Près de la moitié des filles de 15 à 19 ans dans le monde (environ 126 millions) pensent qu'il est parfois justifié qu'un mari ou un partenaire frappe ou batte sa femme. Environ 120 millions de filles de moins de 20 ans, soit une sur dix dans le monde, ont subi des violences sexuelles, tandis qu'une victime d'homicide sur cinq était un enfant en 2012, dénonce l'Unicef dans un rapport. Intitulé «Cachée sous nos yeux», ce rapport dresse un sombre tableau des violences subies par les enfants de 190 pays en s'appuyant sur «la plus importante collecte de données jamais effectuée» sur le sujet, selon l'Unicef. Si 120 millions de jeunes filles sont victimes de violences sexuelles dans le monde, les plus exposées à ces violences se trouvent en Afrique subsaharienne. Parmi les adolescentes mariées, âgées de 15 à 19 ans, une sur trois a été victime de violences émotionnelles, physiques ou sexuelles perpétrées par son mari ou un partenaire. Cette forme de sévices est plus répandue en République démocratique du Congo et en Guinée équatoriale que dans le reste du monde. Autre conclusion du rapport, près de la moitié des filles âgées de 15 à 19 ans dans le monde (environ 126 millions) pensent qu'il est parfois justifié qu'un mari ou un partenaire frappe ou batte sa femme. Cette proportion est plus importante chez les femmes que chez les hommes dans les pays qui possèdent des données sur les deux sexes. Les garçons, bien que moins exposés aux violences sexuelles, «sont également en position de risque», rappelle l'Unicef, qui précise ne pas disposer d'estimation mondiale à «cause de l'absence de données comparables dans la plupart des pays». Comme pour les violences sexuelles, les homicides touchent les enfants de manière inégale selon les régions du monde. Sur les 95.000 enfants victimes d'homicides en 2012, la grande majorité (85.000) vivait dans des pays à faible revenu ou intermédiaire. Le rapport cite en particulier l'Amérique latine et les Caraïbes, avec 25.400 homicides recensés, ainsi que l'Afrique de l'Ouest et centrale (23.400) et l'Afrique de l'Est et australe (15.000). Les homicides sont les principales causes de décès chez les garçons et les adolescents âgés de 10 à 19 ans dans sept pays d'Amérique latine. C'est au Nigeria que les homicides d'enfants ont été les plus nombreux, avec 13.000 décès recensés en 2012. Les Etats-Unis comptent le plus grand nombre d'homicides chez les moins de 20 ans, parmi les pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord. Le rapport souligne, également, la prévalence des violences subies au domicile familial: six enfants sur 10 âgés de 2 à 14 ans (soit près d'un milliard) subissent des châtiments corporels infligés par les personnes qui s'occupent d'eux. Mais ces données ne représentent qu'une «estimation minimale du problème», prévient l'Unicef, car elles ne proviennent que de personnes ayant accepté de s'exprimer. En début du mois d'août, l'organisation non gouvernementale, Amnesty International (AI) a sévèrement critiqué l'Algérie à propos d'une faille qui persiste encore dans la loi. Elle a appelé à l'abolition des articles de loi permettant une telle faille. A ce propos, AI écrit sur son site Internet qu' «en Algérie, la loi permet aux violeurs d'éviter la prison en épousant leur victime - si elle est âgée de moins de 18 ans». Toujours selon la même ONG, «les organisations de défense des droits des femmes et Amnesty International réclamaient depuis longtemps un tel changement. Cependant, les principes discriminatoires qui sous-tendent la loi, au titre desquels, par exemple, la sanction en cas de viol sera plus ou moins sévère selon si la victime était vierge ou non, présentent de graves déficiences et doivent disparaître». Dans un appel publié sous forme d'une pétition à signer et à envoyer aux autorités algériennes, AI écrit «modifiez les lois néfastes et discriminatoires en abolissant l'article 326 du Code pénal algérien». Il est à noter que les mêmes critiques ont été adressées par AI. Par ailleurs, un texte de loi relatif au renforcement de la lutte contre la violence à l'égard des femmes «comblera» les vides juridiques. Le projet de loi amendant le Code pénal pour le renforcement de la lutte contre la violence à l'égard des femmes devra permettre de combler les vides juridiques dans la perspective d'assurer une protection globale à la femme contre toutes formes de violence, a souligné, la semaine dernière à Alger, Nafissa Lahrach, présidente de l'association Femmes en communication. Le texte de loi examiné en Conseil des ministres «permettra de combler tous les vides juridiques existants en vue d'assurer une protection globale contre toutes formes de violences à l'égard des femmes», a précisé Mme Lahrach. «Le Parlement doit oeuvrer à atteindre tous les objectifs escomptés de ce projet de loi lors de sa présentation pour examen et vote», a souligné la même responsable, souhaitant que ce «projet de loi puisse réellement réduire les crimes de violence commis contre les femmes, notamment les coups et blessures et le viol». Pour Mme Lahrach, le texte de loi est «conforme aux chartes et conventions internationales adoptées par l'Algérie en matière de protection de la femme contre toutes formes de violences» et comprend les «revendications des associations activant dans le domaine de protection des droits de la femme et de la condition de la femme en Algérie». Aux autorités tunisiennes et marocaines dans le même appel.