Le nouveau Premier ministre irakien, Haidar al-Abadi, menait hier d'ultimes tractations avant de présenter son équipe au Parlement Une importante étape politique pourrait être franchie à l'occasion de la réunion, en fin de journée hier, du Parlement soumis à de fortes pressions pour approuver l'équipe du Premier ministre désigné Haïdar Abadi. D'ultimes tractations se tenaient hier en Irak pour la formation d'un nouveau gouvernement appelé à représenter toutes les communautés, deux jours avant la présentation du «plan d'action» de Barack Obama pour lutter contre les jihadistes de l'Etat islamique (EI). Une importante étape politique pourrait être franchie à l'occasion de la réunion, en fin de journée hier, du Parlement, soumis à de fortes pressions pour approuver l'équipe du Premier ministre désigné Haïdar Abadi. Son prédécesseur Nouri al-Maliki, au pouvoir depuis 2006, avait été accusé par ses détracteurs d'avoir contribué à la montée en force de l'EI, en menant une politique autoritaire excluant la minorité sunnite dans un pays majoritairement chiite. M.Abadi, désigné le 11 août par le président Fouad Massoum, avait annoncé samedi sur son compte Twitter que la formation du gouvernement était à son «stade final». La liste doit être soumise au Parlement en soirée. «Je m'attends à des changements jusqu'à la dernière minute», a indiqué Samira al-Moussawi, une députée de la coalition de l'Etat de droit de M.Maliki. Elle a fait état de «divergences sur (...) des postes tels que ceux des vice-Premiers ministres ou ceux de ministères clé, comme la Défense ou l'Intérieur». La communauté internationale attend beaucoup du nouveau gouvernement, qui aura la lourde tâche d'enrayer les avancées des jihadistes qui se sont emparés depuis début juin de larges pans du territoires, au nord de Baghdad en mettant en déroute les forces de l'ordre complètement dépassées. Pour aider l'armée fédérale et les forces kurdes à regagner le terrain perdu, les Etats-Unis ont lancé début août des raids contre des positions de l'Etat islamique (EI) dans le nord du pays, leur reprenant notamment le barrage de Mossoul, le plus grand du pays. Mais c'est véritablement la décapitation par l'EI des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff enlevés en Syrie, pays où le groupe est également très actif, qui a alarmé la communauté internationale et l'a poussée, Etats-Unis en tête, à envisager une coalition face à l'EI. Le président américain a annoncé dimanche qu'il présenterait aujourd'hui un «plan d'action» contre l'EI, qui ne comprendra pas l'envoi de troupes au sol. En fin de semaine lors du sommet de l'Otan au Pays de Galles, Barack Obama avait pu rallier de nombreux pays occidentaux et la Turquie à son projet. Les pays de la Ligue arabe se sont aussi accordés dimanche à «prendre les mesures nécessaires pour affronter les groupes terroristes», dont l'EI, «au plan politique, idéologique et sécuritaire». Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est attendu dans les prochains jours au Moyen-Orient pour sonder les partenaires régionaux des Etats-Unis. Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel était lui attendu hier à Ankara, pour une visite qui devrait être centrée sur l'EI. Sur le terrain, au moins 18 personnes ont été tuées et plus de 50 blessées hier dans un double attentat suicide et des affrontements lorsque des hommes armés ont lancé un assaut contre Dhoulouiya, à 90 km au nord de Baghdad. Certaines sources ont affirmé que l'assaut, repoussé selon un officier de police, était mené par l'EI qui tente depuis des semaines de prendre le contrôle de cette localité. Les avions de combat américains ont étendu ce week-end leur zone de frappes pour la première fois dans la province à majorité sunnite d'Al-Anbar (ouest), contrôlée partiellement par l'EI. Mettant à profit ces raids, les forces irakiennes appuyées par des tribus sunnites ont lancé une vaste offensive dans la région de Haditha contre l'EI qui menace un barrage vital. Alors que l'EI contrôle aussi de larges secteurs en Syrie voisine, la question d'une éventuelle intervention étrangère dans ce pays reste en suspens car les Occidentaux excluent pour le moment toute coopération avec Damas.