le ministre de la Communication propose, ni plus ni moins, de tourner la page du 8 avril. Le ministre de la Communication a rencontré hier au Centre international de presse, la famille de la presse privée et publique algérienne. D'em-blée, Boudjemaâ Haïchour tente de placer sa démarche dans le cadre de la réconciliation nationale et souhaite, à ce titre, dans une allocution d'ouverture de la «séance de travail» l'établissement de «relations harmonisées» entre le pouvoir et la presse privée. Reconnaissant que son initiative «intervient dans un contexte exceptionnel» pour la famille de la presse, allusion aux incarcérations de trois confrères, le ministre de la Communication en a profité pour avouer que «le journaliste n'est pas seul responsable de la crise entre la presse et le pouvoir». Cela dit, cela n'empêche pas le membre du gouvernement d'assumer pleinement les décisions de justice prises à l'encontre de Hafnaoui, Benchicou et Benaoum. «des journalistes se sont retrouvés devant les tribunaux pour diverses raisons», mais pas forcément pour avoir «usé de liberté d'expression», lance-t-il, en prenant à témoin les présents sur ce qui s'écrit quotidiennement dans les journaux algériens, sans que cela fasse l'objet de réaction de la part du pouvoir. Et au ministre d'orienter son propos sur le degré de professionnalisme de la presse nationale après 14 ans de pluralité médiatique. Il préconise, dans le cadre de la réconciliation nationale, un saut qualitatif en codifiant le secteur à travers des textes de lois sur l'exercice de la profession, de la publicité et de la déontologie. Une démarche que le ministre souhaite concertée avec les principaux concernés. Aussi, prône-t-il, dans les semaines à venir, la mise sur pied d'ateliers mixtes gouvernement-presse pour éluder toutes ces questions et parvenir à des textes de lois qui fassent l'unanimité auprès des différents acteurs du secteur de l'information. Au plan politique, Haïchour propose, ni plus ni moins, que de tourner la page du 8 avril et de construire les relations pouvoir-presse sur de nouvelles bases. Un appel, par ailleurs, apprécié par les directeurs de journaux présents à la réunion. Ils n'ont pas manqué de saluer la volonté d'apaisement affichée par le ministre, mais ont tout de même exprimé leurs doutes quant à ce que cette volonté soit une donne partagée en haut lieu. Les représentants de journaux ont tous abordé le climat de tension qui caractérise les rapports du pouvoir avec la presse et ont tous soulevé la question de l'emprisonnement du directeur du Matin et du correspondant du quotidien El-Djazaïr News à Djefla. Pour les responsables de publications, ce sont là autant de faits qui contredisent les propos tenus par le ministre. Lequel a longuement répondu aux préoccupations des hommes et femmes de la presse en mettant systématiquement en avant le désir du pouvoir de trouver un terrain d'entente avec les professionnels des médias, mais dans le cadre des principes et des lois de la République. C'est en substance le message qu'a voulu délivrer hier le premier responsable du secteur, en relevant notamment le fait que Benchicou et Ghoul n'ont pas été victimes de harcèlement du pouvoir, mais ont été jugés par une justice à laquelle tout citoyen est soumis. «Le journaliste n'est pas un supercitoyen», a-t-il lancé en guise de réponse aux critiques de l'assistance. Cela dit, le ministre de la Communication s'emmêle quelque peu les pinceaux dans l'affaire Benchicou. En effet, tout en rejetant «l'alibi politique» concernant l'incarcération du directeur du Matin, il n'en a pas moins assez longuement disserté sur les écrits de Benchicou, les qualifiant d'excessifs par moments. Cependant, Haïchour qui préconise de laisser la justice faire son travail, rappelle le droit de Benchicou de faire appel et confie : «Les choses iront dans le bon sens» concernant cette affaire. Un message? Le proche avenir nous le dira.