L'Occident, dont la responsabilité dans le chaos et l'anarchie qui marquent la Libye est totalement engagée, à pointé du doigt, lundi dernier, les Emirats arabes unis (EAU) dénoncés comme auteur des frappes aériennes contre des sites islamistes dans la capitale libyenne. Authentifiant l'information du New York Times, deux responsables américains ont indiqué que «les Emirats arabes unis ont mené ces raids». Que ces frappes aient eut lieu avec ou sans la caution des Etats-Unis - qui fournissent l'essentiel de l'armement émirati - n'a pas d'importance à ce stade. Ce qu'il faut relever en revanche, est le fait que les «petits Etats» monarchiques prennent désormais de plus en plus d'initiatives dans les affaires diplomatiques et sécuritaires de la région lesquelles, d'une manière ou d'une autre, engagent ledit Monde arabe. Ainsi, après le minuscule Qatar, ce sont les Emirats qui font l'événement - bien sûr, leur intervention en Libye reste à démontrer et à confirmer, d'autant plus que l'Occident, spécialiste dans la désinformation, n'en est pas à une manipulation près - se donnant le rôle de redresseur de préjudices. On peut supposer que les Emirats, qui ont en dépôt un arsenal militaire extravagant, ont sans doute voulu le tester. D'autant que cet armement qui a coûté des milliards de dollars ne peut être utilisé contre l'ennemi déclaré de la nation arabe, Israël. Cela n'explique pas toutefois la montée des Emirats au créneau, jusqu'à intervenir hors de leurs frontières même s'ils mènent, au plan national, une chasse effrénée aux Frères musulmans. A contrario, selon les médias internationaux, le Qatar a «retiré» de Syrie des centaines de jihadistes pour les envoyer combattre en Libye. Sans doute! Il n'en reste pas moins, cependant, que la montée en puissance de ces Etats lilliputiens du Golfe montre à quel degré de dégradation est arrivé ledit «Monde arabe» et singulièrement ses «grands» Etats à l'instar de l'Egypte, de l'Irak ou la Syrie réduits aux rôles minima dans les affaires de leur région. C'est encore plus vrai pour l'Egypte, discréditée par son accord de paix avec Israël. Cette donne géopolitique moyen-orientale laissa le champ libre à un Qatar qui imposa - du moins du temps de Cheikh Hamed bin Khalifa Al-Thani et de son Premier ministre, le sulfureux et mégalomane Hamad Ben Jassem Ben Jaber Al Thani - à la Ligue arabe et à ses 21 membres l'exclusion de la Syrie - l'un des fondateurs du groupe régional arabe - pour être remplacée par des rebelles qui ont mis à feu et à sang le pays du Cham (à la fin de juillet, la guerre en Syrie a fait au moins 190.000 morts, selon l'ONU). On peut toujours s'étonner de cette sortie du «rang» de petits pays comme les Emirats et le Qatar que rien ne prédisposait à jouer le rôle de «puissances» régionales. Il est vrai que ces deux pays croulent sous des milliards de dollars dont ils ne savent que faire, stockant des arsenaux d'armes sophistiquées dont ils n'en ont pas l'emploi. Ce qu'il faut relever, en revanche, est que depuis 1991, le «United States Central Command ou CentCom (commandement central des Etats-Unis pour le Moyen-Orient)» siège au Qatar. C'est du Qatar qu'eut lieu l'invasion de l'Irak. C'est aussi de la base «Prince Sultan» en Arabie Saoudite que des missiles américains ont frappé l'Irak. Depuis 2003 et à partir de 2007, les Etats-Unis avaient mis au point une nouvelle stratégie devant, selon Washington, permettre l'accession aux «affaires» aux islamistes modérés dans les pays arabes. Islamistes «modérés»? C'est une vue de l'esprit. Ce sont en fait des idéologies qui sont prêtes à composer, voire à réclamer la coopération et la protection de l'Occident. L'Arabie Saoudite et le Qatar en sont l'exemple type. On peut dès lors en déduire que l'avènement du Qatar comme «puissance» régionale - dont le soutien et le financement aux jihadistes qui combattent le régime syrien depuis 2011, ne sont pas un secret - entre de plain-pied avec la politique américaine de sous-traitance de leurs projets moyen-orientaux par des pays qui dépendent, militairement et politiquement, des Etats-Unis. L'Arabie Saoudite en est un, qui soutient en Syrie une frange jihadiste, qui constitue la base dudit «Etat islamique» (EI) qui sème la terreur dans ce pays et en Irak. D'ailleurs, tous les analystes ont noté les curieux moyens financiers, immenses, dont disposerait «EI». Ainsi, le Qatar, les Emirats, l'Arabie Saoudite, des royautés absolues, ont mis hors jeu les grands Etats arabes traditionnels, quand ces pays ne sont pas les jouets de ces Etats lilliputiens qui font le jeu de puissances qui ne veulent pas d'un Monde arabe et libre et démocratique ayant son mot à dire dans les affaires du monde. Or, ledit Monde arabe marginalisé, n'a même plus droit de cité dans ses propres affaires. Triste!