Un sportif au long cours C'est un authentique patrimoine du football algérien qui vient de nous quitter avant-hier, à l'âge de 94 ans. Celui que tout le monde sans exception appelait communément Aâmi Smaïn, vouait une passion sans limite au ballon rond et surtout pour le doyen des clubs algériens, en l'occurrence l'ancestral MCA. Peut-être que le nom de Smaïn Khabatou n'évoque rien de particulier pour les jeunes d'aujourd'hui, mais celui qui avait offert à l'Algérie du foot en 1976 son premier titre africain des clubs champions, sous les couleurs du Mouloudia d'Alger, était en réalité un véritable monument du football algérien. Tous ceux qui ont eu le grand privilège de côtoyer de près cet homme qui respirait le football sont légion et vouaient tous un très profond respect à celui qui a de son vivant, forcé admiration et fierté partout où il est passé. Malgré une silhouette qui ne payait pas de mine, le défunt Smaïn Khabatou portait en lui cette voix rauque que beaucoup de joueurs, notamment ceux du Mouloudia, craignaient vraiment. Certes, Aâmi Smaïn n'était pas plus haut que trois pommes, mais il en imposait bigrement grâce à sa connaissance du football. Smaïn Khabatou symbolisait à lui seul toute une science du ballon rond et, surtout une école qui avait permis à l'Algérie post-indépendance, de poser ses premiers jalons, avant de connaître par la suite, ses premières consécrations d'après- guerre coloniale. Celui qui avait été le tout premier entraîneur algérien à obtenir avec brio son diplôme en 1948, dans la ville française de Reims, a surtout brillé de mille feux avec le MCA, durant les années 1960-1970. Adepte du football offensif et surtout bien léché, grâce auquel toute une génération de joueurs a souvent crevé l'écran sous les couleurs du Mouloudia, Smaïn Khabatou et le football représentaient tout un état d'esprit, malheureusement complètement révolu aujourd'hui. Celui qui vibrait souvent pour le MCA, avec lequel il a longtemps écumé la plupart des stades de football algériens, avait été aussi l'un des premiers sélectionneurs de l'EN, avec laquelle il avait battu en janvier 1963 au stade du 20-Août 1955 (ex-les Anassers), la très grande RFA de l'époque, sur le score de 2 à 0. Un match mémorable qui s'était joué à cette époque sous la pluie et sur un terrain en tuf, celui-là même sur lequel Smaïn Khabatou avait entamé sa carrière de footballeur à 15 ans, sous les couleurs du Stade algérien de Belcourt, avant d'opter pour le MCA. Le défunt Aâmi Smaïl portera aussi par la suite en 1951, les couleurs de l'USM Blida. En tant qu'entraîneur, il dirigera plusieurs équipes du Centre, en l'occurrence l'OM Ruisseau, et le WA Boufarik. Mais, c'est surtout sous les couleurs du Mouloudia d'Alger que Smaïn Khabatou s'est avéré comme le véritable artisan du grand succès du Doyen en 1976, et que drivait à l'époque Hamid Zouba. Smaïn Khabatou et aussi Abdelkader Drif, avaient grandement contribué à la belle époque au cours de laquelle le Mouloudia d'Alger avait longtemps marqué de son empreinte le football algérien, avant la mise en place de la réforme sportive, et suite à laquelle le MCA était passé sous tutelle de la Sonatrach. Mais jamais le défunt Aâmi Smaïl que nous avons tant de fois rencontré de son vivant, semblait «rassasié» de football, encore moins de son Mouloudia à cause duquel il lui arrivait parfois de pleurer. Celui qui avait l'oeil vif et le verbe bien «algérois», nous laisse aujourd'hui combien de souvenirs et d'anecdotes au plus profond de notre mémoire, et que beaucoup d'anciens joueurs du Mouloudia ne vont pas manquer d'évoquer, pour ne jamais oublier celui qui prenait un sincère plaisir à «chanter» parfois en public le Mouloudia d'Alger, et qui avait fini avec le temps, par se retirer du football d'aujourd'hui, avant de nous quitter à son tour. Adieu Aâmi Smaïn! Tu faisais incontestablement partie de ces hommes authentiques, partis avant toi et qui respiraient le vrai football que l'Algérie du foot a toujours évoqués, et souvent cités avec beaucoup de fierté. Tu rejoins à ton tour le défunt Ali Doudou, celui-là même que tu avais aligné un jour face à la grande Allemagne des années 1960. Mais ton nom et celui du Mouloudia sont indissociables pour l'éternité. C'est un véritable autre pan de l'histoire du football algérien qui vient de nous quitter.