Les querelles internes au Mouloudia ne datent pas d'hier. À chaque fois, certains, qui se prêchent pour être les légitimes héritiers du vieux club algérois, sortent d'en personne ne sait d'où pour réclamer les clés du MCA. D'abord, il faut savoir que l'histoire de ce club a toujours été remplie de retournements de situation et d'affaires pas du tout clairs. En 1989, avec l'avènement de la nouvelle loi sur le sport et le désistement de l'Etat des clubs, seul le MCA est resté sous la coupe d'une compagnie nationale (Sonatrach) jusqu'en 2001 alors que tous les autres sont passés du statut d'ASP (association sportive de performance) au statut de CSA (club sportif amateur). Flash-back sur une histoire de guéguerre qui mine le quotidien du doyen des clubs algériens. 1994, l'idée de l'indépendance a germé C'était le 11 juillet 2001, un protocole d'accord entre l'association El-Mouloudia et la Sontrach a été signé à la villa d'hôte de la société pétrolière et visé par le ministère de la jeunesse et des sports (représenté à l'époque par Djaâfar Yefsah) pour la rétrocession de la section football aux dirigeants civils, après l'accord donné par le comité exécutif de Sonatrach trois jours auparavant et l'accord de son conseil d'administration, soit le 8 juillet. Le protocole officialise le transfert de la section football à El-Mouloudia pour une gestion autonome, le financement par Sonatrach durant deux ans sur la base d'un montant affecté. Après deux ans, l'éventualité d'un sponsoring pourrait être envisagée (c'est ce qui est de mise jusqu'à ce jour). Mais il faut revenir à 1994, lorsque les membres du dernier conseil d'administration du MC Alger, issus de l'élection de 1974, étant interpellés par le défunt Braham Derriche, ont pris l'initiative de créer une association dont l'objectif final est de récupérer le club, son sigle, ses couleurs, son histoire. En juin 1995, une cellule de réflexion est mise en place présidée par Smaïl Khabatou et composée de Drif, Marif, Bachi, Dr Messaoudi, Si Chaïb, Bachta, Khiar et Boukerou. L'AG constitutive a eu lieu au restaurant Bois-des-Cars, le 10 novembre 1995, et a adopté ses statuts. Un comité directeur est élu présidé par Rachid Marif. La suite est comme suit : la wilaya d'Alger délivre l'autorisation 1 047 pour la création de l'association des anciens sociétaires du Mouloudia club d'Alger, le 2 février 1997. Entre-temps, les contacts avec Sonatrach ont été entrepris et les négociations avaient débuté le 16 juin 1996 avec l'ASP présidée par Mohamed Djouad. Après deux jours de débats (les 12 et 13 juillet 1997), l'ASP MCA adhère au contenu du protocole d'accord présenté par El-Mouloudia. Malgré l'accord, l'association naît par césarienne Le 14 juillet, l'ASP demande le changement de l'intitulé du document par le titre “plate-forme” au lieu de protocole d'accord. Les choses traîneront jusqu'en mai 1999 où l'association El-Mouloudia rencontre le chef du cabinet du ministre de l'énergie et des mines. Une entrevue qui débouchera, le 11 juin 2000, sur la signature d'un document intitulé : “Enoncé des principes généraux”. Le 24 juin, une conférence de presse est animée par Marif et Hassani, secrétaire général de Sonatrach, pour informer l'opinion de ce rapprochement. Il est décidé d'installer la section football à la rue Hamani (ex-rue Charras) et présidée par M'hamed Mekireche. Le 26 août 2000, ce dernier démissionne et il est remplacé par Chaâbane Louanès. Le document est par la suite dénoncé par l'ASP MCA et la section football réintègre la Sonatrach. El-Mouloudia revient à la charge le 24 juin 2001 après une rencontre avec le ministre Chakib Khelil. Quelques jours après, soit le 11 juillet, le protocole d'accord de rétrocession de la section football est signé par le défunt Mustapha Katrandji, côté El-Mouloudia, et Hassani, secrétaire général de la Sonatrach. La section football venait de prendre la forme civile De 2001 à 2009 : un itinéraire plus qu'atypique, catastrophique à la limite du suicidaire qui menace sérieusement aujourd'hui les fondements de ce que c'était le MCA. La plupart des présidents qui ont pris les rênes du club durant cette période n'ont pas été au bout de leur mandat. Mustapha Katrandji, après quatre mois de présidence décède (que Dieu ait son âme) et laisse sa place à Mohamed Messaoudi qui terminera la saison 2001/2002 avec une relégation en seconde division. Le Dr Messaoudi devait être destitué après sa bourde à Batna (il a sommé l'équipe de quitter le terrain, ce qui lui a coûté la défalcation d'un point qui lui sera fatal), mais une réunion sous la présidence de Marif en août 2002 au stade du 5-juillet remettra en scelle le docteur qui assurera le retour, une saison après, en nationale une. Les évènements se succèdent et en juin 2004, la première assemblée générale de l'association, qui s'est déroulée à l'hôtel Sheraton Club-des-Pins, tourne au pugilat. Le Dr Messaoudi se voit obligé de réunir tout son monde autour de son AGO de nouveau à l'hôtel Le Mouflon d'Or de Ben Aknoun, au cours de laquelle les bilans sont adoptés (ce seront les derniers d'ailleurs) avant l'assemblée générale élective qui se tiendra quelques jours après au stade d'El-Biar. Le Dr Messaoudi est plébiscité et déclare dans la foulée que Rachid Marif est président d'honneur. Mais le toubib n'ira pas au bout de son mandat puisqu'il a été destitué le 24 octobre 2006 par la Djsl après que ses deux bilans des saisons 2004/2005 et 2005/2006 eurent été rejetés par le commissaire aux comptes de l'époque, Ouanis. 2007, bienfaiteurs et directoire prennent les rênes Viendra alors le temps du transitoire avec la désignation du fameux directoire et ses “bienfaiteurs” qui géreront la saison 2006/2007 avec à sa tête Omar Katrandji jusqu'à juillet 2007 et l'assemblée générale extraordinaire. Cette dernière procède à des changements des statuts avec l'introduction d'élément sportif au niveau de l'association El-Mouloudia, mais dans la foulée le principe de la SSPA (société sportive par action) a été rejeté par les membres de l'AG. Après une AG ordinaire bien mouvementée et sous haute surveillance, on est passé à l'AG élective qui foire une première fois suite à un désordre indescriptible. Pour la seconde, Sid-Ahmed Kercouche l'emporte d'une voix (49 contre 48) face à Ahmed Gaceb. On croyait que le MCA venait de s'en sortir. Oh que non, puisque le règne de Kercouche ne durera pas plus de quelques mois. En effet, après une élimination scandaleuse, qui n'a toujours pas livré tous ces secrets, contre El-Ouenza, celui-ci démissionne de son poste avant que Marif n'intervienne et destitue le comité directeur. Il sera remplacé par une équipe provisoire présidée par Hamid Zedek qui devait organiser une AGE en avril 2008. Mais le comité directeur poursuit sa mission jusqu'à la fin de la saison, histoire de ne pas perturber le club qui jouait sa survie parmi l'élite. Marif par-ci, Marif par-là En juin 2008, et à l'issue d'un tour de passe-passe savamment manigancé par Marif et Djouad, on procède au changement de la composante de l'assemblée générale d'avant 1974 où plusieurs membres (dont Drif) seront purement exclus et d'autres “arrivistes” introduits, la nouvelle ère du MCA sonna. Les nouveaux membres de l'AG passe à l'AG constitutive et le MCA reprend le sigle en faisant fi de la réglementation et en marginalisant l'association El-Mouloudia qui depuis crie au scandale et a entamé une action en justice. Le club étant géré depuis 1977 par Sonatrach à la suite des dispositions prises dans le cadre de la réforme sportive mise en application la même année. Sonatrach avait récupéré six sections sportives en 1977 : en plus du football, il y avait la boxe, le handball, l'athlétisme, le basket-ball et le karaté. Naîtront huit autres disciplines sous le règne de Sonatrach qui deviendront le réservoir de l'élite sportive nationale et les pourvoyeurs à 80% (mis à part le foot) des sélections nationales. Le MCA perdra tout cela sans que personne ne se soucie. Car l'important pour ceux qui ne regardent que le bout du nez, c'est de reprendre le football, un sport malade, mais qui dispose de gros enjeux. Amrous, six mois après et on recommence. Dans la foulée de la mascarade de juin 2008, Sadek Amrous, seul candidat à la présidence du CSA MCA, fut plébiscité et devient le président du MCA. 36 voix sur 37 ont voté pour lui. L'histoire retiendra qu'une seule voix avait voté contre et tout le monde se demande qui c'est. Une affaire qui restera énigmatique. Mais le pouvoir de l'enfant de Bordj Menaïel commence à recevoir des secousses. Ceux qui l'ont propulsé à la tête du vieux club algérois ne lui font plus confiance. Ils viennent de lancer une action pour sa destitution. Les membres du bon bureau directeur sont en train de récolter les signatures des 2/3 des membres de l'AG pour provoquer une assemblée générale afin de placer un autre à la tête du club. De ce fait, on est en train de vivre un autre épisode de l'histoire controversée MCA, qui s'apparente aux interminables feuilletons mexicains. Il faut savoir qu'à ce rythme, l'un des plus prestigieux clubs d'Algérie se dirige vers la disparition. Avec les directives de la Fifa, qui exige la professionnalisation des clubs avant 2015, le MCA ne pourra pas s'en sortir. L'avenir du Mouloudia est loin d'être rose. Le bout du tunnel est loin d'être perceptible. M. A.