour un oui ou pour un non, un match dégénère souvent très vite, que ce soit sur le terrain ou dans les gradins. Pourquoi selon-vous? Il y a aussi bien d'autres raisons n'est-ce pas? Certainement. La violence qui sévit actuellement dans nos stades n'est nullement une fatalité, mais plutôt souvent liée à des comportements qui n'ont plus rien à voir avec l'éducation, encore moins avec le moindre respect. Quand vous voyez autour de vous des dirigeants de clubs donner parfois le mauvais exemple dans un stade de football, et dont certains font souvent des déclarations, sans réfléchir aux conséquences de leurs propos, comment voulez-vous que notre football national soit aujourd'hui? En d'autres termes plus clairs? Ce n'est plus du tout du football! C'est quoi alors aujourd'hui? Quand il y a mort d'un joueur, après un match, on ne peut plus avoir le droit de parler de football. C'est impossible. Franchement, est-ce que la vie d'un footballeur ne vaut rien à ce point? Le malheur a voulu que ce soit un joueur Camerounais qui soit victime d'un acte que je qualifie de terrorisme, et d'une lâcheté totale qui n'honore point le peuple algérien. Depuis quand les Algériens agissent de la sorte? Depuis qu'ils sont souvent livrés à eux-mêmes, et croient que tout leur est permis aujourd'hui, même donner la mort dans un stade de football. Rappelez-vous ce qui s'est passé il y a deux ans au stade de Saïda, où le joueur Abdelkader Laïfaoui a vu la mort en face de lui. Vous croyez que c'est normal que des individus pénètrent dans un stade armés de couteaux, avec l'idée en tête de faire couler le sang? Si ce n'est pas du terrorisme, c'est quoi alors? Oui, notre société est malade, et beaucoup de nos jeunes n'ont presque plus de repères. Mais en aucun cas, un match de football ne doit sortir de son cadre. Comment voyez-vous tout cela dans les jours à venir? Exactement comme toutes les personnes qui connaissent les vraies valeurs du football, et qui espèrent vivement que ce merveilleux sport qui m'a souvent procuré tant de joie dans ma vie de footballeur, retrouve au plus vite son véritable cadre. Le foot n'a jamais été synonyme de haine et de guerre, encore moins un facteur de division entre les Algériens. De mon temps, partout où j'ai joué un match de football, même dans les endroits les plus reculés de l'Afrique, jamais au grand jamais, un joueur a failli y laisser sa vie. Des JSK-USMA, j'en ai joués beaucoup, que ce soit avec les Canaris, ou bien avec les Rouge et Noir. Mais chaque fois, c'était avant tout le respect qui caractérisait souvent ce classique du championnat. Peut-être un dernier mot en guise de conclusion? Tout d'abord, je présente mes plus sincères condoléances à la famille Ebossé, dont j'imagine aujourd'hui la très profonde douleur, et l'immense tristesse. Je suis aussi très peiné de voir mon club de coeur en subir aujourd'hui les conséquences, car la JSK ne méritait pas un tel sort. A travers ce crime odieux, je sais que beaucoup d'Algériens sont vraiment sous le choc, et beaucoup d'entre eux ne se reconnaissent pas dans ce qui vient de se passer samedi dernier, et qui risque de pénaliser fortement tous les efforts consentis pour donner une nouvelle dimension à notre football. Enfin, je pense sincèrement que tout le monde sans exception, prendra conscience du danger qui menace sérieusement notre football national.