La vie dans les quartiers périphériques est devenue insoutenable. En une dizaine d'années, Constantine a été exposée à une expansion anarchique. La troisième ville du pays, ou du moins ce qu'il en reste, vole carrément en éclats sous les coups de boutoir des «nouveaux parvenus» qui se donnent à fond et dans l'impunité la plus totale dans «la guerre des poches urbaines». En une décennie, durant laquelle la lutte antiterroriste était la priorité des priorités, la ville d'Ibn Badis et ses environs a été complètement défigurée. Elle a été livrée à l'incivisme, à un point que le gigantesque chantier de restauration du vieux bâti s'est avéré, en fin de compte, insuffisant pour assurer à la cité un lifting plus ou moins réussi. La vie dans les quartiers périphériques est devenue insoutenable. Pénurie d'eau, amoncellement des ordures ménagères, routes défoncées et immeubles décrépis. C'est en deux mots le quotidien des Constantinois qui n'hésitent plus à qualifer leur ville, où survit près d'un million de personnes, de grand douar. Ne comprenant pas ce qui leur arrive, les citoyens dénoncent la passivité des autorités locales et des élus. Au rythme de cette décadence, il est tout à fait clair que même les efforts fournis par le CRI, une association dont l'objectif est de contribuer à redorer le blason de la ville de Constantine, n'aboutiront pas à de résultats probants. Commerces illicites, gargotes improvisées où l'hygiène est le dernier souci, chiens et chats errants, égouts à ciel ouvert. C'est hélas l'image qu'offre aujourd'hui Constantine qui «sélectionne» maladies et épidémies chroniques, telles que la gale ou la typhoïde, particulièrement en saison estivale. Malgré la vaste campagne d'information, d'éducation et de communication, lancée par le ministère de la Santé, pour réduire l'impact des maladies liées à la saison estivale, rien ne bouge réellement à Constantine. D'aucuns se rappellent l'été 2001 où des dizaines de citoyens à Aïn Abid ont été intoxiqués par des eaux polluées. En 2002, plusieurs cas de typhoïde ont été recensés, toujours à cause de l'eau impropre à la consommation. En 2004, il est regrettable de constater quelques cas de rage, vu le nombre effarant de chiens errants. La gale, maladie de la misère par excellence, revient chaque année pour rappeler aux Constantinois qu'ils ne sont pas encore sortis des années moyenâgeuses. La conjonctivite a fait ravage, l'année dernière. Des milliers de personnes ont été atteintes par le virus. Des cas sont malheureusement signalés cette saison dans la région est.