img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P140906-04.jpg" alt=""L'altitude va handicaper les Verts"" / Une fois de plus, l'actuel ministre en charge du sport algérien, a bien voulu nous accorder l'entretien suivant et qui intervient au lendemain du tragique décès du footballeur camerounais, Albert Ebossé, défunt sociétaire de la JS Kabylie, et suite auquel plusieurs mesures d'urgence entrant dans le cadre de la lutte contre la violence dans nos stades de football, viennent d'être prises au plus haut niveau de l'Etat. Un face-à-face à bâtons rompus, qui a aussi permis au Dr Tahmi d'aborder avec nous, sans détours, et chiffres à l'appui, l'ensemble des efforts fournis par son secteur, sans omettre de souligner avec force, le contexte social et économique dans lequel le sport algérien et notamment le football, tentent tant bien que mal de sortir des sentiers battus. Il évoque également le match amical que doivent livrer les camarades de Slimani cet après-midi. Appréciez-plutôt! L'Expression: M.le ministre, le début de cette nouvelle saison sportive a malheureusement été marqué dans le stade de Tizi Ouzou par la mort tragique du joueur Albert Ebossé et prouve de manière incontestable que la violence au sein de notre football devra désormais faire l'objet de véritables mesures, notamment par les pouvoirs publics dans un premier temps. Mohamed Tahmi: Je pense que je me suis exprimé en des termes très clairs, au sujet de la tragique disparition du footballeur Albert Ebossé. Il est effectivement inconcevable, et surtout inacceptable qu'un joueur perde la vie de la sorte. Cela devait, en tout cas, se produire un jour ou l'autre. N'est-ce pas aussi que ce dernier drame nous pendait au nez depuis plusieurs saisons? Malheureusement oui, et à qui vous le dites aujourd'hui! Toutefois, ce n'est pas seulement notre football qui véhicule toute cette violence, car malheureusement, d'autres secteurs comme par exemple, l'école, et aussi les universités, ont été investies par ce phénomène, de plus en plus présent partout dans notre société. Cela justifie-t-il donc la mort tragique du joueur Ebossé? Pas du tout! Bien au contraire, j'ai fortement condamné un tel acte qui n'honore nullement son auteur, et suite auquel, je pense très sincèrement, que tout le monde sans exception doit réellement prendre conscience et qu'il est temps qu'un tel drame ne doit plus se reproduire dans un stade de football. Votre secteur, ainsi que celui de la communication, ont été chargés au terme du dernier Conseil ministériel de prendre plusieurs initiatives pour que ces deux secteurs s'impliquent davantage dans la lutte contre la violence dans les stades. Cette mission est-elle réellement en adéquation avec les nombreuses tâches qu'assume aujourd'hui le MS? En tant que ministre, membre du gouvernement actuel, il est de mon devoir de me conformer aux dernières directives prises récemment au plus haut niveau de l'Etat. La lutte contre la violence dans le football, et même ailleurs, est l'affaire de tous. Certes, le MS n'a pas le devoir de punir, encore moins de prendre des sanctions contre les fauteurs de troubles car il existe d'autres secteurs de l'Etat pour le faire. De plus, le ministère des Sports ne peut en aucun cas se substituer à la FAF, encore moins aux Ligue en charge du championnat professionnel 1 et 2. Par contre, le secteur dont j'ai la charge depuis deux ans, s'impliquera désormais dans l'organisation des rencontres internationales, comme celle qui va se dérouler le 10 septembre prochain au stade Tchaker de Blida. Maintenant, dans l'immédiat, la Commission nationale en charge de la lutte contre la violence dans les stades, se réunira le 9 de ce mois au niveau du ministère des Sports afin de finaliser très vite trois points qui devront être appliqués dès la reprise du championnat. C'est-à-dire? En plus de la loi prévue en la matière et qui existe, il est vraiment temps d'appliquer cette fois dans toute sa rigueur, et surtout sans aucune complaisance ni favoritisme, ou toute forme d'indulgence, tous les clubs de football sont tenus de signer au plus vite une convention avec les responsables des stades dans lesquels ils ont pour habitude d'évoluer. De la sorte, le jour du match, toutes les parties concernées directement par l'organisation d'une rencontre de football, sauront à l'avenir à quel responsable en charge de l'important aspect d'ordre sécuritaire, ils devront s'adresser. C'est le moyen de définir les responsabilités des uns et des autres, notamment en cas d'incidents dans les stades. Il faut impérativement mettre un terme à ce type de laisser-aller. Et l'opération de mise en place des caméras de surveillance? Le MS a décidé de doter, d'ici la fin de la nouvelle saison, tous les stades de football des Ligues 1 et 2, et qui sont actuellement homologués par la Ligue en charge du championnat professionnel. Nous allons donc voir après étude de ce projet qui requiert une forte charge financière, installer progressivement cet outil de surveillance que la Dgsn utilise déjà un peu partout en dehors des stades. Mais il faut bien se mettre en tête que l'installation de caméras de surveillance ne rime nullement avec l'éradication de la violence dans les stades. C'est un outil qui permettra avant tout de faciliter grandement l'identification des fauteurs de troubles ou bien les supporters qui commettront des actes contraire à la loi et l'ordre public. Je vous le répète encore une fois le MS n'a pas pour vocation de financer tous ces clubs des ligues 1 et 2 qui sont tous en principe devenus aujourd'hui des sociétés par action, à caractère Epic. Il n'en demeure pas moins que dans le cadre de la lutte de la violence, notre secteur fera en sorte que l'ensemble des clubs professionnels évoluent à l'avenir dans des stades où la sécurité doit devenir palpable. Il est vrai qu'en matière de structures sportives, et pas seulement les différents Opow qui dépendent directement du MS, votre secteur est actuellement constamment sur la brèche, n'est ce pas? Vous savez, quand vous avez pour mission majeure de finaliser pas moins de 2800 projets et dont j'espère 90% sont actuellement en cours de finalisation d'ici à 2016, vous imaginez bien combien la tâche à laquelle nous sommes tenus nous tient à coeur aujourd'hui. Vous savez pourquoi nous sommes actuellement souvent sur la brèche en la matière? Tout simplement parce que nous avons retenu un nombre important de projets et qui font aujourd'hui l'objet de retard dans leur réalisation et que nous avons fait l'erreur de vouloir concrétiser toutes les fois dans le cadre des derniers plans quinquennaux. En matière de rénovation de stades de football répartis actuellement à travers le pays, nous avons pu rénover plus d'une centaine et nous espérons en faire de même avec le même nombre d'ici peu. D'ailleurs, actuellement le secteur sportif national est aujourd'hui un véritable chantier en devenir. Justement, à quand des stades de football reviendront de droit à tous ces clubs dont les cahiers des charge sont actuellement totalement en inadéquation avec la réalité du terrain? Tous ces clubs auxquels vous faites allusion doivent désormais se prendre en charge, notamment en exploitant à l'avenir toutes les formes d'autofinancement, prévu par la réglementation en la matière. Et tous ces présidents de clubs savent parfaitement de quoi je parle aujourd'hui. Lorsque tout le monde appliquera à la lettre le cahier des charges en question, on réalisera un grand pas, notamment dans la lutte contre la violence dans nos stades de football. Toutefois, il faut que les mentalités qui caractérisent aujourd'hui notre sport roi national changent, et surtout évoluent dans le bon sens. Que les politiques cessent aussi d'interférer dans le football, et que l'on mette fin une fois pour toutes au favoritisme, et autres faveurs par peur de la réaction de la rue. Si un stade de football ne peut pas accueillir un match, il faut tout simplement agir sans faiblesse, ni accepter aucune forme de pression. Je fais surtout allusion à certains stades de la capitale qui posent aujourd'hui un sérieux problème de capacités d'accueil et qui sont souvent source de violence, le jour du match. Vous avez pris le soin de recevoir tous ces présidents qui semblent dépassés par la réalité dans laquelle fonctionne notre sport roi national. Non, pas du tout! Il y a bien le président de la Fédération algérienne de football pour le faire et qui est parfaitement indiqué pour cela. Certes, la porte de mon bureau est toujours ouverte à toutes les personnes susceptibles d'être porteuses de projets qui méritent toute notre attention. A titre d'exemple, je viens de recevoir le président de l'ES Sétif qui fournit actuellement de sérieux efforts pour faire fructifier à bon escient son club, notamment le centre de formation de l'Entente. Mais pas question de donner le moindre ballon, ni moins encore de l'argent à aucun président de club du championnat professionnel. Le secteur dont j'ai la charge ne peut pas s'attribuer d'autres prérogatives, que celles où il fait de son mieux pour assurer de manière légale, et totalement conforme à la nouvelle loi sur le sport. En dehors du football qui vous tient à coeur comme beaucoup d'Algériens et qui continue de cultiver beaucoup de paradoxes, d'autres disciplines sportives battent de l'aile actuellement. Effectivement, des disciplines comme par exemple le judo ou bien l'athlétisme, n'ont pas été à la hauteur des moyens mis à leur disposition en récoltant des résultats non conformes à nos espérances. En plus de ces disciplines olympiques avec lesquelles nous travaillons en étroite collaboration, le handball et la natation ont connu quelques turbulences d'ordre interne, devenues malheureusement habituelles au niveau de leurs bureaux respectifs élus. Heureusement que le comité olympique a ramené le calme au sein de la Fahb, d'autant plus que cette discipline qui a brillamment remporté la CAN 2014, a de fortes chances de passer le second tour du Mondial 2015, prévu dans quelques mois au Qatar. Il n'empêche qu'une discipline comme la boxe continue de se distinguer au niveau continental et même mondial. Et concernant les JO 2016? Il est acquis d'avance que seuls les athlètes en mesure d'être véritablement au niveau mondial seront présents au Brésil. Mais je pense que d'ici les JO 2020, notre actuelle élite pourra être présente en force. Du moins, je l'espère fortement pour le sport algérien qui doit s'investir complètement dans les jeunes catégories, toutes Fédérations sportives confondues. Toutes ces Fédérations élues démocratiquement, doivent impérativement s'assumer sans que le MS se sente obligé d'intervenir dans des conflits d'ordre interne, et qui pénalisent souvent nos jeunes athlètes en devenir. Il faut que certains responsables, que ce soit au niveau d'une fédération ou bien d'une Ligue, fassent preuve de maturité. C'est aujourd'hui, par exemple, le cas de notre Equipe nationale de football? Sans aucun doute. L'EN et son nouveau staff doivent aujourd'hui servir d'exemple. Cette sélection nationale qui vient de se distinguer de fort belle manière au Mondial 2014, et qui a forcé le respect de tous au Brésil, peut encore nous procurer d'autres satisfactions. C'est maintenant au tour des autres sélections des catégories jeunes d'en faire autant, à l'avenir. Mais que pensez-vous de ce premier match des éliminatoires de la CAN 2015 que s'apprêtent à livrer les Verts en Ethiopie? Tout le monde sait très bien que cette première sortie des Verts, post-Mondial, ne s'annonce nullement facile en Ethiopie où le facteur altitude devra constituer un handicap pour les joueurs de l'EN. Mais comme cette équipe est devenue difficile à battre, et aussi très tenace et solidaire, et surtout fait preuve aujourd'hui de beaucoup de maestria, j'ai de bons espoirs pour cette rencontre que Raouraoua et ses actuels collaborateurs ont préparée dans les moindres détails depuis plusieurs mois déjà. Peut-être un dernier mot pour conclure? Il est franchement temps de mettre fin à toutes ces mentalités rétrogrades qui empêchent souvent notre sport roi national de se prendre réellement en charge. Au risque de se répéter, ce n'est pas aujourd'hui que l'Etat risque de faire marche arrière, encore moins de baisser les bras devant un phénomène face auquel la loi est très claire en la matière. Qu'on arrête surtout de prendre des mesures d'ordre conjoncturel, le temps de ramener le calme, et sans lendemain. Enfin, il ne suffit pas d'avoir en possession toute une longue liste de recommandations qui se sont toutes avérées à ce jour, lettre morte. Désormais, il y va sérieusement du crédit de notre football national.